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Prenez les paris : quel est le sujet de discussion le plus épineux entre parents ?
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Prenez les paris : quel est le sujet de discussion le plus épineux entre parents ?

Temps d’écran, éducation positive, pas de sucre avant un certain âge, tant de sujets sur lesquels s’écharper avec nos proches lorsque différents points de vue se confrontent. Mais quels sont les sujets qui divisent le plus ? Et comment se défaire du jugement des autres ?

En tant que parent, il est difficile de ne pas se sentir jugé sur certains sujets, ou de ne pas comparer son enfant aux autres. Au cours d’une discussion informelle avec d’autres parents, il arrive ainsi que le ton monte quand vient le moment de vanter les mérites de son éducation, ou les compétences de son enfant. Quel est donc le sujet de discussion qui vous fera vous engueuler avec vos amis parents ?

Ces sujets qui divisent le plus

Lorsque l’on pose la question à un panel de parents, le sujet de conflit le plus évoqué concerne l’éducation donnée aux enfants. Entre certains parents jugés trop laxistes, d’autres trop sévères, et les avis divergents sur l’éducation bienveillante, il n’est pas rare que les remarques fusent.

« Mes amis parents ne mâchent pas leurs mots, parfois ! On me dit que j’écoute trop mes enfants. » se confie Chiara. « On m’a déjà reproché de donner une éducation de hippie à mon fils « il n’écoutera rien, il sera mal élevé ! », maintenant qu’il est plus grand, ils reconnaissent que la bienveillance et le respect ça marche ! Moi-même, en tant qu’amie, j’ai parfois du mal à me contenir quand je vois ou entends certaines choses, alors j’essaie d’être la plus délicate possible, mais ce n’est pas toujours simple. »

« On m’a déjà dit que j’étais trop dans la négociation avec mon fils, et trop patiente, que je devais avoir plus d’autorité. Mais moi je pense l’inverse de mes copains parents ! » raconte, de son côté, Carole.

Le sommeil est, bien sûr, également un sujet de conflit fréquent. Juliette regrette qu’il soit compliqué de s’exprimer sur le sujet sans être jugé. « Le sommeil d’un bébé n’est pas linéaire, mais on a trop tendance à alarmer les parents sur une norme qui n’existe nulle part. Dans mon entourage, certains parlent de manque de fermeté si le bébé a des difficultés à dormir. Et dire qu’on a recours à une spécialiste du sommeil des bébés est un aveu d’échec. »

Le temps d’écran accordé aux enfants déchaîne tout autant les foules, entre ceux qui refusent que leur enfant voie le moindre dessin animé avant 3 ans minimum, et ceux qui ne se privent pas de ce « relais » dès le plus jeune âge.

Enfin, dans les sujets de tension les plus fréquents entre parents vient également l’alimentation. Dès la naissance d’un bébé, les parents subissent souvent des remarques non sollicitées sur leur choix d’alimentation. « On me dit que ma fille sera trop dépendante de moi si je l’allaite longtemps, et que le papa n’a pas sa place » regrette Chiara.

« Dès lors que l’on parle de ses choix, c’est un sujet sensible. » explique Michèle Prados, infirmière puéricultrice, experte du développement de l’enfant et de l’accompagnement des parents. « Vous faites le choix de l’allaitement ? Vous voulez faire de votre enfant un bébé capricieux, toujours pendu au sein de sa mère, incapable de s’en séparer, vous excluez le père. Vous faites le choix des préparations pour nourrissons ? On ne manquera pas de vous faire remarquer que le plus adapté pour le petit d’homme est le lait de sa mère, que le corps est fait pour cela. »

Mais les tensions persistent également après la diversification. « Dans notre crèche parentale, le sujet du sucre revient très fréquemment sur la table » raconte Amandine. « Les menus sont composés par les parents responsables de la cuisine, et validés avec un médecin régulièrement, en particulier le goûter. On a tous des sensibilités différentes sur le sujet, pour certains parents le goûter doit être un moment de joie donc pas de soucis pour des aliments sucrés comme une viennoiserie ou un gâteau. À l’inverse, il y a aussi les pro-zéro sucre qui veulent privilégier le pain complet. Le groupe de parents change chaque année, et tous les ans ce débat houleux revient. »

Tant de raisons de s’engueuler

Comme si s’écharper autour de l’éducation, du sommeil, des écrans et de l’alimentation ne suffisait pas, bien d’autres sujets sont susceptibles de faire monter le ton entre parents. Il peut s’agir d’intervenir ou pas auprès des enfants des autres, du choix d’une école publique ou privée, des activités extra scolaires, de vanter les résultats scolaires de son enfant, ou encore de percer les oreilles de son bébé. Chacun a son avis, et il est parfois difficile de se taire.

