Prenons deux personnes aux opinions frontalement opposées.
Comme par exemple une femme trans et un homme qui estime que « si on naît homme, on est un homme, c’est comme ça ». Ou une féministe et un homme qui pense que les féministes sont misandres. Ou encore un écolo convaincu et un mec persuadé que le changement climatique n’existe pas.
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Mettons-les dans la même pièce, faisons-les travailler ensemble à une tâche simple, comme assembler des éléments pour construire un meuble. Puis montrons-leur ce que l’autre pense des « gens comme vous ».
Vous vous demandez ce que ça donnerait ? Heineken l’a fait.
La publicité Worlds Apart d’Heineken
https://youtu.be/8wYXw4K0A3g
Trois duos bâtissent ensemble un bar. Ensuite, une vidéo présentant leurs opinions politiques est projetée contre un mur. C’est le moment gênant : ces inconnu•es se rendent compte que tout les oppose.
Un choix final leur est présenté. Ils peuvent partir chacun de leur côté, ou s’attabler autour d’une bière pour discuter. Et bien sûr, comme c’est une pub Heineken, ils décapsulent une bouteille de blonde et commencent à échanger.
Il est possible que ce soit des acteurs, ce qui rendrait la chose moins spontanée mais ne changerait rien au message final, à bien réfléchir.
Open your world, c’est le slogan de la marque, parce qu’« ouvrir une Heineken c’est consommer une bière vendue dans le monde entier ». Mais ici, le monde dont on parle est impalpable, on ne peut pas en faire le tour. C’est celui des idées, des émotions.
De l’importance du dialogue
Même si j’avais vu venir le dénouement de cette pub, je l’ai trouvé très chou. On sent que les personnes sont gênées, ne veulent pas revenir sur leurs opinions mais ne veulent pas non plus que l’autre se sente agressé•e ou craigne qu’on ne leur saute à la gorge.
— Dans mon éducation, les choses étaient toutes blanches ou toutes noires. Mais ça ne correspond pas à la vraie vie. — Oui, je suis juste… moi-même !
Les personnes qui n’ont pas les mêmes opinions que nous ne sont pas forcément nos ennemies. Parfois, c’est une question d’éducation, de préjugés, de crainte.
Tout le monde n’a pas accès à la même ouverture d’esprit, aux mêmes ressources pour se mettre dans les pompes de quelqu’un ayant une vie très différente. Avant de hurler, pourquoi ne pas commencer par se parler ?
« Quand on veut convaincre quelqu’un, le plus simple c’est de s’assoir autour d’une bière. »
Je suis une jeune femme féministe engagée contre les clichés en tous genres, très body-positive et autres convictions qui font que mes dîners de famille ne sont pas toujours de longs fleuves tranquilles.
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Mais je ne suis pas une blanche colombe n’ayant jamais eu la moindre pensée discriminatoire, n’ayant jamais perpétué la moindre idée reçue nauséabonde. J’ai été une fille qui n’aime pas les filles, j’ai effectué des raccourcis sexistes, j’ai rejeté la solidarité féminine…
Et si, à l’époque, on m’avait engueulée, ou traitée avec mépris, je n’aurais pas changé d’avis. Ce qui a marché, ça a été le dialogue.
« À mort le patriarcat ! »
Alors oui, c’est une pub, oui, le but est de vendre de la bière, mais je la trouve chouette, moi, cette pub. Elle me fait me dire que le prochain mec qui me dira « Ah ouais t’es féministe, t’es une FEMEN alors, montre tes seins », bah j’irai peut-être lui parler, en fait.
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Il sortira peut-être du bar en ayant appris qu’il y a plein d’autres courants féministes au-delà des FEMEN, et se couchera un peu plus cultivé !
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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