Une publicité clairement « anti-IVG » s’est glissée dans les pages du supplément télé du Nouvel Observateur, ce qui a quelque peu ébranlé une bonne partie de l’Internet ce week-end. Il est vrai que ce choix, si c’en était un, était tout à fait surprenant puisque Le Nouvel Observateur, qu’on l’aime ou qu’on l’exècre, a dans l’histoire su faire preuve d’un certain progressisme dans sa ligne éditoriale. Concerné par les droits des femmes, il avait, le 21 novembre dernier, accueilli dans ses pages le manifeste des 313 femmes qui avouaient avoir été violées et en appelaient aux pouvoirs publics. Alors quoi, le viol, non, le combat contre l’avortement, oui ? Plus étonnant encore, c’est dans Le Nouvel Observateur qu’avait été publié en 1971 le très célèbre manifeste des 343 salopes, dans lequel des représentantes de la gent féminine connues ou anonymes affirmaient avoir avorté.
La pub en question était un montage qui faisait un parallèle entre deux illustrations. La première montrait une baleine, la seconde, un foetus humain. Entre les deux, un texte :
« Vous trouvez ça normal ? On arme des bateaux pour défendre des baleines alors qu’on laisse des embryons sans défense. »
Cette publicité – dont l’argument m’a, personnellement, rappelé le célèbre « On s’énerve contre le sexisme alors qu’il y a des enfants qui meurent de faim dans le monde » – a été réalisée dans le but de promouvoir la Fondation Jérôme Lejeune, qui dénonce la destruction d’embryons humains pour la recherche. Une fondation qui porte le nom de son chef de file, un médecin connu pour ses recherches sur la trisomie 21 mais aussi pour son engagement contre l’interruption volontaire de grossesse. Sur Le Plus
, l’espace participatif du Nouvel Obs, Aurore Bergé, une contributrice choquée, se désolidarisait de cette publication dans une lettre ouverte à la rédaction :
« Nous savons tous que la presse écrite traverse une crise, une grave crise. Une crise qui pousse certains de vos confrères à des couvertures toujours plus racoleuses, voire indécentes.
Une crise qui vous pousse aujourd’hui à publier dans l’un de vos suppléments une « publicité » pour la Fondation Lejeune. Sans que cela n’émeuve votre régie publicitaire (ben oui, la crise, toujours elle), sans que cela ne fasse bondir votre rédaction. […]
Vous pouvez répondre que cette publicité n’est pas publiée dans Le Nouvel Obs mais dans l’un des suppléments. L’argument serait fallacieux, ils émanent tous de la maison-mère.
Vous pouvez répondre que cela est de la responsabilité de votre régie publicitaire et non de votre rédaction. Peut être, mais alors est-ce à dire que toute publicité peut être publiée sans qu’il n’y ait jamais de droit de regard ? »
Hier soir, le directeur de la rédaction Renaud Dély a répondu à cette même personne sur Twitter pour affirmer que cette publication était une erreur et que des explications suivraient :
Si beaucoup espèrent que des explications un peu plus creusées seront publiées dans la prochaine édition du Nouvel Obs, un erratum signé par la main du directeur Laurent Joffrin himself a été mis en ligne sur le site du journal en fin de matinée :
« C’est à la suite d’une erreur de fonctionnement interne qu’une publicité de la Fondation Jérôme Lejeune est passée en avant-dernière page de TéléObs. Le Nouvel Observateur publie régulièrement des annonces portant sur des causes d’ordre général. Mais il veille à ce qu’elles soient conformes à ses valeurs. Ce n’est pas le cas cette fois-ci : nous demandons à nos lecteurs de nous excuser pour cet impair. Nous veillerons à ce que ce type d’incident ne se reproduise pas. »
Et toi, qu’en penses-tu ? As-tu été choquée ou pas du tout ? Les excuses de la direction te suffisent-elles ou tu attends un peu plus de justification ?
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bordel.