L’art de procrastiner, jeune padawan, revient à mener une bataille constante contre le plus grand ennemi de la procrastination. La culpabilité. Celle qui te réveille au milieu de la nuit avec une question obsédante à laquelle tu sais qu’il te faudra trouver une réponse sous peine de passer les 4 heures qui suivent à te retourner sans cesse et sans espoir de fermer l’œil.
Celle à cause de qui tu ne sauras jamais pourquoi dans ton rêve Joseph Gordon-Levit tentait d’apprendre à ta grand-mère à faire un check. Tout ça parce qu’elle a décidé qu’il était temps que tu connaisses les 7 séquences du modèle de Laswell. La culpabilité c’est le mal. Il faut la combattre.
Connaître la culpabilité
Entre fin décembre et début janvier, la culpabilité marche par phase. Elle n’est pas très présente pendant le début des vacances car ton organisme la combat de façon naturelle. C’est un réflexe inconscient et tu n’as même pas besoin de réfléchir pour te donner des excuses : non mais c’est quand même NORMAL de se reposer pendant les vacances, quoi, tu as bien autre choses à faire que de réviser, genre boire un verre avec Lulu que tu n’as pas vue depuis AU MOINS UN SIÈCLE. Et puis après TROIS MOIS de durs labeurs tu peux quand même bien faire un break, non ? Tu as quand même bien le droit de TE REPOSER, de ne pas te laver pendant trois jours et de faire un élevage de miettes sous ta couette en re-regardant les trois premières saisons de True Blood, NON ?
La culpabilité ne refait pas surface avant Noël. De toutes façons, sortir tes fiches de révisions pendant les festivités, ce serait prendre le risque d’y faire des tâches de gras, et tu ne peux pas te permettre d’avoir des tâches de gras sur ton résumé du texte de Tocqueville sur la démocratie en Amérique. Ce serait péché.
La semaine entre Noël et le jour de l’An, elle te rend des petites visites surprises, comme pour constater l’état de ta motivation à ne rien faire. Tu as vite fait de l’assommer assez facilement en jouant la carte de l’esprit de famille. Et puis les décorations clignotantes du sapin, ça aide pas non plus, faut dire ce qui est. Et puis Lulu avait pas fini de te raconter sa rencontre d’avec son nouveau mec, alors…
Ce qu’il faut savoir, c’est que la culpabilité est une vicieuse, elle arrive fraîche comme un gardon le surlendemain du Nouvel An. Elle sait qu’à ce moment ton système immunitaire est beaucoup moins efficace parce que tu es totalement déphasée. Tu ne sais plus quel jour on est, ni quelle heure il est parce que tu as fait quatre décompte de minuit avec tes potes et que l’avant dernier était à 6h30 du mat’.
La culpabilité choisit ce moment-là, la fourbe, pour t’attaquer avec son arme la plus dangereuse : l’éclair de lucidité. Après un rapide calcul tu te rends compte que tu as 16 textes à réviser en une demi-journée, mais que ça c’est seulement pour l’examen du mardi matin. Il te faudra aussi travailler pour l’examen de l’après-midi et ceux du lendemain et du surlendemain. C’est à ce moment-là qu’il te faudra être d’une bravoure sans égale et ne pas flancher. Il te faudra faire preuve d’une force morale et d’une dextérité sans faille et sans limite pour vaincre cet ennemi qui va tenter de t’atteindre par tous les moyens, alors enfile ta tenue de ninja.
Combattre la culpablilité
En d’autres termes, déculpabiliser ou garder bonne conscience. C’est très simple. Dans la phase numéro 3, ton corps ne se défend plus par lui-même et c’est à toi de faire tout le boulot. La culpabilité peut se présenter à toi sous diverses formes : ta mère, ta conscience, ton pote sérieux ou un planning d’examen envoyé par la secrétaire de ta faculté.
Commençons par les deux derniers, ce sont les plus faciles à éliminer. Ferme ta boîte mail et ne l’ouvre sous aucun prétexte. De toutes façon tu sais très bien que les seuls messages intéressants arriveront sur ton adresse kikoo lol hotmail, pas sur celle que tu as donnée pour faire sérieux au moment de ton inscription.
