Une banlieue de Boston glauque et pluvieuse, l’enlèvement de deux fillettes, Hugh « Wolverine » Jackman qui tourne au whisky, un psychopathe avec des lunettes à triple foyer… tous les ingrédients d’un film sur le kidnapping sont bien dans Prisoners.
Quand Joy et Anna sont enlevées le jour de Thanksgiving, Keller, le père d’une des deux petites, va tout mettre en œuvre pour retrouver sa fille. Même si un suspect est vite arrêté, les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amincissent…
Le réalisateur d’Incendies et du très prochain Enemy signe un thriller oppressant qui, malgré ses 2h30, passe en un clin d’oeil. Qu’on ne s’y trompe pas : Prisoners
n’est pas du tout un film d’horreur, on sursaute finalement très peu, les crises d’angoisse étant remplacées par des mains moites à ne plus pouvoir en tenir le paquet de pop-corn.
Côté acteur, nous retrouvons un Hugh Jackman beaucoup moins coolos que dans la pub Lipton, dans un rôle qui lui offre une belle occasion de prouver que oui, malgré son discutable Jean Valjean, c’est un grand acteur. Il arrête de cabotiner pour laisser place à l’humanité d’un père dévasté, partagé entre peur et colère, qui lui va à ravir.
Jake Gyllenhaal est brillant en officier de police ; sa prestation est justement dosée et son personnage ne devient pas pénible comme dans beaucoup d’autres films du genre. Là où le flic beaucoup trop impliqué sentimentalement dans l’affaire aurait été limite saoulant, Gyllenhaal reste sobre. Il est obsédé par l’affaire, mais parce que c’est son boulot, pas parce sa mère l’a perdu dans un Monoprix quand il avait 3 ans et que depuis, il est traumatisé.
Un jeu très juste, qui apporte au film la stabilité dont il avait besoin pour assumer sa lenteur… Effectivement Prisoners, ce n’est pas Taken : les coups de feu ne résonnent pas toutes les demi-secondes, l’action et la réflexion sont mises sur un pied d’égalité, tant mieux.
Le film, à la manière d’une oeuvre de David Fincher, fait naître des questions au-delà de celles — évidentes — posées par l’intrigue : la peine excuse t-elle tout ? À quel point sommes-nous influencé-e-s par nos croyances ? Pourquoi les toilettes du ciné sentent-elles toujours un peu le pipi, même propres ?
Le petit bémol de Prisoners reste quelques niveaux de récits moins exploités que d’autres ; l’intrigue autour du labyrinthe, par exemple, attise la curiosité mais pour finalement pas grand-chose, elle nous perd un peu (oui, je sais, c’est le but d’un labyrinthe).
Bref, on pourra toujours lui trouver quelques défauts mais ce qui ressort de Prisoners reste sa psychologie bien plus complexe que la majorité des thrillers, et la capacité du réalisateur à ne nous laisser aucun répit malgré un film plutôt lent. En sortant, nous sommes horrifié-e-s à l’idée de perdre l’un de nos enfants au cours d’une soirée… ou notre iPhone 5, tout dépend des priorités. Sachez que s’il est en mode vibreur, les chances de le retrouver sont réduites de moitié (l’iPhone, pas l’enfant).
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Les Commentaires
Ne t'excuse pas!
Oui je parle de la scène finale car l'intrigue avait moyen de continuer durant longtemps mais (je mets ça en spoiler car je spoile):