Ça fait plusieurs jours que plein de gens envoient à madmoiZelle le même article. Ce qui est plutôt rare.
Cet article, c’est le relais d’un procès pour viol. Et ce n’est pas un hasard s’il est tant partagé.
Le procès pour viol faute de « codes culturels »
Le Figaro a publié ce 23 novembre un article intitulé Dans la Manche, l’affaire du réfugié acquitté d’un viol fait polémique.
La journaliste, Agnès Leclair, relate un procès pour viol. L’accusé est un réfugié venant du Bangladesh. La plaignante une jeune femme qui affirme qu’il l’a violée quand elle avait 15 ans.
L’homme a été acquitté. Le Figaro indique, en se basant sur un article paru dans La Manche libre :
Au procès, l’avocate de la défense a invoqué des difficultés d’interprétation de son client qui « n’avait pas les codes culturels » pour prendre conscience qu’il imposait une relation par crainte ou par surprise.
Pourquoi ce procès pour viol attise les tensions
Parce que l’accusé est un réfugié venant du Bangladesh.
Parce que pour les personnes qui sont contre l’accueil des réfugiés en France, qui n’aiment pas trop trop la diversité et l’immigration qui a le mauvais goût de ne pas avoir la peau blanche, c’est du pain béni.
C’est une occasion parfaite de prouver que « ces gens-là ne sont pas comme nous », que « nous n’avons pas les mêmes valeurs
» et que leur présence est un danger, notamment pour nos tendres enfants.
Parce que les gens qui ont ces idées pensent que les féministes (comme l’équipe de madmoiZelle, donc) ferment délibérément les yeux sur les crimes sexuels commis par des personnes d’origine étrangère.
Ces crimes sexuels sont souvent la seule manifestation du sexisme dont ils se préoccupent, puisque c’est la seule qui sert leur idéologie.
Ce procès pour viol a-t-il vraiment eu lieu ?
Oui. Mais pour l’histoire des « codes culturels », c’est carrément moins sûr.
L’AFP Factuel, le site de fact-checking de l’Agence France Presse, a cherché à en savoir plus. Et le verdict tombe rapidement :
À aucun moment […] la question de « codes culturels » n’est évoquée ou utilisée pour justifier de l’acquittement.
[…] Le fait que l’argument des codes culturels ait été attribué à la cour, « c’est une fausse information, une interprétation absurde […] »
Le propre avocat de la jeune fille qui avait porté plainte pour viol, Me Jagou : cité par Ouest-France […] : « il s’agit d’une fausse information ou d’une mauvaise interprétation. La défense n’a pas du tout utilisé l’origine de l’accusé comme levier. »
Eh bien eh bien eh bien.
La culture du viol n’a pas de couleur de peau
Donc cette histoire d’accusé acquitté pour cause de « c’est pas sa faute il avait pas compris vu qu’il est étranger », qui arrangeait bien les gens anti-immigration, c’est du pipeau.
Par contre, cette histoire d’accusé acquitté, c’est très réel.
Trop souvent, les procès pour viol ne finissent pas avec une condamnation. Et ce, peu importe la couleur de peau de l’accusé.
Désolée de vous décevoir, les fachos, mais le patriarcat n’a pas d’origine, pas d’accent, pas de nationalité. En France, les femmes sont violées par des hommes. Pas par « ces hommes-là ».
Le parquet a fait appel du verdict. Peut-être qu’un nouveau procès changera la donne.
En attendant, j’espère voir ces gens si scandalisés par cette histoire se révolter de la même façon devant les chiffres des féminicides en France, et manifester dans des marches féministes pour lutter contre la culture du viol.
À lire aussi : Julie, qui accuse des pompiers de l’avoir violée, se sent abandonnée par la justice
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Les Commentaires
Je veux dire si vraiment il ne s'est pas dit qu'il la violait après qu'elle ait dit non, ça en dit long sur la façon dont il considérait cette jeune fille. Et que la justice lui donne raison sur ce point est aberrant.