La semaine dernière, nos formidables Marie-Charlotte et Perrine vous ont concocté des rétrospective des bonnes nouvelles « actu » et « mode » 2013 ; côté psycho, c’est le site Psychomédia qui s’est attelé à la tâche et a répertorié quelques recherches estampillées 2013 !
Et si, à notre tour, on se penchait sur quelques recherches psychologiques qui ont rythmé 2013 ?
Oui, penchons-nous sur Joseph Gordon-Levitt, on peut faire ça aussi
Dans On ne change pas, Céline Dion se fourvoyait
Parce que figurez-vous que si, on change, et que non, on ne met pas juste les costumes d’autres sur soi (PAF) ! Selon une recherche menée par Daniel T. Gilbert (et al.), nous aurions tendance à penser que nous allons rester les mêmes et que, dans dix ans, nous serons peu ou prou les mêmes bonnes vieilles personnes, avec la sagesse (évidemment) en plus.
Dans une première étude, Gilbert a sollicité plus de 19 000 personnes en leur demandant de passer un test de personnalité, puis de répondre à un questionnaire sur leurs préférences, puis d’imaginer quelles seraient leurs réponses dans 10 ans. Ensuite, les chercheurs ont comparé les réponses des participant-e-s en fonction de leurs âges : les « jeunes » ont prédit moins de changements que les plus vieux – en d’autres termes, ils ont estimé plus facilement que leurs réponses seraient similaires dans dix ans.
Dans une seconde étude, Daniel T. Gilbert a cette fois interrogé environ 4 000 personnes en deux temps. Dans un premier temps, les volontaires passaient un test de personnalité et devaient également estimer leurs réponses « dans dix ans ». 10 ans plus tard, les participant-e-s répondaient à nouveau au même test de personnalité : leurs réponses étaient bien différentes de ce qu’ils avaient prédit ! Pour les chercheurs, nous sommes victimes d’une « illusion de stabilité » et sous-estimons à quel point nous changeons au fil des ans…
Pour en savoir plus, rendez-vous ici et là !
« Qu’est-ce que tu veux dire par « Il n’aime plus les fraises Tagada », Sigmund ? C’EST IMPOSSIBLE ! »
Se sentir malheureux peut rendre heureux
Enfin, ce n’est pas tout à fait ça : disons plutôt que passer par des émotions négatives peut aussi contribuer au bien-être, et, inversement, « trop » rechercher le bonheur peut avoir un effet contraire et devenir anxiogène. Selon le psychologue Joseph Forgas, les émotions négatives ont aussi des « bons côtés », notamment une fonction « adaptative » : elles peuvent par exemple développer des comportements prosociaux, permettre d’avoir un meilleur jugement…
En 2013, la psychologue June Gruber s’est penchée sur le sujet et a constaté que l’équilibre et la stabilité entre les émotions positives et négatives sont souhaitables. Lorsqu’on refuse de passer par des émotions négatives, qu’on les nie, cela crée un déséquilibre. Pour Gruber, nous sommes obsédés à la fois par la recherche du bonheur et l’évitement des émotions négatives. Le truc, pour aller vers un mieux-être, c’est que nous devrions aller vers l’acceptation de nos émotions, qu’elles soient négatives ou positives, et vers la mise à distance de ces émotions !
Pour aller plus loin, des ressources sont disponibles ici et là.
Plus on vieillit, plus le temps passe vite
Hier encore, nous étions encore les reines du monde sur nos petits scooters, vélos ou planches de skate. Et hier encore, on ne mettait pas cent ans à se remettre d’un réveillon un peu trop foufou. Mais où est donc passé le temps ?
Des chercheurs (Friedman et Janssen, 2010) ont étudié le phénomène de ce foutu temps qui passe trop vite : ils ont donné aux participant-e-s une liste d’évènements qui s’étaient déroulés dans la dernière décennie et leur ont demandé de donner une date précise et d’indiquer à quel point ils se souvenaient de chaque évènement. Ensuite, les volontaires remplissaient un questionnaire sur leur perception du temps.
Après analyse des réponses, Friedman et Janssen notent que les jeunes adultes ont plus tendance que les plus vieux à sous-estimer l’ancienneté de l’évènement – pour eux, les choses « semblent » récentes. De la même manière, pour les plus anciens, la dernière décennie est passée « plus vite ».
