Les complots, ça existe. Il y en a eu, il y en a toujours, et c’est précisément le travail des journalistes d’investigation que de faire la lumière sur ces affaires qu’on cherche à nous cacher. « On », ça peut être une ou plusieurs entreprises, des autorités publiques ou privées, qui abusent d’un pouvoir…
Les théories du complot prolifèrent sur le terreau du doute
Avant l’ère d’Internet, l’implication des journalistes étant essentielle pour permettre de percer à jour ces affaires : sans eux, il était difficile d’avoir accès à l’information. Mais aujourd’hui, celles et ceux qui ont grandi à l’heure des smartphones peuvent s’imaginer « tous témoins ». Et certain•es ne font plus la différence entre des faits et leur analyse, leur interprétation.
Sur le terreau du doute prolifèrent alors les théories du complot.
En février, le gouvernement avait déjà lancé une campagne à destination des jeunes, afin de leur donner les clés pour décrypter eux-mêmes les manipulations auxquelles ils peuvent être exposés sur les réseaux sociaux.
L’emprise du complot dans les écoles
Premières Lignes est une agence de journalistes d’investigation, dont les locaux se situent dans le même immeuble que ceux de Charlie Hebdo : ce sont eux qui ont filmé les terroristes depuis le toit de l’immeuble.
Et justement, les attentats contre Charlie Hebdo, l’Hyper Casher ensuite, ont révélé en janvier 2015 l’ampleur et surtout la popularité de ces théories du complot auprès des jeunes. De nombreux•ses enseignant•es se sont trouvé•es démuni•es face à leurs classes, un peu à l’image du Président de la République, confronté sur le plateau du Supplément à des lycéens qui ne comprennent pas la différence entre un meurtre et un génocide.
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« La liberté d’expression, ça s’apprend »
Ce nouveau défi, c’est celui de l’apprentissage des médias et de l’information. L’enjeu n’est plus d’y avoir accès, à l’ère du tout-connecté-tout-le-temps, mais c’est plutôt de comprendre ce qu’on lit et ce qu’on voit. Savoir faire la différence entre une analyse critique et une théorie qui n’a de logique que l’apparence, ça s’apprend.
En février, lors d’une journée d’études consacrée aux théories du complot, Najat Vallaud-Belkacem avait prononcé un discours… étrange, destiné à introduire le danger de ces rumeurs déguisées en démonstration logique.
Et je m’étais un peu lâchée sur Photoshop, je le confesse
C’est dans le cadre de la 27ème semaine de la presse et des médias dans l’école que Premières Lignes présente ses kits pédagogiques, développés en partenariat avec l’Éducation Nationale. Le principe, c’est une vidéo qui analyse un vrai complot historique, et laisse aux enseignant•es des moments pour interagir avec la classe.
Le premier kit porte sur les mensonges de l’industrie du tabac VS les théories du complot autour de l’attaque de Charlie Hebdo. Ça se regarde très bien, même si on n’est pas un•e élève de cinquième !
« Complots et conspirations : apprends à reconnaître le vrai du faux… »
« Oui, les complots existent »
C’est sur une idée originale de Paul Moreira, journaliste d’investigation, que ce projet a vu le jour. La vraie nouveauté de ces kits, c’est que contrairement aux outils qui ont été mis à la disposition des profs jusqu’à présent, ils ne sont pas développés par « le gouvernement », mais bien par des journalistes d’investigation, « qui ont parfois pour tâche de dénouer de vrais complots », précise la note d’intention qui accompagne le kit :
« Car oui, les complots existent. Que ce soit des arrangements par cartels d’entreprises ou des stratégies secrètes pour protéger des intérêts industriels.
Le fait de reconnaître l’existence de vrais complots nous semble être une garantie de crédibilité pour toucher les esprits de jeunes qui voient des conspirations partout.
Notre but est d’aiguiser leur sens critique et de les aider à échapper aux manipulateurs de tous bords. »
Peut-être qu’au lieu de nourrir la méfiance des esprits curieux, ces outils pourront, au contraire, encourager des vocations dans les collèges et les lycées !
L’accès aux médias gratuits pour les collégien•nes & lycéen•nes avec Lire l’Actu
Toujours dans le cadre de cette semaine de la presse et des médias, la ministre de l’Éducation Nationale a annoncé la mise en place d’une « une plateforme numérique d’accès gratuit à la presse écrite via le wifi sur les tablettes ou sur les ordinateurs fixes des collèges et lycées. »
LireLactu.fr devrait ouvrir en mai-juin 2016, et son objectif est « d’offrir aux jeunes une plateforme pour les aider à décrypter l’information grâce à une presse qualifiée. » Des titres comme Le Monde, Les Échos, Courrier International, Libération, mais aussi Le Figaro, La Croix, L’Humanité et Le Parisien sont déjà partenaires de ce projet.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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