Le professeur Cosplay, c’est une chaîne YouTube créée par le duo de cosplayeurs Crousti-Moelleux composé de Nekocat et AKBSamouraï, déjà derrière le webcomic Yonkoma Cosplay. Prenant l’apparence (trompeuse) de tutoriels didactiques, les vidéos basculent rapidement dans l’humour absurde et les gags visuels avec une mise en scène très travaillée et un montage dynamique ! Si le personnage du professeur — un fanfaron misogyne, immature et paresseux — a tout pour déplaire, il ressort rarement indemne de ses mésaventures : son assistante, jouée par une amie du duo, a toujours le dernier mot.
Pour en savoir plus sur le cosplay, Google est un meilleur ami que le professeur qui ne fait que donner des pistes sur la question mais en attendant, il a le mérite d’être drôle et inventif et donne une bonne idée de l’ambiance des conventions. De plus, on trouve en complément sur la chaîne des interviews plus sérieuses de cosplayeuses.
Croisés à Japan Expo il y a une petite éternité, les Crousti-Moelleux ont accepté de répondre à quelques questions sur leur travail. Merci à eux.
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- Pouvez-vous présenter votre chaîne rapidement ?
Nekocat — Je dessine depuis très longtemps et j’avais le projet de dessiner de courts mangas, mais je n’avais pas trop d’idées. Puis mon mari, qui est très doué pour écrire des dialogues et scénarios, m’a proposé de petites histoires et on a commencé Yonkoma Cosplay. La sortie du manga Bakuman, qui raconte la création d’un manga par un scénariste et un dessinateur m’a aussi inspirée. Je voulais aussi parler de la création mais en l’appliquant au domaine cosplay. Au début, on pensait monter les strips en vidéo en utilisant directement les cases qui défilent…
AKBSamouraï — …mais on s’est rendu compte que c’était un peu naze en fait ! Du coup, pour les vidéos j’ai recyclé le docteur Cosplay, qui était déjà apparu dans Yonkoma et s’est transformé en professeur. Le concept, c’est Kakashi (un personnage e Naruto) en blouse blanche, qui fait des tutos et raconte des anecdotes liées au cosplay.
- Comment passe-t-on du format comic strip au format vidéo ?
AKBSamouraï — C’est beaucoup plus compliqué, et beaucoup plus long, évidemment. La vidéo ça demande plus de matériel, plus de personnes… On est à deux sur la BD et quatre sur les vidéos.
Nekocat — On s’est un peu formés sur le tas. C’est une amie, qui a fait une école de cinéma et qui est derrière la caméra pendant les tournages, qui m’a formée au montage. On utilise Premiere Pro, After Effect et Audition pour le son.
AKBSamouraï — J’aurais pas pensé que le montage prendrait autant de temps. Ça prend autant voire plus de temps que le tournage, c’est impressionnant !
- Vous avez une mise en scène qui rappelle pas mal les anime humoristiques du Club Do que vous avez cités. Quelles sont vos sources d’inspiration en terme d’humour, de mise en scène ?
Nekocat — C’est vrai qu’on fait des gags très visuels façon Ranma ½. Sinon on pense à Toriyama avec les débuts de Dragon Ball qui sont très comiques ou encore à la rubrique à brac de Gotlib qui est un peu notre base niveau humour.
- Vous parlez d’un sujet très spécifique. Quel est votre public ?
Nekocat — Notre public est surtout composé de filles plutôt jeunes et plutôt intéressées par le Cosplay de base. Mathématiquement, sur YouTube, vu que les femmes sont en minorité, ça fait un public assez restreint.
AKBSamouraï : Je pense que le Professeur Cosplay est tout public. Je l’ai écrit dans cette optique avec un détournement des tuto et explications classiques pour aller vers des gags et de l’absurde mais les gens doivent penser que vu le sujet ça s’adresse aux initié•e•s… Du coup, on a un peu le cul entre deux chaises.
Nekocat — On doit encore travailler le concept.
https://youtu.be/GkKdrvtrWsM
- D’où vous viennent vos idées ?
