Publié le 26 juin 2018
Tu aimes le nouvel an ? Tu sais, ce jour où on DOIT s’amuser coûte que coûte, où l’on doit supporter les gens qui hurlent et font les kékés dans le métro, et durant lequel il est parfaitement impossible de se déplacer en ville ?
Moi, comme je n’aime pas faire comme tout le monde et surtout que je déteste cette date, j’ai préféré la passer dans un lit d’hôpital plutôt que sur un dancefloor à remuer ma couenne sous une boule à facettes.
Je te raconte ?
Une envie de sud
En 2016, je décidai de faire plaisir à mon mec et d’aller passer le nouvel an dans le sud, à Marseille d’où il est originaire. Loin d’être une corvée, ce séjour s’apparentait plutôt à une retraite de rêve, en théorie.
Mais avant d’aller à Marseille, nous irions deux jours à Solliès-Pont, où mon amie Louise passe le plus clair de ses vacances. Sa maison est un havre de paix perdu dans les figuiers et la vigne vierge.
Une grosse bâtisse avec un ancien bassin agricole transformé en piscine. Là-bas, nous coulerions des jours heureux, à boire de la bière artisanale et fumer trop de cigarettes.
C’était le plan.
Un début de séjour calme et reposant
Et il débuta exactement de cette manière. Le 30 décembre, à 10h30 du matin, nous préparions le barbecue quand je réalisai à quel point j’étais bien, dans le sud, à plusieurs kilomètres de la maison voisine. Nous étions isolés, et c’était pile poil ce dont j’avais besoin.
La journée se déroula sans encombres et sous le signe de la rigolade.
Louise était contente de nous recevoir, et nous étions contents d’être chez Louise.
Aux petites heures du soir, alors que la nuit recouvrait la bâtisse, je souffrai d’un soudain mal localisé tout en bas de mon ventre, plutôt du côté droit.
Un mal aigu, qu’il était difficile de faire taire, même à l’aide de Nurofen flash qui me calmait d’ordinaire.
Je décidai d’être courageuse et de ne pas m’écouter. Sûrement un problème hormonal.
Les heures passèrent et avec elles s’intensifiait la douleur.
Sur le coup de 23h30, mes amis me conseillèrent d’aller me coucher, pour me reposer un peu.
Mon mec me glissa à l’oreille avant que je ne parte « prends le téléphone avec toi, si ça ne va pas, on appelle tout de suite l’hosto. »
Une souffrance de moins en moins supportable
« Quel hosto ? On est au milieu de la pampa ! » lui répondis-je.
Après une heure de sommeil, je me réveillai trempée, avec le pire mal de ventre que j’avais jamais expérimenté.
Je me levai dans l’intention d’aller prendre un nouveau cachet dans la salle de bain, mais fus prise de vertige. Après être tombée par terre, je me trainai mollement jusqu’aux toilettes, pour aller y vomir le contenu de mon repas.
La fièvre était si intense, qu’il m’était impossible de rejoindre mon lit.
J’hurlai pour réveiller mon mec, qui me rejoignit, paniqué. Il souleva mon t-shirt et découvrit mon ventre tout dur.
« Ça suffit les conneries maintenant ! On appelle les pompiers. »
Je lui gueulai de se grouiller. Je sentais que j’étais sur le point de clamser. Pour ne pas tomber dans les pommes de douleur, je m’accrochai à la baignoire et tentai de rester éveillée.
« Allez Kal, tiens le coup, ils seront bientôt là. »
Sauf que… c’était faux.
Les pompiers venaient non seulement de loin mais devaient surtout se confronter à un problème de taille : la maison de Louise se trouve au bout d’une très longue route terreuse, absolument pas éclairée.
Des déplacements compliqués
En gros, impossible d’y voir à 3 mètres. Un calvaire. Et il n’étais pas non plus possible pour mes amis de m’emmener à l’hôpital
car tout le monde avait bu plus que de raison.
Résultat, mon mec alluma les phares de la bagnole pour indiquer notre positionnement aux pompiers, et après plus d’une heure ils finirent par débarquer.
Là, les questions débiles fusèrent :
« Avez-vous vos règles ? Avez-vous été aux toilettes aujourd’hui ? »
Je leur répondis en postillonnant :
« Putain mais je vais crever bordel. Je connais la douleur des règles, et c’est pas ça ! Emmenez-moi à l’hosto bordel ! »
En des termes à mon avis bien pire. Ah, la douleur.
Finalement, après quelques blagues vaseuses et très inappropriées, ils décidèrent d’enfin m’emmener à l’hôpital.
Un type blasé m’y donna du Xanax, pour calmer mon « hystérie », terme exact qu’utilisa un médecin pour se plaindre de moi auprès de mon mec.
Celui-ci lui rétorqua que j’étais à deux doigts de crever et qu’il ferait mieux de me faire passer des examens.
Le pauvre était dans un état presque pire que le mien, tant il était inquiet.
Les sédatifs qui m’avaient été administrés calmèrent ma colère mais me firent exploser en sanglots. On était le 31 au matin, et tout ce à quoi je pensais était : pauvre Naël, il va passer le pire nouvel an de sa vie.
