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Mon quotidien de psychologue dans un service de psychiatrie

Quand elle a rencontré la psychiatrie, cette madmoiZelle a su que c’était dans ce milieu qu’elle voulait travailler. Elle raconte son quotidien de psychologue clinique et psychothérapeute.
Tu kiffes ta vie et après moultes réflexions tu t’es enfin lancée dans un métier qui te plait ?

Raconte à Océane ce que tu fais maintenant que tu es grande !

Réponds au questionnaire ci-dessous en envoyant tes réponses à [email protected], avec comme objet « Maintenant que je suis grande, je suis… »

N’oublie pas de préciser ton âge !

Questionnaire :

    1. Qui es-tu et d’où viens-tu ?
    2. Avant d’attaquer sur ton travail, est-ce que tu as une passion ou un kif dans la vie (parce que c’est important de faire aussi autre chose) ?
    3. Et ton job alors, c’est quoi ?
    4. Comment tu l’expliquerais à ta petite sœur hypothétique en quelques mots ?
    5. Pourquoi tu aimes ce que tu fais ? / Pourquoi tu as choisi de faire ce travail ?
    6. Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ou tu t’es retrouvée ici après une ou des réorientations ?
    7. Est-ce que tu as dû arbitrer entre deux visions du travail, « liberté, je fais ce qu’il me plaît et tant pis pour la précarité » VS « sécurité, je préfère m’assurer un salaire stable même si ce n’est pas le job de mes rêves » ?
    8. C’est le fruit d’un parcours longuement réfléchi ou du hasard ?
    9. Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?
    10. Est-ce que tu as une journée type ?
    11. Ton petit bonheur qui fait que tu kiffes ton boulot ?
    12. La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?
    13. Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ? (parce que c’est important de savoir à quoi s’attendre !)

Cette madmoiZelle a 24 ans, et vient d’un petit village de Rhône-Alpes où elle a trouvé sa voie dans le milieu hospitalier.

Être psychologue clinicienne et psychothérapeute

Elle te parle de son métier d’écoute, de soin, d’aide à la personne, mais surtout de patience et d’humilité.

Avant d’attaquer sur ton travail, est-ce que tu as une passion ou un kif dans la vie (parce que c’est important de faire aussi autre chose) ?

Mon gros kif ce sont les jeux vidéos ! Je joue en moyenne 1h par jour, parfois entre 6h et 8h quand j’ai le temps…

Je joue surtout à des RPG comme Zelda, The Elder Scrolls, The Witcher…

Logiquement, je suis aussi une grande fan de fantastique, tant dans les livres (je lis beaucoup) que dans les films et séries.

Globalement je suis plutôt cocooning, mais j’aime aussi la nature et je fais des randonnées et de la course à pied pour ma santé !

Et ton job alors, c’est quoi ?

Je suis psychologue clinicienne et psychothérapeute dans un service de psychiatrie.

En tant que psychologue, j’accueille et j’écoute les personnes que je rencontre (patients, familles…), j’analyse à l’aide de mes connaissances, j’évalue à différents niveaux.

Travaillant au sein d’une équipe pluridisciplinaire, j’ai aussi un travail auprès de l’équipe soignante (de soutien, d’aide à la prise en charge, d’aide au diagnostic pour les médecins, de participation aux synthèses, aux réunions d’encadrement, etc.)

En tant que psychothérapeute (ce qui est un poil différent, tous les psychologues ne sont pas psychothérapeutes, il faut un diplôme supplémentaire), mon travail est de proposer une psychothérapie au patient afin de « guérir » la souffrance inhérente à la maladie mentale pour laquelle il vient me voir.

Le terme clinique était avant rattaché essentiellement à la psychanalyse, aujourd’hui il a récupéré sa place initiale (clinique vient de « kline », qui signifie « au chevet ») et désigne l’ensemble des praticiens travaillant auprès du patient.

À l’inverse des psychologues qui travaillent en laboratoire ou en entreprise (comme les psychologues du travail, les psychologues sociaux…). Un neuropsychologue en hôpital est également clinicien !

Je m’appuie dans ma pratique sur la psychologie fondée sur les preuves, ou psychologie fondée empiriquement (qu’on appelle approche cognitivo-comportementale dans le grand public, même si c’est aujourd’hui plus large du fait des avancées en sciences).

Ça veut dire que dans ma pratique, que ce soit pour analyser, comprendre, évaluer ou soigner, je m’appuie sur les processus mis en évidence par les avancées en recherche.

Il y a des psychologues qui s’appuient sur d’autres référentiels théoriques comme la psychanalyse, la systémie, l’humanisme…

Dans ma pratique en psychiatrie, il n’y a pas de spécialité d’une pathologie en particulier.

Je rencontre des gens qui souffrent d’anxiété, de phobie, de dépression, de troubles du comportement alimentaire, de troubles de la personnalité, de schizophrénies, de bipolarité… Parfois de plusieurs maladies à la fois !

Chaque rencontre est différente, et je dois m’adapter en permanence pour trouver comment aider au mieux la personne, quelle méthode lui proposer.

