La gêne des femmes face à leur médecin traitant ne cesse de s’intensifier ces dernières années. D’après un sondage d’OpinionWay, paru le 5 mai dernier sur le site deuxiemeavis.fr, relayé par ELLE, 44% des femmes n’osent pas confier certains sujets concernant leur santé à leur médecin traitant. Chez les hommes, cet embarras est moins fréquent, même si 30% d’entre eux révèlent partager le même ressenti.
Les femmes, une fois leur diagnostic établi ou un traitement prescrit, sont nombreuses à visiter des sites médicaux spécialisés afin d’obtenir un complément d’information, souvent pour mieux comprendre ou répondre aux interrogations qu’elles ont préférées taire face à leur médecin traitant. Toutefois, d’après l’étude d’OpinionWay, parmi les 1 031 personnes sondées, 61% affirment parler sans complexe à leur docteur.
Un embarras très présent chez les femmes âgées entre 18 et 24 ans
Certes, cette incommodité serait reliée au genre du patient mais elle est surtout très présente chez les jeunes femmes : 54% des 18-24 ans avouent être mal à l’aise lorsqu’elles doivent aborder des sujets intimes avec leur médecin traitant. Elles ne sont que 21% à éprouver la même gêne chez les femmes de 65 ans et plus.
Mais quels sont les facteurs à l’origine de ce phénomène ? La timidité, la crainte de passer pour une ignorante, la honte aussi quant à son hygiène de vie… Les femmes ont aujourd’hui mille et une raisons de dissimuler certaines choses à leur docteur. Pour Ronan Chastellier, sociologue et maître de conférence à l’Institut d’Études Politiques de Paris, et co-auteur de l’étude, cette peur ne doit pas rester ancrée :
« La gêne d’aborder certains sujets ne se cantonne pas à la sphère de l’intime, elle peut aussi concerner des questions précises sur la maladie, questions qui ne seront pas posées au risque de paraître simple d’esprit. Or, en particulier dans le domaine de la santé, il n’y a jamais de questions bêtes. Toutes les interrogations doivent être posées pour dissiper le moindre doute et comprendre dans les détails ce qui nous arrive. »
Rappelons que d’après le serment d’Hippocrate, diffusé sur le site du conseil national des médecins, texte fondateur de la déontologie médicale : « Au moment d’être admis(e) à exercer la médecine », le médecin promet et jure « d’être fidèle aux lois de l’honneur et la probité » en respectant « toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou conviction ». Porté par le secret médical, le médecin reste, normalement, le fervent gardien de vos secrets les plus intimes.
D’après Service-Public.fr, site officiel de l’administration française, la violation du secret médical, sauf dans des cas particuliers, est sanctionnée par une peine maximale d’un an de prison et de 15 000€ d’amende car « un médecin a l’obligation de fournir à son patient une information loyale, claire et appropriée sur son état de santé. »
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Image en Une : © Klaus Nielsen – Pexels
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Les Commentaires
Actuellement, la formation repose justement sur ne pas se comporter de manière autoritaire ou paternelle, il y a pas mal de cours de communication d'ailleurs donc non ce n'est pas la formation le problème (du moins pour les jeunes médecins).
Je pense que le gros problème, c'est qu'il y a beaucoup de burn out, les horaires sont conséquents pendant toute la formation et à son compte aussi en général, ce qui fait que leur patience est mise à rude épreuve. Parce que forcément quand tu es interne entre le stress et les 60H voire 80h par semaine pour certaines spés, ça te met pas forcément dans de bonnes conditions pour être bienveillants. Tant qu'il y aura pas plus de budgets à l'hopital, c'est pas 3 cours de comm qui feront des miracles hein, faut se le dire.
Edit : d'ailleurs il y a des stats qui ont été faites sur l'empathie qui a tendance à diminuer au cours des années d'études de médecine. Et spoiler alerte, ce n'est pas parce qu'ils nous disent en cours de se comporter en méchants je sais tout autoritaire mais à cause du stress, des horaires, de l'ambiance à l'hôpital souvent difficile. Rappelons qu'énormément d'étudiants en médecine (pour les infs c'est pareil je crois) ont des envies suicidaires bien plus importantes que la moyenne.