Ça partait d’une… Non, en fait, je ne sais pas de quel type d’intention ça partait, je suis un peu confuse. Je m’explique : Snickers dévoilait il y a quelques jours une nouvelle publicité un peu troublante, ayant demandé, on n’en doute pas, des heures de brainstorming intense à leurs commerciaux. Je vous laisse regarder, et on en reparle après.
http://youtu.be/0gjsoSY18kg
Voilà qui commence tranquillement, avec des ouvriers qui n’ont apparemment pas grand-chose d’autre à faire sur leur chantier que d’interpeller des femmes dans la rue. Des « membres du public qui ne se doutent de rien », comme le souligne le descriptif de Snickers sous la vidéo ? Oui, oh, ne nous prenez pas pour des jambons : des femmes. Enfin, bon.
Première impression : on dirait qu’ils cherchent à s’attaquer au harcèlement de rue… Selon ce qu’ils en font, ça peut être bien, non ?
C’était oublier les premières phrases de la publicité : « Que se passe-t-il quand des ouvriers ne sont pas eux-mêmes ? ». Parce que quand on commence à écouter ce que ces joyeux lurons crient à ces dames, on lève un sourcil déconcerté : « Hey chérie, passe une bonne journée ! », « J’aimerais te montrer le respect que tu mérites ! », « Cette couleur te va vraiment bien ! », « Tu veux entendre quelque chose de sale ? « Sexisme » ! »… et autres petits discours que Snickers qualifie de « Empowering statements ».
Deuxième impression : Wait. What?
Il y a tellement de choses qui sonnent faux déjà à ce stade, je ne sais pas si je pourrais tout relever. D’une, faut-il comprendre que les ouvriers ne sont pas eux-mêmes lorsqu’ils ne balancent pas de la grosse réplique bien salace à la première nénette qui passe ? Faut-il comprendre que tous les ouvriers sont des gros beaufs ?
Et de deux… On ne s’attend peut-être pas à des discours sur l’égalité des sexes mais… Je perçois toujours ça comme du harcèlement de rue. Ou comme du foutage de gueule. Ou les deux. Comme le fait remarquer Jezebel, « ça fait le même effet qu’un inconnu malpoli qui dit à une femme de sourire ».
Enfin, ça change de « t’as un beau p’tit cul j’me le taperais bien », c’est sûr. Si on passe l’effet que peut produire sur une femme seule le fait de se faire interpeller dans la rue par un groupe d’hommes goguenards, alors, oui, ça peut faire sourire. Je fais des efforts, voyez.
Même si je ne saurais pas trop comment prendre « j’aimerais te montrer le respect que tu mérites », j’avoue.
Mais soit, soit ! Mettons que Snickers a tenté de rendre l’habituel archétype du sexisme et du harcèlement de rue respectueux et égalitaire ! Ça me fait mal au derrière de parler de respect, mais SOIT.
Voilà que malgré toute ma bonne volonté, la publicité se termine sur ces belles paroles : « Vous n’êtes pas vous-mêmes quand vous avez faim ».
Dernière impression : EPIC FACEPALM.
Donc, si je résume, l’intention était de prendre un groupe d’individus dans une situation cliché de harcèlement, d’inverser le phénomène en leur faisant tenir des propos égalitaires et « respectueux » (non, je ne parviens pas à me débarrasser des guillemets)… Pour conclure en disant que ce n’est vraiment pas un comportement normal, et que l’ouverture d’esprit leur est tombée dessus comme la faim sur leurs petits estomacs ? Que l’anti-sexisme, c’est long comme un jour sans pain ?
Un Snickers et ça repart dans ton slip ?
Ou alors je me fourvoie grave, comme disent les jeunes d’aujourd’hui (ou d’hier), auquel cas il faut m’expliquer. En attendant, si la morale de cette histoire, c’est qu’il faut affamer les gens pour qu’ils respectent les femmes, ça risque de dégénérer dans les grandes surfaces et chez l’épicier du coin.
Et si la morale est que les hommes sont respectueux justement parce qu’ils ont mangé un Snickers, et que le harcèlement de rue est provoqué par la faim… Alors il fallait mieux tourner ce spot de pub, parce que c’est loin d’être limpide.
Ah, et parce que je sens que le « pff non mais qu’est-ce qu’il faut faire pour que vous soyez contentes » va fatalement tomber, je me permets de fournir la réponse à l’avance : prends-toi un Snickers, et enfile-toi le plutôt là où je pense. Il paraît que l’hypoglycémie rend aimable.
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