Un diagnostic tardif
Lui me rassurait, me disait que la seule chose qui comptait était que les médecins me soignent.
Finalement, des médecins j’en ai vu plusieurs. Et le premier a diagnostiqué… une gastro. Consultation au terme de laquelle il me conseillait de prendre du Smecta.
« C’est très courant à cette période de l’hiver. Et puis vous auriez abusé de la nourriture que ça ne m’étonnerait pas. C’est ce que font les gens en période de fêtes. »
J’étais à deux doigts de lui arracher la jugulaire avec les dents.
Je demandai un second avis médical. Requête à laquelle personne ne voulait donner suite. Après que mon mec a vivement insisté, je consultai finalement une gynécologue, à moitié mourante sur mon brancard.
Le verdict était sans appel : je devais être opérée dans l’heure pour cause de salpingite aiguë et d’abcès à l’ovaire.
Si tu ne connais pas la salpingite, il s’agit d’une inflammation d’une trompe qui peut aussi bien n’avoir que de très petites conséquences que de très grosses, à savoir la stérilité.
La peur d’être seule
Une saloperie quoi.
Ce qui aurait pu ne pas être grave, l’avait finalement été pour cause de négligence de ma part. En effet, depuis plusieurs mois je souffrais régulièrement de crises spasmodiques que je prenais pour des manifestations hormonales.
Bref, on m’amena rapidement en salle d’opération, où on essaya de calmer mes angoisses.
L’intervention se déroula sans encombres et les médecins furent adorables dès que j’ouvris les yeux.
Au réveil, j’étais pourtant effrayée : allais-je devoir passer la nuit toute seule, alors que c’était le 31 décembre ?
J’avais plus peur d’une potentielle solitude que d’une douleur post-opératoire.
L’infirmier me fit passer de couloir en couloir, allongée et molle comme une carpe décédée sur le brancard. Tout l’hôpital était endormi et j’entendais les clameurs lointaines des fêtards.
Le meilleur mec
Alors que l’infirmier entrouvrit la porte, je vis mon mec debout, en costume, les yeux humides, une bouteille de champagne à la main.
Il avait insisté pour rester auprès de moi toute la nuit, sur un matelas d’appoint et m’avait préparé une petite fête pour tout de même célébrer ce 31 décembre.
Résultat, je me mis à pleurer comme une madeleine, et il avait les yeux mouillés.
Je ne pouvais bien sûr pas boire de champagne, mais il but à ma santé et mangea pour deux.
Moi, j’étais sous morphine et planais complètement. Finalement, nous passâmes la soirée devant Patrick Sebastien, mais ça n’était pas grave : nous étions ensemble.
Mon amie Louise est venue me rendre visite dès le lendemain matin, et resta quelques heures, désolée d’avoir sous-estimée la gravité de la situation.
Après plusieurs jours à l’hôpital, on me laissa finalement sortir mais sous une condition : rester chez moi pendant plusieurs semaines pour guérir et me remettre sur pieds.
L’issue de cette histoire est positive : je suis désormais en bonne santé, mes trompes vont à peu près bien, mon ovaire est flambant neuf, et mon mec est la meilleure personne qui existe.
Toutefois, j’ai un conseil à te donner, à toi qui peut-être n’écoute pas suffisamment ton corps : fais-toi confiance.
Si tu penses souffrir d’un quelconque mal, n’aie pas peur de faire chier tes potes, les médecins etc, et demande à ce qu’on cherche VRAIMENT ce que tu as.
C’est mieux que de mourir.
En tout cas, j’ai désormais une certitude : je passerai difficilement un pire nouvel an que celui-ci.
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On a hâte de vous lire !
Les Commentaires
Mon médecin pour ça est un bon médecin, il prend ta douleur au sérieux. Il est juste hyper avare pour les arrêts maladie, je comprends pourquoi vu les abus. Mais bon. A force de te faire culpabiliser quand t'es malade, te dire que c'est viral, ça va passer avec du doliprane et du sirop à la bave d'escargot goût framboise disponible en pharmacie dans ordonnance, tu finis par avoir la flemme de te taper 2 heures de salle d'attente pour des médocs que tu as en pharmacie, surtout si c'est pour supplier d'avoir 2/3 jours d'arrêt pour te remettre au chaud et ne pas contaminer tes collègues.
Du coup, y'a deux ans, quand j'ai commencé avec le petit rhume avec fièvre le soir, et la toux, bah je me suis dit: pfuit, une petite bronchite, c'est viral, doliprane toutes les 6 heures, une cuiller de sirop 3 fois par jour et hop là. Sauf qu'au bout d'une semaine, la fièvre a empiré, je faisais trembler les murs. Pneumonie, j'ai quand même failli faire un séjour sous respirateur et un mois d'arrêt au final.
Mais bon, j'ai beau expliquer que MOI quand j'y vais, c'est VRAIMENT car je me sens pas bien... bah voilà, tu te bas sans arrêt et au final, par usure, tu finis par poser des congés.