Article initialement publié le 7 novembre 2017
Cet article a été publié dans le cadre d’un partenariat avec Jour2fête. Conformément à notre Manifeste, on y a écrit ce qu’on voulait.
Suivre en classe n’est pas toujours chose facile. Lorsqu’on passe ses journées à écouter des profs nous faire un cours magistral, en prenant des notes sagement, il est facile de laisser son esprit divaguer.
Il est facile de ne pas s’intéresser du tout au cours d’ailleurs.
L’école classique peut être tout à fait adaptée à certain·es élèves et étudiant·es, mais peut également se révéler totalement inadaptée pour d’autres.
Casser les codes de l’enseignement traditionnel
Certaines équipes pédagogiques décident délibérément de casser les codes de ce que devrait être un cours, d’employer des méthodes différentes…
C’est le cas au lycée Jean Macé, à Clichy, qui a institué deux classes à horaires aménagées : la classe théâtre et la classe rugby.
Les élèves de la première promotion ont été suivis durant toute leur année de troisième par le réalisateur Antoine Fromental qui en a tiré un documentaire : À nous de jouer !, en salles ce 8 novembre.
À la rédaction, ce film nous a rappelé les profs que nous avions rencontré au fil de notre scolarité et qui avaient utilisé des méthodes peu conventionnelles, des approches pédagogiques différentes de celles qu’on rencontrait habituellement !
Mathilde et son prof de maths au soutien sans failles
Mathilde a pensé à plusieurs professeur·es qu’elle a eu au collège. L’un de ceux qui l’a le plus marquée était son prof de maths de sixième, qui était également son prof principal.
« Si son humanité incroyable le rendait apprécié de tout un collège, sa manière d’enseigner a aussi réconcilié un bon paquet de mes camarades avec les mathématiques – dont moi.
Il faisait des blagues (l’humour, ça marche vraiment en pédagogie), pour apprendre les volumes et les patrons. À Noël il avait un mini-sapin sur son bureau et demandait aux sixièmes de fabriquer des cubes, pyramides, cônes et autres volumes pour le décorer. »
Mathilde a tissé des liens forts avec ce prof avec qui elle est toujours en contact neuf ans plus tard.
« Tous les midis, après avoir mangé, il remplaçait sa pause par du « soutien en maths » pour ceux et celles qui en avaient besoin, ou de l’approfondissement pour les plus curieux·ses.
Dans un climat détendu, on pouvait revoir quel que soit son niveau des notions, s’entraider, découvrir de nouvelles choses ou juste discuter. Même quand j’ai été au lycée, il a accepté que nous revenions en soutien maths avec lui pour préparer les épreuves du bac. »
Le tuteur de TPE d’Anouk
Anouk a effectué son année de première par correspondance avec le CNED. Malgré cela, elle a dû faire comme tous les élèves de première des TPE (Travaux Personnels Encadrés). Elle était seule sur son projet et au départ, ce n’était pas gagné :
« On m’avait assigné au début de l’année un prof qui m’appelait une fois par semaine pour m’aider, mais il me perdait plus qu’autre chose.
Après deux mois, je n’avais toujours pas trouvé le sujet et je me faisais refuser sans explications tout ce que je proposais. J’avais la boule au ventre dès que je devais traiter avec lui… »
Alors un jour elle a appelé l’administration du CNED, qui lui a finalement attribué un nouveau tuteur.
« Il a pris le temps de discuter avec moi de mes craintes, de mes passions, et après même pas quinze minutes à discuter calmement, on a trouvé un sujet pour mon TPE.
Le rapport prof-élève n’a rien à voir au CNED avec celui qu’on a lors de cours habituels.
Personnellement, je n’étais en contact avec lui qu’une dizaine de minutes par semaine au téléphone, mais il a su être efficace et me donner confiance pour avancer en semi-autonomie ! »
Résultat : Anouk a obtenu 15/20 à son TPE !
La prof de SES qui fonctionnait par le jeu
De mon côté, c’est ma prof de Sciences Économiques et Sociales de terminale qui m’a marquée. C’était aussi ma prof principale.
