L’un des plus grands procès néonazi s’ouvre aujourd’hui à Munich. Un évènement judiciaire qui donne le tournis : 5 juges devront déterminer le rôle des accusés. Ils entendront 600 témoins, il y aura 77 parties civiles défendues par une cinquantaine d’avocats. Le palais de Justice sera protégé par 500 policiers.
Pourquoi un tel dispositif ? Pour juger Beate Zschäpe ainsi que quatre autres présumés complices. La femme âgée de 38 ans est la principale accusée dans ce procès qui jugera 9 meurtres à caractère xénophobe entre 2000 et 2006, en plus de celui d’une policière en 2007.
Beate Zschäpe ne s’est pas exprimée depuis son arrestation le 8 novembre 2011, date à laquelle elle s’est elle-même rendue à la police après treize ans passés à vivre dans la clandestinité. En plus des meurtres mentionnés ci-dessus, elle devra également répondre de deux attentats contre des communautés étrangères ainsi que quinze braquages.
La police est sévèrement critiquée puisqu’elle n’a jamais démasqué la jeune femme au moment des agissements et que la trentenaire ne s’est rendue que quatre jours après le suicide de deux de ses comparses, Uwe Mundlos et Uwe Böhnhardt, membres avec elle du NSU, groupuscule d’extrême-droite comme le rappelle la correspondante Lise Jolly pour le Mouv’ dans le 7/8 de ce matin :
Les dossiers des trois complices étaient apparemment « connus des services de renseignement intérieur depuis les années 90
». Le directeur des RG allemand avait par ailleurs dû démissionner en juillet 2012 suite à des révélations montrant qu’il existait une relation entre des agents des services en question et des membres de milieux néonazis proches des meurtriers présumés. Des informations capitales allant dans ce sens auraient été détruites.
La police n’a-t-elle pas suffisamment pris au sérieux la piste des crimes racistes ? À quel point les agissements du groupuscule ont-ils été minimisés ? Tout ce qui tourne autour de ces meurtres devrait être mis en lumière lors de ce très long procès qui a débuté ce matin. Toujours est-il que, comme une preuve ultime du fait que les évènements sont particulièrement pris au sérieux, l’Allemagne a présenté ses excuses à l’ONU il y a quelques jours pour les erreurs commises au cours de l’enquête.
Beate Zschäpe est arrivée à son procès ce matin, un peu avant 11h, vêtue d’un tailleur noir et souriante à en croire la correspondante à Berlin pour le Guardian Kate Connolly sur Twitter (réseau social sur lequel on peut suivre le procès via le hashtag #NSU). À l’extérieur du palais de Justice, des militants se sont rassemblés pour protester contre le racisme et le néonazisme. En l’honneur des victimes du gang, des ballons noirs ont été lâchés comme le montre une photo publiée par MuenchenTV. Reste à voir non seulement quelle sera l’issue du procès, mais aussi quelles seront les conséquences politiques de la discussion « au sein de la société sur le problème de la violence d’extrême droite et du racisme en Allemagne » espérée par un des avocats des parties civiles cité par l’AFP.
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