Mise à jour du 19 juillet 2018
Larry Nassar a été reconnu coupable d’avoir agressé sexuellement des centaines de jeunes sportives dont il s’occupait en tant que médecin du sport, et condamné à passer plusieurs vies en prison (lire ci-dessous).
Une partie de ses victimes, trop nombreuses pour tenir toute sur une même scène, ont livré un moment puissant lors des ESPY Awards, une remise de distinctions sportives aux États-Unis.
Aly Raisman, gymnaste plusieurs fois médaillée d’or, a reçu en compagnie de toutes ces femmes l’Arthur Ashe Courage Awards. Son discours m’a collé des frissons :
« Nos actions, ou notre inaction, peuvent avoir d’immenses effets, qui se ressentent pendant plusieurs générations.
Peut-être que le pire, dans ce tragique cauchemar, c’est qu’il aurait pu être évité. C’est dans le silence que s’épanouissent les prédateurs.
Trop souvent, les gens décident de ne pas s’impliquer. Mais que vous choisissiez d’agir, ou de ne rien faire, vous modelez le monde dans lequel on vit, vous avez un impact sur les autres.
Tout ce qu’il nous aurait fallu, c’est qu’un adulte soit assez intègre pour se dresser entre nous et Larry Nassar.
Tout le monde traverse des périodes difficiles. C’est grâce à l’écoute, grâce à l’empathie que nous pouvons nous donner mutuellement de la force.
Nous souffrons en solitaire, mais c’est ensemble que nous survivons. »
Dans une interview, la championne olympique amène une nouvelle fois cette idée d’union qui fait la force, d’empathie. Elle prend son rôle très au sérieux, elle qui est devenue un des symboles de la lutte contre la culture du viol :
« Il y a tant de personnes qui ont survécu à ce genre de choses, et peu d’entre elles ont une voix. Je sais que je suis l’une des rares à être écoutée, et je veux être à la hauteur pour tous ces gens. »
Aly Raisman peut être fière d’elle. Car d’une survivante à une autre : elle est clairement à la hauteur.
Le procès Larry Nassar continue
Mise à jour du 17 mai 2018
Larry Nassar, accusé d’avoir agressé sexuellement des centaines de jeunes sportives dont il s’occupait en tant que médecin du sport, a été condamné à plusieurs vies en prison (lire ci-dessous).
Mais l’affaire n’est pas finie pour autant : comment a-t-il pu agir pendant des années, en toute impunité ?
L’université du Michigan, qui l’employait, était dans le collimateur. Mais un accord vient d’être trouvé avec les avocats et avocates de 332 victimes, pour un montant de 500 millions de dollars.
D’autres plaintes sont toujours en cours, notamment contre l’État du Michigan. Vous pouvez en savoir plus sur Le Monde.
Larry Nassar condamné à plusieurs vies en prison
Mise à jour du 1er février 2018
Larry Nassar, l’ancien médecin du sport affilié à la Fédération américaine de gymnastique, entame son 3ème procès à Charlotte, dans l’État du Michigan.
Et le nombre de ses victimes a encore augmenté. Ce sont désormais plus de 265 jeunes femmes, principalement des gymnastes, que Larry Nassar aurait agressées pendant plus de vingt ans :
« Considéré comme un « faiseur de miracles », il a agi en toute impunité alors que l’Amérique dominait la gymnastique mondiale, jusqu’aux premières révélations en 2016.
Le praticien de 54 ans avait auparavant été condamné à 60 ans de prison pour pédopornographie, un autre volet de l’affaire qui a fait chuter – trop tardivement selon les victimes – des dirigeants de USA Gymnastics. »
La suite à lire sur France info.
Larry Nassar, le médecin ayant agressé un nombre inconnu de gymnastes
Le 27 janvier 2018
Mercredi 23 janvier avait lieu le procès du
« plus grand scandale d’abus sexuel dans le sport », selon les mots de plusieurs journaux anglo-saxons.
Le condamné est Larry Nassar, médecin du sport ayant été en poste pendant des dizaines d’années à la clinique sportive de l’université de Michigan State, à la Fédération de gymnastique américaine et ayant dans ce cadre suivi des athlètes pendant quatre Olympiades.
168 jeunes femmes ont pu apporter leurs témoignages concordants, rapportant les « traitements » que leur faisait subir le médecin, qui relevaient en réalité de l’agression sexuelle – sans qu’on sache si toutes les victimes se sont fait connaître.
« Je ne peux même pas estimer combien d’enfants et de familles vulnérables vous avez réellement agressées » a asséné la juge Rosemarie Aquilina.
Celles-ci étaient des anonymes, autant que des stars de la gymnastique – McKayla Maroney, championne olympique, a par exemple largement contribué à médiatiser ce procès.
La juge a donné du crédit à chaque victime prête à témoigner. Elles se sont succédées pendant plusieurs jours pour raconter leur histoire.
Les témoignantes se sont tour à tour adressées à leur agresseur, faisant de ce procès une quasi-séance de thérapie comme l’a dit Kyle Stephens, citée dans Le Monde :
« « Les petites filles ne restent pas petites toute leur vie », a lancé Kyle Stephens, l’une des premières à témoigner, qui a dit de ce procès qu’il « a été horrible mais étonnamment thérapeutique ». »
Le témoignage de Kyle Stephens, en vidéo. Attention, les mots sont crus.
