La productivité est la plus importante des choses que l’entreprise demande à ses salariés. D’ailleurs, le salarié fraîchement recruté ne peut l’être que pour trois raisons :
- Son cul
- Ses liens de parenté avec le patron
- Sa productivité
D’ailleurs, toutes les questions que les employeurs posent en entretien n’ont qu’un seul but : jauger la productivité des potentiels employés. Enfin sauf si la question a trait à un canapé à l’heure du déjeuner. Là on est dans un autre registre.
Quoi qu’il en soit, le candidat retenu sera toujours celui qui a le meilleur ratio productivité / coût pour l’entreprise. L’entreprise est un monde de chacals enragés. Ce n’est pas ton capital sympathie que l’on engage. C’est ta capacité à faire venir l’argent dans les poches de l’entreprise (ou le cas échéant faire en sorte qu’il ne fuit pas trop vite), sans que tu en voies la couleur sur ta fiche de salaire. C’est uniquement pour cette raison que tu es payé.
C’est pourquoi, en tant que bonne salariée, impliquée dans la vie de l’entreprise, motivée et efficace, le matin en t’installant à ton poste de travail, tu répètes tel un mantra “productivité, productivité, productivité”, et qu’en plus, tu y crois. Aujourd’hui, tu ne seras que rapidité d’exécution, rigueur et initiatives intelligentes.
Sauf qu’en vrai, dès que tu auras appuyé sur le bouton d’alimentation de l’ordinateur, ce sera la fin de toutes ces belles promesses. La première coupable, c’est la tasse de thé trônant au milieu du bureau, vide.
Or, il est impossible d’être productif, déshydraté et décaféiné. C’est pour ça que pendant que l’ordinateur se met en route, tu iras te faire un thé. En même temps que toutes tes autres collègues qui pensent, elles, qu’il est inconcevable de démarrer une journée de productivité sans une bonne dose de potins.
Bonne dose qui dure le temps de vider deux grandes tasses, et qui donne irrémédiablement envie de faire pipi. Or, il n’est pas possible d’être productif avec la vessie pleine. Et comme les WC de ton étage sont moches, qu’il n’y a jamais de savon, et que tu aimerais bien savoir lequel de tes voisins de bureau tu surnommes “trace de pneu”, tu vas au troisième. Bon, les WC du troisième sont loin, mais il faut bien ça pour travailler dans de bonnes conditions.
Finalement, c’est hydratée, la vessie conditionnée, détendue que tu t’installes à ton poste. L’ordinateur est allumé. C’est là que le second ennemi (mais le plus coriace) de la productivité fait son entrée fracassante. Sous la forme d’une petite icône dans la barre des tâches appelée firefox, ou chrome, ou quand t’as pas de chance, internet explorer. Le pire ennemi de la productivité, c’est INTERNET.
Pourtant, on en a besoin au travail d’Internet. C’est même un support à la productivité : il était effectivement beaucoup plus long et compliqué d’envoyer des mails à l’époque où les ordinateurs n’existaient pas. Sauf que voilà : internet, c’est 1% de travail et 99% de tout le reste. Dont facebook, twitter, madmoiZelle, des vidéos de chatons, des boutiques de chaussures en ligne, des tutos pour bien mettre son vernis, des polémiques sur la grossesse de Beyoncé, gtalk, et farmville.
Comment rester productif quand LE MONDE ENTIER EST À PORTÉE DE CLIC ? Comment se contenter de remplir des tableurs excel alors qu’on sait qu’on peut faire des choses 10 000 fois plus palpitantes (comme par exemple traquer son ex sur facebook) ?
Tu es prise au piège. Il n’y a rien à faire. Tu peux éventuellement mettre en place des techniques de diversion. Moi par exemple, je ferme mon navigateur. C’est totalement inefficace puisqu’au bout de 28 secondes, je réalise que j’ai un besoin irrépressible de tweeter que j’ai ma culotte qui me rentre dans les fesses.
Parfois, j’essaie de jouer sur l’intimidation ou la culpabilité : j’imagine la réaction du boss s’il me voit en train de lire un article sur
la communication post-coïtale. Je l’imagine en train de m’assommer avec une boite à archives de rage. De me relier les doigts d’indignation, ou de me faire avaler mes post-it de colère. Et ça marche. Jusqu’à ce que je me rappelle de l’existence de alt+tab (ou cmd+tab). Et là patatra.
Être contre-productif n’est pas sans risque : outre le fait que le salarié risque de se faire démonter la carcasse s’il se fait attraper, il vit avec la culpabilité de savoir qu’il n’est pas du tout en train de faire ce pour quoi il est payé. Et que donc, il VOLE. Et voler c’est le mal. Mais c’est plus fort que lui.
C’est pour ça, madmoiZelle.com, que je t’annonce officiellement que si je suis une aussi mauvaise recrue, c’est en grande partie de ta faute.
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Les Commentaires
Hallucinant ouais!