Une partie de mon travail consiste aussi à la formation (comme les médecins, notre code de déontologie implique que nous nous formions toute notre vie).

Cela peut être des lectures, des articles (à publier, j’entends), participer à des séminaires ou des recherches, encadrer des étudiants, etc.

Faire le choix de devenir psychologue et psychothérapeute

Pourquoi tu aimes ce que tu fais ?

J’aime pouvoir aider les autres, principalement, même si ce n’est pas un métier où on est submergé de gratitude.

J’aime aussi le fait qu’on ne s’ennuie jamais, chaque journée est différente. Enfin, j’aime toutes ces rencontres,

partager des histoires de vie, c’est quelque chose que je trouve merveilleux.

J’aime aussi le fait qu’on soit très indépendant (mon chef, c’est le directeur de l’hôpital), on est cadre mais pas cadre hiérarchique de quelqu’un, et à la fois qu’on travaille en équipe.

Est-ce que c’est le domaine que tu avais choisi dès le départ ou tu t’es retrouvée ici après une ou des réorientations ?

Je n’ai pas vraiment choisi ce travail au début, j’avais choisi les études de psychologie après le bac et ensuite je me suis plutôt intéressée à l’aspect clinique.

Quand j’ai rencontré la psychiatrie pour la première fois en licence 3, ça a été une évidence pour moi, et là j’ai choisi.

J’ai toujours su que je voulais travailler auprès des gens, mais je ne me sentais pas capable de faire un master, trop fragile, pas assez bonne à l’école…

C’est le fruit d’un parcours longuement réfléchi ou du hasard ?

Au départ c’était donc du hasard, je voulais être éducatrice mais on me trouvait trop jeune pour passer les concours.

Ma mère m’a conseillé la psychologie en me disant que ça correspondait bien à ma personnalité (merci, maman).

Par la suite, la spécialité, je l’ai davantage réfléchie et choisie.

Qu’est-ce que tu as eu comme formation ?

J’ai une licence de psychologie et un master en psychologie clinique.

Je réalise actuellement un diplôme universitaire en psychothérapie pour pouvoir valider mon titre de psychothérapeute à l’étranger, et j’envisage un doctorat l’année prochaine.

Aujourd’hui il faut licence + master + des stages pour faire mon métier, mais il semblerait que d’ici quelques années, le doctorat soit obligatoire pour s’aligner avec les autres pays.

Le quotidien d’une psychologue psychothérapeute

Est-ce que tu as une journée type ?

Le matin, j’arrive et je participe avec mon équipe à la transmission des infirmiers, on boit un café en parlant de ce qui s’est passé la veille.

J’apporte aussi des éléments sur mes prises en charge et j’analyse ce que rapportent les infirmiers pour leur proposer des interprétations, de l’aide ou pour m’aider dans mon travail.

Les autres membres de l’équipe pluridisciplinaire participent aussi. Ensuite j’enchaîne sur mes consultations en psychothérapie.

Chaque séance est différente, parfois ça se passe beaucoup autour de la parole, parfois ce sont des exercices (comme aller hurler dans le couloir, toucher des poignées de porte ou regarder des vidéos) et parfois des jeux de rôle.

Je fais également des groupes thérapeutiques avec plusieurs patients et un infirmier. J’ai enfin un temps de réunion avec l’équipe par semaine.

Il y a aussi tous les temps informels où on discute de tout et de rien avec les patients ou les soignants, et qui sont vraiment importants pour ce métier.

Ton petit bonheur qui fait que tu kiffes ton boulot ?

Voir un patient avancer, sortir la tête de l’eau un petit peu.

Ce sont des petits accomplissement comme croiser le sourire d’une patiente agoraphobe dans une grande salle bondée, ou de voir une patiente anorexique partager un gâteau avec une personne à qui elle tient.

C’est aussi prendre des grands fou-rires avec des patients, qui sont avant tout des personnes, et qui ont plein de choses à partager aussi.

C’est un métier où l’on côtoie tellement la souffrance, la détresse, la mort, l’horreur, qu’on se satisfait des petits moments de bonheur.

La qualité indispensable pour s’épanouir dans ce job ?

L’humilité. Il faut se dire que non, on ne pourra pas sauver tout le monde, et que parfois on n’aura qu’une infime contribution à apporter.

Bien évidemment, l’empathie aussi, mais je ne crois pas qu’on se dirige vers ce métier sans en avoir.

Et pour finir, en commençant, tu gagnais combien ?

J’ai eu de la chance de tomber dans une institution où je gagne 2 300€ par mois brut.

Il y a d’autres secteurs hospitaliers où l’on peut gagner 2 600€ brut, mais pour la plupart on commence au SMIC.

En libéral, on peut espérer gagner plus, mais c’est une autre charge de travail.

À lire aussi : Je serai gynécologue, et c’est mon engagement féministe


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Les Commentaires

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Avatar de Alicia89
11 février 2020 à 02h02
Alicia89
Pourtant, il y en a plein qui en pratiquent ce métier sans en avoir, bien des victimes de maltraitances psychiatriques vous le diront.

Je peux confirmer. Une horreur la psychiatrie. Plus jamais.
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