Douze lauréates en cent dix-sept ans d’existence… Un maigre bilan pour les autrices, alors que le prix Goncourt 2020 est attribué à Hervé Le Tellier, auteur du roman L’Anomalie. Cette année, sur les quatre finalistes, une femme était en lice. Il s’agissait de Djaïli Amadou Amal, autrice du roman Les Impatientes.
Depuis sa création en 1903, l’histoire du Goncourt demeure essentiellement un prix d’hommes remis par d’autres hommes. Ainsi, en cent dix-sept ans d’existence, on compte seulement 12 lauréates, soit près de 10 % des gagnants. Un résultat… faible, dirons-nous.
C’est 41 ans après la création du prix qu’Elsa Triolet est la première femme à recevoir ce prix et à être reconnue par ses pairs. C’était en 1944, pour le livre Le premier accroc coûte 200 francs.
Depuis, peu de femmes ont été couronnées et surtout, elles ne se sont jamais succédées. Alors qu’on pouvait croire que le 21e siècle offrirait une meilleure visibilité aux autrices, le Goncourt demeure peu paritaire.
Depuis les années 2000, seules trois femmes ont été primées dont Marie N’Diaye en 2009, Lydie Salvayre en 2014 et Leila Slimani en 2016. Ces quatre dernières années, quatre hommes ont été couronnés : Éric Vuillard, Nicolas Mathieu, Jean-Paul Dubois et Hervé Le Tellier. Une absence de diversité parmi les lauréats qui reflète celle du jury.
Les femmes minoritaires dans le jury Goncourt
Composé de dix membres, l’académie Goncourt est une institution qui n’a jamais été paritaire depuis son existence. Aujourd’hui, elle compte trois femmes et sept hommes.
Autour de la table, les femmes n’ont jamais dépassé le nombre de trois couverts. Impossible de franchir ce quota car bien trop souvent les femmes succèdent aux femmes et les hommes aux hommes.
Ainsi, le 11 février 2020 deux couverts se libèrent, celui de Virginie Despentes et de Bernard Pivot, sur le départ. Afin de pallier ce manque de parité, Didier Decoin, président de l’académie, promettait au micro d’Europe 1 que deux femmes intégreront le jury.
« Ce ne sera pas deux hommes. On est quand même court en femmes donc si on peut trouver deux femmes, c’est mieux », assurait-il.
Le critère : être connue du public. Le président se justifie en affirmant que c’est « un prix populaire donc ce n’est pas la peine d’aller chercher une écrivaine qui fait de la littérature de laboratoire. »
Pourtant, ils seront remplacés réciproquement par Camille Laurens et Pascal Bruckner. Sur les 62 membres qui ont siégé au sein de l’Académie, il n’y a eu que huit femmes.
La nécessaire lutte d’une meilleure représentation des autrices
Du terme « autrice » aux prix littéraires, la parité dans ce monde a encore des marges de progrès.
Après avoir fait débat, il a fallu attendre le 28 février 2019 pour que le terme « autrice » soit reconnu par l’Académie française. L’enjeu du mot est important car il répond à la question des violences symboliques.
Dans un premier temps, il permet de lutter contre l’effacement des femmes dans la littérature.
Pour l’historienne Aurore Evain : « Quand on ne peut pas être nommé dans une fonction, on va avoir beaucoup plus de mal à se sentir légitime et aller réclamer une augmentation de salaires et des égalités ».
La féminisation permet à la langue d’être fonctionnelle et d’ouvrir plus de place aux femmes dans la culture littéraire.
Il faut lire des autrices pour sortir d’une vision masculine et parfois clichée des femmes. Lire des écrits de femmes semble nécessaire car c’est adopter un autre angle de vue et soutenir la littérature féminine.
Contrairement aux prix littéraires, les succès des autrices en libraire sont nombreux. Lisez Djaïli Amadou Amal, Virginie Despentes, Fatima Daas ou bien encore Pénélope Bagieu pour les amoureux de BD !
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