Initialement publié le 4 février 2011
Tu sais forcément de quoi je parle. Ce truc là, qui t’arrive chaque mois. Qui peut t’apporter beaucoup de douleurs ou alors simplement te rassurer sur le fait que tu n’as pas procréé ces dernières semaines. Pour t’équiper, les marques sortent l’artillerie lourde, à coups de spots publicitaires douteux. Oh mon dieu allons nous aborder les….. les règles ?! Ce truc féminin que les publicitaires évoquent de manière cheloue ?
Le féminisme est en marche
[leftquote]La femme des pubs pour tampons a la banane. Pourquoi ? Parce qu’elle a du coton dans le slip.[/leftquote]Les serviettes hygiéniques et les tampons, outre le fait d’avoir des dénominations pourries, restent pour les markéteux un signe d’émancipation certaine de la femme. En effet, à chaque pub, celle-ci accomplit les plus grandes prouesses du quotidien : faire du cheval, de la planche à voile, courir des marathons ou tout simplement faire « la femme active ».
Évidemment, cette femme a aussi la banane, voire la baraka, et se sent un peu l’âme d’une super-héroine des temps modernes. Pourquoi ? Parce qu’elle a du coton dans le slip, rien que ça. Qui oserait croire qu’il y a une petite centaine d’années, les fermières du grand air restaient bien sagement à la maison une semaine par mois, le temps de s’être bien délesté de ses menstruations ? Personne, pas même ces filles aux dents toujours blanches qui portent des petits shorts en coton clair (sans doute une tentative de nous montrer la ficelle par transparence).
L’évolution de la femme passe donc forcément par des règles toujours mieux contenues, à croire que ce qui était manifestement une honte peut devenir une semaine de plénitude (n’oublions pas le fabuleux slogan de chez Always : « bonne semaine ». Oh, c’est trop aimable à vous).
Les femmes bioniques
Petit problème : si ce n’est pas honteux, si c’est la totale éclate du fait d’afficher librement qu’on a ses ragnagnas… pourquoi passer par autant de sous-entendus ? La femme des pubs pour serviettes, par exemple, ne perd jamais de sang.
Elle perd naturellement un liquide bleu (est-elle une femme fontaine ascendant schtroumph ?) qui, oh miracle, tient parfaitement dans un rectangles blanc à ailettes.
https://www.youtube.com/watch?v=t7s3XxY4omU
Mais, attends ! En réalité, femme réglées et bébés sont en symbiose totale, puisque rappelons que les bébés aussi n’urinent qu’un liquide chelou en guise de fluide corporel. De plus, avez-vous déjà entendu des mots comme « règles » ou « menstruations » dans les pubs ? C’est très rare, mais qu’on ne vienne pas me dire que c’est uniquement parce que ces mots sont particulièrement moches. Une pub contre la lèpre n’a jamais tué personne (sauf effectivement le midi, après le 12-13 de France 3, mais là n’est pas la question).
En clair, la jeune fille apprend au fil des années à garder le secret, et à savoir sans ne rien dire. Ainsi, une pub disant « on ne met pas des carrés dans des ronds » parlera de tampons sans jamais nommer clairement le produit. Une pub où une femme se relèvera la nuit et se prend les jouets de son gosse symbolisera la difficulté notoire à faire tenir des ailettes de serviettes toute une nuit. La femme, en plus de pisser bleu dans son froc une semaine par mois, est donc membre d’une secte étrange où la métaphore fait loi.
Les hommes, ces couillons
Si la femme, elle, sait parfaitement qu’un emballage bleu canard est un appel au bon fonctionnement de son utérus, l’homme, lui, vit dans un monde à part. Un homme, forcément, ça ignore complètement qu’une femme a ses règles. Preuve en est, une semaine par mois quand elle lui dit qu’elle ne peut pas faire des galipettes ou qu’elle n’en a pas envie, celui-ci se dit que c’est qu’une sale mégère de coincée, qui subitement aux alentours du 25 retrouve sa libido et son vagin libre. Très étrange dis donc !
Ce même homme, donc, ne sait donc absolument pas à quoi ressemble une serviette ou un tampon, et même qu’il confond ça avec toutes sortes d’objets, comme un bonbon, un mouchoir, ou encore une sorte de porte-monnaie (rappelez-vous, une pub des années 90 où une femme perdait sa serviette en pleine rue sur le macadam et un homme dévoué et concon lui disait « vous avez perdu ça »). Ce à quoi la femme répond, dans sa grande mansuétude : « hihihihihihih ». Hihi, le con, s’il savait que je me mets ça dans la culotte, rholala ! C’est évident qu’un bonbon, c’est long, en coton, avec applicateur. Aucun doute possible.
En clair : c’est un monde parallèle
Un monde où les femmes n’ont jamais mal, ne ressentent jamais une lourdeur certaine dans le pantalon et l’envie de se décoller tout ça vite fait, où les chiens ne viennent jamais renifler leur derrière avec un air charognard, et où la fuite n’existe pas.
En réalité, dans le monde de la pub, les femmes n’ont jamais leurs règles : elles vivent sans souci le string libre, sans l’angoisse de la ficelle qui dépasse. Tout au plus, on utilisera le terme pour évoquer des médicaments « règles douloureuses » (alors qu’ils sont en fait de simples anti douleurs lambda, mais c’est mieux, le cerveau primitif féminin est rassuré devant une touche de rose dans l’emballage), où, tout petit en bas de l’écran on peut apercevoir : à ne pas utiliser chez la femme enceinte. Tout est dit : la femme qui a ses règles ne les a pas vraiment. Un peu comme les neurones chez le concepteur publicitaire.
Heureusement, pour certains, c’est le réveil des consciences : la femme n’est pas un pigeon à la culotte humide, et les garçons se sont fatalement retrouvés nez à nez avec au choix, un tampon usagé dans la poubelle, ou un stock de victuailles ouattées histoire de tenir pour les deux prochaines guerres. Quelques pubs ont alors vu le jour, et Elise t’en parlait déjà là. Seul problème : qui en a déjà vu en France, à part le fabuleux spot pour Tampix ?
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Les Commentaires
Et pour la com, ouais, le sang, c'est un sujet tabou dans le monde de la publicité, meme dans une pub pour des pansements ou quoi on n'en verra jamais, et c'est pas plus mal !!