Elle avait décidé de tester une nouvelle méthode pour aider ses élèves à assimiler les concepts parfois compliqués de science économique. C’est comme ça qu’on se retrouvait à chaque début de chapitre à faire un jeu ou une activité qui n’avait rien à voir avec de la prise de note.
Elle nous mettait en situation.
Par exemple elle attribuait un pays fictif à différents groupes d’élèves, avec des moyens de productions spécifiques et des caractéristiques propres. Il fallait alors faire fonctionner une petite économie en pratiquant des échanges avec les autres « pays ».
Ça peut sembler abstrait expliqué comme ça, mais en réalité ça nous donnait une idée concrète de comment fonctionnait les mécanismes économiques qu’on devait connaître, et c’était beaucoup plus facile à expliquer une fois devant sa copie en ayant cet exemple sur lequel s’appuyer !
Les énigmes du prof de maths de Charlie
Charlie aussi a été marquée par un prof de terminale, mais pour elle c’était un prof de mathématiques. Elle adorait sa manière de voir cette matière comme un jeu.
« J’ai toujours eu des différends avec mes profs au collège/lycée car j’étais très dissipée en cours et j’entraînais les autres dans ma non-écoute, sauf qu’au final j’avais quand même des bonnes notes et ils étaient saoulés.
En général je me faisais virer du cours.
Lui a plutôt cherché à comprendre.
Au lieu de me réprimander, il m’a laissée aller à mon rythme en me donnant des exercices dans mon coin quand je me faisais chier. D’autres fois, il nous donnait à mes amis et moi qui avions des facilités la « mission » d’aider les autres moins forts dans la classe. »
Charlie a particulièrement apprécié ce prof par contraste avec les autres :
« Il nous faisait faire des énigmes… Putain c’est trop bien pour mieux comprendre la logique et l’intérêt des maths ! Surtout que j’ai fait une terminale S spé maths et qu’en général les profs sont plus « tiens, voici les formules et les démonstrations bravo tu seras ingénieur·e mon petit ». »
Tifaine et le prof de sociologie qui l’a marquée à jamais
Tifaine souhaite rendre hommage à un prof qu’elle a eu dans son école d’arts supérieurs, après le bac.
« Je faisais de la publicité et j’avais de la sociologie. Le prof était merveilleux. Avec ses chaussettes dans ses sandales (il était à la mode avant l’heure), il m’a fascinée immédiatement.
Premier jour : il est resté silencieux pendant au moins 5 à 10 minutes. Autant dire que ça peut sembler long !
Puis tout à coup : « Vous vous êtes senti·es décontenancé·es ? C’est normal. La société vous apprend que le professeur va arriver, faire son discours, vous demander de commencer à prendre des notes, et vous êtes habitué•es à ça depuis toujours. Alors quand rien ne se passe comme prévu, c’est la perplexité/panique. Bienvenue en sociologie. »
Je l’ai adoré dès la première seconde. La suite n’a été qu’une succession de choses qui m’ont fait l’apprécier davantage, comme son exercice de nous faire aller parler et boire des cafés avec au moins 5 personnes dans la rue (n’importe qui) et d’avoir un réel échange. Juste pour apprendre à les connaître. Puis il fallait faire un compte rendu à la fin !
C’était la première fois que j’avais la sensation de faire quelque chose de réellement humain dans un cadre scolaire. Je m’en souviendrai toujours car c’est ce que j’avais toujours recherché. »
Si on est si nombreuses à avoir des anecdotes à raconter sur certains cours, c’est bien parce que les profs qui innovent existent !
Tu as aussi eu des profs marquants de ton côté ? Raconte-nous !
À lire aussi : La rentrée des classes, entre histoires de lose et nostalgies d’enfance !
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Les Commentaires
Et la prof de géologie, qui chaque année, assistait au cours de son propre époux sur un thème bien particulier de la géologie, car elle même ne comprenait rien de son propre aveu. Depuis 10 ans, elle y assistait dans l'espoir de comprendre un peu plus chaque année.