En 2013, Friedman, Janssen et Makiko Naka se sont une nouvelle fois saisis du sujet et se sont aperçus que la notion de « contrainte de temps » avait également un rôle dans notre perception du temps : en effet, lorsque nous faisons l’expérience d’une contrainte de temps, le temps semble passer plus rapidement.
Les psychologues proposent plusieurs explications à ce phénomène du temps qui file : notre perception pourrait dépendre de notre quotidien et de nos souvenirs (si nous vivons un quotidien répétitif et stressant, entre exams, job étudiant ou autre, nos souvenirs « d’avant », plus agréables, vont nous paraître plus longs que ce que nous vivons depuis le début de notre vie étudiante), de notre âge (pour un vingtenaire, 10 années représentent la moitié de sa vie, alors que pour un quinquagénaire, les perspectives sont différentes), de l’attention qu’on porte au temps (lorsque l’on était mouflets, nous comptions attentivement les jours jusqu’à Noël, puis jusqu’aux vacances, puis jusqu’à la rentrée ; une fois adultes, nous nous préoccupons des cadeaux, des repas, des invités, plus que du temps).
Pour plus d’informations, n’hésitez pas à faire un tour ici
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« L’effet cheerleader » mentionné par Barney Stinson existe EN VRAI
Je tombe des nues : les gens sembleraient plus attirants lorsqu’ils sont en groupe que lorsqu’ils sont seuls. Je sais que l’utilisation du « non mais allô quoi » est formellement interdite pour cause de #old et de chiant, mais NON MAIS ALLÔ.
Cette découverte farfelue nous vient des chercheurs Drew Walker et Edward Vul, qui ont présenté à leurs participant-e-s des photographies d’individus, soit en groupe, soit seuls, et leur ont demandé d’évaluer leur attractivité. BOUM : l’effet n’est pas énorme, mais être dans un groupe permet aux individus de devenir plus attrayants…
Walker et Vul expliquent que lorsque nous sommes face à un groupe, nous voyons une représentation de l’ensemble des visages présentés dans le groupe – et que du coup, nous percevons chaque individu comme plus « moyen » que nous les percevrions en temps normal… Et avoir l’air moyen, figurez-vous que ce serait attirant.
Plus d’informations sur cette recherche ici !
Prendre des photographies empêche de se souvenir
En tout cas lors d’une visite de musée. En prenant en photo, on pense préserver notre mémoire, mais ce ne serait pas le cas… Nous devons ce constat à la chercheuse Linda Henkel : dans une expérience, la psychologue fait visiter un musée à des étudiants et leur demande de se concentrer sur certains objets, soit en les photographiant, soit en les observant. Le lendemain, leurs souvenirs sont testés : badaboum, les participant-e-s reconnaissent moins facilement les objets lorsqu’ils les ont photographiés, et sont « moins » capables de donner des détails sur ces objets.
Henkel appelle cela « l’effet de la détérioration par la prise de photo » : nous serions tellement préoccupés par l’importance de dégainer notre appareil photo pour capturer le moment que, du coup… nous ratons le moment ! Henkel relativise toutefois le phénomène : dans sa recherche, elle a demandé aux étudiant-e-s de prendre des photos qui n’avaient pas d’importance à leurs yeux, mais dans la vie, nous prenons en photo des choses qui nous tiennent à cœur et l’effet est sans doute différent !
Un peu plus d’explications sur l’expérience ici.
Évidemment, cette cuvée de trouvailles psychologiques 2013 n’est pas exhaustive – et les sciences humaines et sociales ont étudié un tas d’autres choses, plus ou moins marquantes, plus ou moins importantes.
De notre côté, sur madmoiZelle, nous avons aussi parlé d’une flopée de trucs : nous avons vu ensemble qu’il était possible qu’avoir des animaux de compagnie améliore nos vies, mais aussi que parfois, regarder des animaux mignons créerait une émotion agressive. Nous avons disserté sur les poils, et puis sur les cheveux. Nous avons abordé des sujets importants – le burn out, les membres fantômes, la création de faux souvenirs, la propagande, le harcèlement scolaire avec Marie-Charlotte…
En ce qui me concerne, j’ai kiffé, j’ai même surkiffé – et pour 2014, je nous souhaite une année tout aussi prolifique en recherches et en discussions. Big up, vous tou-te-s !
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