Ensuite, convaincs-toi que la seule raison qui fait que Marco a passé ses vacances à réviser, c’est parce qu’il n’est pas normalement constitué. C’est un surhomme, ou peut-être même qu’il n’est pas du tout humain. Peut-être que son but est d’envahir la Terre mais qu’avant il a décidé d’étudier le comportement des étudiants afin de mieux pouvoir contrôler la future élite de la nation.
Rappelle-toi que Marco t’a toujours semblé bizarre, il n’a jamais goûté le panini Kebab de la cafet’ et il a même un jour mangé des salsifis. Et enfin, surtout, souviens-toi qu’il ne t’a même pas souhaité ton anniversaire, le p’tit con.
Ton pote Marco n’est même pas ton pote en définitive, ce qu’il peut faire, tu t’en fous et le fait qu’il soit sérieux démontre qu’il n’est pas humain. N’aie pas honte d’assumer ton humanité, lâche-donc cette plaquette de textes et retourne manger des chips devant la télé. Et si cet argument ne suffit pas, appelle le cas soc’ de ta promo, celui qui arrive toujours en retard et qui n’est jamais au courant des changements de cours. Demande-lui où il en est de ses révisions, avec un peu de chance, il ne saura même pas que vous avez des partiels et tu te sentiras beaucoup plus légère. C’est pas très gentil mais ça fait du bien.
En ce qui concerne ta mère et ta conscience, on est d’accord pour dire que c’est un peu la même chose. Tu sais qu’elles ont raison mais t’as vraiment la flemme de les écouter. Une seule solution, le compromis. La ruse aussi.
C’est très difficile de feinter sa propre conscience mais si tu arrives à faire croire à ta mère que tu es sérieuse, il y a des chances que tu te convainques toi-même. Dans un premier temps, tu peux troquer. Faire passer d’autres tâches essentielles avant de réviser. Passer l’aspirateur, laver les vitres, rendre visite à tante Lucette, ranger tes fiches de cuisines, compter les résolutions que tu avais faites pour le nouvel an et que tu n’as pas tenues (c’était quoi la première déjà ? Arrêter de réviser la veille pour le lendemain, c’est ça ?), faire ta liste de cadeaux de Noël pour l’année prochaine, manger un bout, écrire un article pour madmoiZelle…
L’argument à donner à ta conscience comme à ta mère : ce sont des choses très utiles, qu’il est nécessaire qu’elles soient faites, là, maintenant, sur l’heure. Ça retarde un peu l’instant fatidique où tu vas réellement devoir commencer à réviser… Pas pour longtemps, hey, après tout, tout travail mérite récompense et après 10 minutes de lectures des fiches, tu as bien mérité une petite pause.
Choisis une activité libératrice mais qui n’est pas non plus trop orgasmique pour pas que ta culpabilité revienne en mode « je prends mon pied mais je devrais pas », non, un truc soft. Joue à Tetris, va faire pipi, colorie tes ongles avec un stabilo. Et lorsque tu as fini, recommence. Lorsqu’enfin tu n’en pourras plus et que ta culpabilité reviendra à la charge, tu te rendras compte qu’il est beeeeaucoup trop tard pour commencer à réviser, ça ne servirait à rien de s’y mettre maintenant.
Tadaaaam, tu touches au but. Tu as plein de temps à toi toute seule, tu peux faire plein de choses intéressantes pour occuper le reste de ta journée. Squatter les profils facebook des amis de tes amis, lire la biographie de Pascal Sevran, apprendre à faire des nems ou lire un article sur la procrastination. Du bonheur en barre. Comme quoi, la procrastination, c’est pas difficile, il suffit de trouver la motivation et de s’y mettre une bonne fois pour toute.
À lire aussi (la procrastination nous inspire) :
- L’Instant Putassier – La procrastination
- La procrastination, mal du siècle
- Procrastination : on arrête presque tout
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
mes exams sont dans 15 jours et j'ai commencé à réviser la semaine dernière..
pourtant j'ai pleeein de films à voir, pleeeein de séries en cours, une fiche de série à mettre à jour sur Annuséries, une page facebook à faire tourner pour mon magazine ciné, ...
je sais pas comment je fais pour rester concentrer et vraiment me souvenir de tout