Lorsqu’on parle d’hygiène, on pense naturellement à la bonne douche du soir ou du matin, au brossage des dents ou encore au lavage des mains. L’hygiène intime, qui concerne la zone du périnée qui comporte la vulve et l’anus, est souvent incluse dans les gestes basiques d’hygiène corporelle. Pourtant, elle mérite mieux que ça. On fait le point avec le docteur Christilla Nevi, Gynécologue Médicale à Paris, et avec Marie Drago, Docteur en Pharmacie et fondatrice de Gallinée.
Faut-il nettoyer ses parties intimes ?
Au sujet de la toilette intime, le Dr. Christilla Nevi est catégorique : si on peut sans souci se laver la vulve, il est parfaitement déconseillé d’essayer de se laver le vagin ou de réaliser une douche vaginale, sous peine de développer une infection comme une mycose ou une vaginose.
Elle explique à Madmoizelle :
Il ne faut surtout pas bouleverser le microbiote vaginal car c’est son bon équilibre qui permet d’avoir une bonne lubrification et d’éviter les pertes et les odeurs désagréables.
En revanche, on peut nettoyer la vulve pour retirer le smegma (ndlr, une substance blanchâtre composée de débris de cellules mortes et de sécrétions) qui peut s’accumuler entres les petites lèvres et les grandes lèvres, et éliminer les effluves dues à la macération.
Pour Marie Drago, cette zone du corps demande même un soin particulier :
Il y a tout intérêt à bien s’en occuper car c’est une zone frontière entre le vagin et la peau, et c’est par là que passent les mauvaises bactéries pour coloniser le vagin. Aujourd’hui, grâce à des études scientifiques, on sait que la qualité du microbiome influe sur les chances de concevoir un enfant, sur les probabilités de prématurité, ainsi que sur la résistance aux IST. Alors autant s’y intéresser !
Un déséquilibre de la flore vulvaire se caractérise par de nombreux symptômes dont des picotements, des démangeaisons, des pertes anormales, une sensation d’inconfort lorsque la vulve est en contact avec les sous-vêtements ou de sécheresse lors d’un rapport sexuel.
Quels produits utiliser pour se laver la vulve ?
Pour réaliser sa toilette intime, Christilla Nevi conseille d’opter pour une huile, un gel nettoyant ou un pain lavant doux afin d’éviter de créer une sécheresse ou des irritations :
Un produit neutre pour le corps peut très bien convenir, mais si on a une vulve sensible, il vaut mieux utiliser un produit spécifique adapté au pH de cette zone du corps, explique-t-elle
Mais que vient faire le pH là-dedans ? C’est simple : la vulve possède un microbiote composé en grande majorité de lactobaciles mais aussi de bactéries et de champignons qui, s’ils prolifèrent de façon trop importante, peuvent provoquer au mieux des démangeaisons et au pire des infections.
Pour que les lactobaciles puissent jouer leur rôle de protecteurs et continuent de réguler la présence des agents pathogènes, ils ont besoin d’évoluer dans un milieu acide. Le Dr. Marie Drago nous éclaire :
Le risque, en utilisant un produit trop agressif, est de venir modifier le pH de la vulve et de donner par l’occasion la possibilité aux champignons et aux mauvaises bactéries de se multiplier et d’éliminer les lactobaciles pourtant essentiels à la santé des organes génitaux.
Afin d’éviter les mauvaises surprises, elle préconise d’opter pour une formule affichant un pH entre 4 et 6, sans huiles essentielles ni parfum, et dont les agents nettoyants et moussants (les fameux tensioactifs) sont reconnus pour leur douceur.
« Malheureusement, le pH est rarement indiqué sur les cosmétiques, et c’est bien dommage, car ça permettrait de se rendre compte du degré de décapage de certains produits comme le savon de Marseille, dont le pH est compris entre 10 et 11 », déplore la fondatrice de Gallinée, la première marque de soins 100% dédiée à la santé et au bien-être du microbiome.
Comment se laver la vulve ?
Pour réaliser sa toilette intime, on utilise ses mains propres (les gants sont de véritables nids à germes) et on nettoie la vulve d’avant en arrière. La région anale doit être lavée en dernier pour éviter que des colibacilles (des bactéries intestinales) ne viennent coloniser la vulve et le vagin, provoquant des infections. « Il est important de bien rincer après avoir nettoyé, pour retirer tous les résidus de produit et éviter les irritations », rappelle Christilla Nevi.
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Les Commentaires
Ce qui me dérange surtout c'est que l'article vienne des recommandations d'une pharmacienne qui vend des produits d'hygiène intime.
Je sais que Madmoizelle a besoin de pub et que les partenariats sont nécessaires au magasine. Mais pour ce sujet j'aurais préféré lire l'avis d'un.e sage femme ou gyneco qui n'a rien à vendre.
Autant ça me dérange pas pour des fringues ou du maquillage. Autant ça me dérange un peu quand ça parle hygiène intime.