Pour Aurélie, le sujet sensible se situe au niveau du choix d’emmener ses enfants en soirée, ou non. « Tu as parfois des amis super fiers de dire « On l’emmène aux soirées avec nous, elle commence sa nuit dans une chambre, et puis après on la recouche à la maison, il n’y a pas de soucis ! » alors que toi tu veux que ton enfant dorme tout le long dans sa chambre, pour ne pas risquer une régression du sommeil. Du coup, tu passes pour le parent qui sacrifie sa vie sociale, ce qui est un peu vrai, et en même temps si c’est pour ta tranquillité d’esprit… »

On peut donc se sentir jugé sur n’importe quel sujet qui concerne son enfant. Mais pourquoi ? Pour Michèle Prados, la réponse est sociétale :

« Historiquement, les enfants étaient élevés ensemble par un « village familial » qui vivait plutôt ensemble. Puis la société évoluant, c’est la vie de quartier qui a joué ce rôle, les modèles éducatifs étant comparables au sein d’une même classe sociale. Ensuite, il y a eu les guerres mondiales, les hommes au front, les mères à l’usine et la nécessité d’imaginer pour les tout-petits des lieux de vie collectifs, imposant à l’enfant un rythme nécessaire pour que l’adulte puisse consacrer à chaque enfant du temps pour ses repas, ses soins, autour d’une hygiène relativement stricte.

À ce moment-là, on s’est aperçu que les femmes pouvaient mener une carrière, et que selon la méthode que l’on choisissait ou non, on pouvait imposer aux enfants de dormir la nuit. On casse alors les codes, et on réinvente une parentalité autour du noyau familial et du double emploi des parents.

Dans la même période, les travaux de Freud s’insinuent dans la communauté scientifique, puis après-guerre ceux de Bowlby. Et la génération suivante va être rendue vigilante aux conséquences de ses décisions dans la toute petite enfance sur la construction du psychisme, et la place de la mère dans la relation d’attachement sécure. Il en découlera à nouveau, pour les parents, de reconstruire des repères de parentalité, sans modèle précédent. En somme, depuis l’entre-deux-guerres, la parentalité ne cesse de se réinventer, au regard de l’évolution de la société, des connaissances sur l’enfant et ses besoins.

Les mutations ont été rapides, et les essais-erreurs nombreux depuis les dernières générations, ce qui explique que plusieurs courants de pensée ont cohabité et cohabitent toujours, motivant des disparités de point de vue quant à la façon d’éduquer l’enfant.

De fait, on voit bien que, ne pouvant compter sur aucun modèle sociétal à reproduire, la critique vient remettre en cause le parent directement, dans sa capacité à avoir su sélectionner des informations qui lui paraissent suffisamment bonnes, et mobiliser des ressources pour reconstruire un modèle éducatif et un environnement soutenant. »

Peut-on éviter les comparaisons, et les discussions houleuses ?

« Les comparaisons entre parents sont quasiment inévitables » soutient Michèle Prados. « Lorsque nous sommes tentés de formuler un élément de comparaison, nous pouvons en revanche veiller à la façon dont nous formulons nos observations à nos proches pour qu’elles restent ce qu’elles sont : des observations, et non des remarques ou des jugements.

Si ce que nous avons à dire n’a pas de fondement pour affirmer que c’est « juste », si c’est inutile ou pire, susceptible de nuire au parent ou à l’enfant, abstenons-nous de tout commentaire. Et lorsque nous sommes dans la position de recevoir les remarques de comparaison sur les pratiques parentales, je conseille de consacrer son énergie là où elle est nécessaire et là où nous avons des prises pour agir : choisissez vos batailles, et n’hésitez pas à rappeler que « vos enfants, vos choix ». »

Chiara adopte également ce lâcher-prise pour éviter les tensions. « Être parent, c’est recevoir un florilège de remarques, et je pense qu’on n’est pas toujours prêts à les recevoir. Même si le savoir c’est le pouvoir, il n’est pas toujours évident d’assumer ses choix et ses positions. Il faut donc être une vraie équipe parentale quand on peut l’être, et savoir laisser couler ! »


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