C’est dans l’Italie traditionnelle que se plonge l’écrivain italien pour ces quatre nouvelles réunies dans un folio 2€ : Première nuit et autres nouvelles. Plus encore, c’est dans l’intimité de cette Italie qu’on se retrouve à leur lecture. Dans l’intimité de couples sur le point de se former ou de se reconstituer, dans celle d’un membre du couple abandonné par son conjoint par sa mort ou par un abandon plus vivant.
La première nouvelle, qui donne son nom au recueil, plante un décor qui sera finalement l’action même de "Première nuit". L’histoire d’une jeune fille sur le point de se marier à un vieil homme. Elle pleure un amour disparu tandis que lui regrette son épouse morte ; pourtant, ils doivent se marier l’un à l’autre.
La deuxième, "La première sortie du veuf", place un homme dont la femme vient de mourir face au souvenir de celle-ci et aux promesses qu’il s’est senti malgré lui obligé de lui faire. Pirandello s’amuse ici du poids que peut avoir un mort sur son proche encore vivant.
La troisième, "Avec d’autres yeux", se concentre autour d’un personnage féminin qui, ayant trouvé dans un tiroir une photo de l’ancienne compagne de son mari, se met à douter de lui pour finir par douter de sa vie entière.
La quatrième, la plus longue du recueil bien qu’il manque une partie remplacée par des notes de Pirandello – ce qui est très frustrant ! – s’intitule "Toute la vie, le coeur en peine". Y est fait le récit glacial de retrouvailles entre un homme et une femme, anciennement mariés, avant et après la mort de la compagne du mari.
Bref, c’est au coeur de familles en composition, recomposition et décomposition qu’interviennent ces nouvelles. Or tout l’art de Pirandello est ici de ne pas se fier aux apparences mais au contraire de les tromper, à l’intérieur même de son récit. Tel est le cas dans ces quatre nouvelles puisqu’il ne cesse d’alterner la focalisation, notamment dans "Toute la vie, le coeur en peine", entre les deux principaux personnages, généralement la femme et l’homme. Ainsi l’un analyse, croit, imagine ; puis vient l’autre qui brise ces suppositions et en crée de nouvelles.
C’est que Pirandello concentre son récit non pas vraiment sur l’intimité des couples mais sur l’intimité de chaque membre de ces couples tous particuliers, sur les pensées et les doutes personnels de chacun. D’hésitation en hésitation, le récit progresse tandis que le lecteur est peu à peu emporté au milieu de ces vies banales, quotidiennes, qu’on retrouve dans le style aux accents populaires de Luigi Pirandello.
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