Rosemarie Aquilina, juge intransigeante
La juge a clairement pris le parti des victimes, et sa sentence a été très remarquée.
Elle s’est adressée notamment à Larry Nassar lui-même, qui avait quelques jours auparavant déploré le fait d’être forcé à assister aux témoignages de ses victimes.
Ce à quoi elle avait répondu que « passer quatre ou cinq jours à les écouter est une épreuve mineure, comparée aux heures de plaisir que vous avez eues à leurs dépens. »
La juge a également lu une partie d’une lettre de plainte qu’il avait écrite, en finissant pas un « mic drop de l’ère moderne » :
Son attitude est hautement compréhensible, lorsqu’on sait que la dite lettre contenait par exemple les affirmations suivantes :
« J’étais un bon docteur parce que mes traitements fonctionnaient, et ces patientes qui aujourd’hui me dénoncent sont les mêmes que celles qui me remerciaient et revenaient encore et encore, me conseillant à leur amis et famille.
Les médias les ont convaincues que ce que j’ai fait était mauvais. Elles ont le sentiment que j’ai trahi leur confiance. Hell hath no fury like a woman scorned. »
Cette dernière expression signifiant en substance « Les Enfers n’ont pas de pire furie qu’une femme repoussée », elle a provoqué l’ire de l’assemblée.
Larry Nassar condamné à la prison vie, pour plusieurs vies
En prononçant sa sentence que vous pouvez lire dans son intégralité ici ou à laquelle vous pouvez assister là, la juge a accusé Larry Nassar de n’avoir jamais pris en main son problème :
« Monsieur, vous saviez que vous aviez un problème, ça me semble clair. […] Mais le pire, c’est qu’il n’y a pas une survivante qui soit venue ici et n’ait pas dit à quel point vous étiez renommé. Je leur fait confiance.
Vous auriez pu aller n’importe où dans le monde pour vous faire soigner. […] Mais vous avez décidé de ne pas résoudre ce problème qui vous fait perdre le contrôle et fait de vous un prédateur sexuel. »
Elle a donc appliqué une sentence très sévère entre 40 et 175 années d’emprisonnement, une peine qui s’ajoute à celle qu’il purge déjà pour possession de pédopornographie, estimant qu’il n’avait lui même pas conscience du danger qu’il représentait.
Si une sentence a été prononcée, de nombreuses victimes en appellent toujours à la responsabilité des instances – la fédération de gymnastique, l’université du Michigan, le comité Olympique – qui ont permis à ce prédateur sexuel d’exercer et d’agresser pendant toutes ces années.
Simone Biles a par exemple estimé le 15 janvier dernier sur Twitter qu’une enquête devait être menée, pour « savoir pourquoi cela a pu se produire pendant si longtemps et toucher autant d’entre nous ».
La gymnaste prenait la parole après s’être tue pendant longtemps, et son discours est celui d’une battante :
« Je n’ai plus peur de raconter mon histoire.
Je suis l’une des nombreuses survivantes ayant été abusée sexuellement par Larry Nassar. […]
Il n’est pas normal de recevoir un traitement de la part d’un médecin renommé de l’équipe américaine et d’en parler de manière horrible comme d’un traitement « spécial ». […]
Depuis trop longtemps je me suis demandée « Étais-je trop naïve ? Était-ce ma faute ? ». Je connais désormais la réponse à ces questions. Non. Non, ce n’était pas de ma faute. Non, je ne vais pas et je ne devrais pas porter une culpabilité qui revient à Larry Nassar, USAG, et à d’autres. […]
Je sais que cette expérience horrible ne me définit pas. Je suis bien plus que ça. Je suis unique, intelligente, talentueuse, motivée et passionnée.
Je me suis promise que mon histoire serait bien plus grande que ça et je vous promet à tous et toutes que je n’abandonnerai jamais. […]
Je ne vais pas laisser un homme, et ceux qui lui ont permis de faire ça, me voler mon amour et ma joie. »
Le Comité Olympique exige la démission des têtes de la Fédération
Les survivantes se sont succédées au micro, et certaines ont fermement dénoncé l’absence de réaction de la part des adultes, ainsi que la responsabilité de la Fédération Américaine de Gymnastique.
Aly Raisman, triple championne olympique, a lu une lettre intransigeante envers les instances sportives.
Le témoignage d’Aly Raisman, qui interpelle également la Fédération de Gymnastique.
Et effectivement, le Comité Olympique attend les têtes de la Fédération Américaine.
« Le Comité Olympique américain veut la démission du comité de direction de la Fédération américaine de gymnastique d’ici mercredi, sans quoi la Fédération perdra sa certification »
En clair, plus de Jeux Olympiques pour la Fédé américaine de gymnastique, tant que les dirigeants actuels conserveront leur poste.
Mais les membres du comité directeur ont d’ores et déjà fait savoir qu’ils se plieront aux demandes du comité Olympique. Le New Tork Times rapporte que plusieurs démissions ont déjà été entérinées, et que les autres suivront.
À lire aussi : L’appel de Brock Turner, le « violeur de Stanford », rejeté par les juges
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