Nekocat — On est cosplayeurs depuis 2008 : on a été témoins et victimes de mésaventures « cosplayesques ». On a fait plein de concours (à Bordeaux, Toulouse, Paris…) et on en a tiré plein d’anecdotes.
AKBSamouraï — Ce que j’aimais bien en concours c’était écrire les prestations, on en a fait beaucoup. Je suis plus du côté « play » de la Force, dans le cosplay.
- Qu’est-ce qui vous a attirés, et qu’est-ce que vous préférez dans l’univers du cosplay ?
AKBSamouraï — Je suis un fan de manga. Ça vient de là. Génération Club Dorothée, j’ai été élevé avec ça. En convention, on a vu d’autres cosplayeurs et on s’est dit… pourquoi pas ?
Nekocat — On avait un groupe d’amis fans aussi : c’est avec l’émulation qu’on s’est lancés là-dedans. Pour les personnages qu’on choisit d’incarner, on touche à tout, mais ils sont surtout issus du manga, de films ou de jeux vidéo.
AKBSamouraï — Ce qui me plaît surtout ce sont les conventions, pouvoir rencontrer des gens et d’autres cosplayeurs du même univers. Faire des photos ensemble, tout ça.
Nekocat — Moi les conventions ça m’épuise un peu même si je peux apprécier d’y aller avec un objectif, un concours, un tournage. Ce que je préfère ce sont les photoshoots. On réfléchit au lieu et aux poses au calme, et on peut vraiment faire ressortir le personnage comme on voudrait.
https://youtu.be/r7plKHPQsKc
- Vous aimez le cosplay… mais vous en pointez aussi les travers à travers vos strips et vidéos.
AKBSamouraï — Pour moi c’est une critique sympathique : on aime bien se moquer de l’esprit de compétition mais ça reste gentil je pense.
Nekocat — C’est aussi pour prendre du recul parce que le cosplay reste un loisir. Pas la peine d’être drama queen !
AKBSamouraï — Ce qui m’énerve surtout c’est la façon dont le cosplay est perçu. Beaucoup de personnes le considèrent comme « infantilisant » ou voient les cosplayeurs comme des gamins refusant de grandir, des espèces d’amuseurs de foire. J’aimerais bien changer cette vision-là.
Nekocat — Il y a aussi ceux qui s’imaginent qu’une fille en cosplay est là pour se faire tripoter. On a vu surtout des réactions à l’étranger, comme Cosplay is not Consent ; j’entends moins d’anecdotes à ce sujet en France… On voit un petit panneau de temps en temps mais aux États-Unis, ils ont carrément lancé une campagne ! On dénonce un peu ça dans les strips et les vidéos d’ailleurs, les cas des photographes qui viennent pour mater et s’attendent à prendre des photos osées.
AKBSamouraï — Ou les cosplayeurs qui font ça pour draguer vu que c’est un univers très féminin…
- Du coup quelle est votre vision du cosplay ? Comment vous le définiriez ?
Nekocat — C’est une activité super fun, créative qui développe des compétences très variées. Il s’agit de mettre la main à la pâte pour créer quelque chose, le montrer et le mettre en scène.
AKBSamouraï — Moi je suis plus intéressé par la partie « play », le fait de jouer un rôle ou les prestations en concours, et j’ai accentué ce trait dans le personnage du professeur qui aime se pavaner sans se fatiguer : il choisit des personnages faciles, il achète ses cosplays, il les fait faire par sa grand-mère… Cela dit, il ne faut pas hésiter à se lancer dans le cosplay sous prétexte qu’on a peur de ne pas pouvoir faire son costume, même si l’importance de la partie « technique » fait débat parmi les cosplayeurs.
Nekocat — Le placard (utiliser des vêtements déjà cousus) et les costumes achetés, c’est aussi du cosplay si on interprète son personnage, qu’on travaille son maquillage… on peut faire de très bonnes choses avec peu de moyens ! Je tiens au côté créatif et manuel mais il y a de très bons cosplays fabriqués avec peu de choses. Et puis le côté débrouille et système D du cosplay ça fait partie de l’univers et ça demande aussi pas mal d’imagination !
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Merci encore aux Crousti-Moelleux : n’hésitez pas à faire un tour sur leur chaîne ou à jeter un œil à leur webcomic !
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