Une adaptation réussie
Princesse Sara, série BD d’Audrey Alwett et Nora Moretti, rappelle par son titre l’anime plutôt gnangnan Princesse Sarah. Ce sont en effet deux adaptations de La Petite Princesse, un roman jeunesse écrit à la fin du XIXème siècle par Frances Hodgson Burnett (Le petit Lord, Le Jardin Secret…) !
Si la BD prend plus de libertés dans son adaptation avec notamment un cadre steampunk assez séduisant et même une suite originale, force est de constater qu’elle demeure très fidèle au ton du roman. On y suit les pas de Sara Crewe, fille d’un richissime fabricant d’automates, qui se retrouve, à la mort soudaine de son père, déshéritée et contrainte de travailler comme une souillon dans son pensionnat sous les ordres de la terrible miss Minchin…
Les quatre premiers tomes de la BD suivent donc le déroulement du roman, qui s’achève sur une happy end. L’ensemble est cependant loin d’être niais
car la scénariste a très bien cerné la guerre psychologique entre Sara et Minchin, et su développer des personnages secondaires qui deviennent plus nuancés que dans le roman, comme Ermengarde ou Lavinia.
Quant au trait de Nora Moretti, il sert à merveille l’histoire. Dans un univers très art nouveau chargé d’arabesques et de motifs aux couleurs lumineuses, les personnages évoluent avec grâce et vivacité. L’univers rend justice au luxe vestimentaire et aux rêveries de Sara, le tout est très séduisant et accessible. À mettre entre toutes les mains !
Une suite originale
Dans la suite de la série, on retrouve Sara adulte, gérant seule son héritage et partie en Inde sur les traces de son père. Manigances mondaines, secrets, déguisements, intrigues amoureuses et histoires de famille sur fond d’Inde coloniale sonnent comme un rocambolesque roman de gare, tout à fait assumé par les auteures, qui glissent dans leur intrigue des extraits de « Lady Berry », auteure fictive et genre de Barbara Cartland du XIXème.
Cette mise en valeur du romanesque féminin, présenté très justement comme un échappatoire pour les femmes prises dans un carcan victorien, m’a beaucoup plu. Depuis des siècles, on voit dénigrés un peu trop facilement les « niaiseries » et le « fleur bleue » : c’est un plaisir de voir un hommage si juste à ce genre littéraire.
L’héroïne, qui envoyait déjà du pâté dans les premiers tomes, évolue également de façon intéressante en devenant à son tour une créatrice d’automates qui met son imagination au service de la technique. Les autres personnages, nouveaux venus comme vieilles connaissances, sont tous bien campés et, s’ils ne sont pas tous attachants, ils sont au pire agréables à détester.
Le tome 7 de la BD en lui-même ? Il est bien rempli, avec le retour annoncé dans le titre de Lavinia la peste, ennemie jurée de Sara, qui se révèle une jeune femme au caractère plutôt attachant. Plusieurs intrigues commencent à se dénouer et on sent la fin de cycle. Pour l’aspect visuel de la BD, c’est toujours très réussi et agréable, évidemment. Un bon moment de lecture en perspective !
Lavinia envoie chier le slut-shaming victorien
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Les Commentaires
Par contre, en grande fan de l'anime, je ne dirais pas qu'il était gnangnan... C'était bien plus que ça, et il mérite des qualificatifs un peu plus positifs.