On vous propose une nouvelle série régulière sur madmoizelle avec « La première fois que… » ! Et si vous nous parliez d’une de vos premières fois, de sa saveur particulière et de la façon dont elle marqué votre vie ? Pas de pression, il peut s’agir d’événements complètement anodins par lesquels on est toutes passées (ou pas) : la première fois que vous avez pris le train, que vous avez chopé des poux, que vous êtes allée en boîte, voire même la fois où vous vous êtes battue. Tous les sujets sont possibles ! Votre première fois était peut-être drôle, formidable, atroce ou complètement déconcertante parce que vous vous attendiez à tout sauf à ça. Vous pouviez avoir 5 ans ou 25, ça n’a aucune importance. Et n’hésitez pas à venir comparer votre expérience, bonne ou mauvaise, avec celle des autres madmoiZelles dans les commentaires !
La vie avant ma première fois
J’avais 9 ans, un cartable Chipie, des couettes, pas de lunettes. J’adorais l’école et j’y menais une compétition féroce avec Louise pour occuper la première place dans toutes les matières. Édouard, quant à lui avait un peu plus de mal : il était bon dernier. Pas idiot mais un brin paresseux. La maîtresse l’avait fait changer de place pour le mettre à côté de moi. J’avais perdu une copine avec qui bavarder contre un garçon qui ne causait pas beaucoup : merci bien ! Du coup je ne l’aimais pas vraiment mais il dessinait très bien (quand il ne regardait pas par la fenêtre).
La vie scolaire suivait paisible son cours quand survint un enième contrôle de mathématiques. Un examen routinier pour évaluer quelque chose de vraiment pas difficile : notre capacité à ordonner des nombres dans l’ordre croissant ou décroissant. Docile, je classai mes listes de nombres du plus petit au plus grand et du plus grand au plus petit ; c’est le cœur léger que je rendis ma copie avant de partir échanger des cartes Pokémon. Au retour de récréation le choc fut rude.
La première fois que… j’ai eu en dessous de la moyenne
2/10.
2/10 ?
Non, c’est impossible. Ce n’est pas ma copie, c’est celle d’Édouard (carton rouge langue de vipère), c’est le 1er avril, c’est mal écrit, c’est la fin du monde. Je vais mourir. Bien sûr, en toute bonne intello dont le petit monde s’écroule, j’ai fondu en larmes.
Déjà c’était trop la honte. Est-ce qu’Édouard pleurait chaque fois qu’il avait une mauvaise note ? Non. Et il en avait tous les jours lui ! Qu’est-ce que j’étais faible ! Ensuite, si j’espérais apitoyer la maîtresse ça n’a évidemment pas marché du tout. En revanche elle en a profité pour faire passer un petit message pédagogique à l’ensemble de la classe. J’aurais préféré me ratatiner sur ma chaise et disparaître plutôt que de l’écouter. J’aurais eu tort.
Apparemment je n’étais pas la première à prendre les choses un chouïa trop à cœur. Ouf. Et des élèves venaient régulièrement la voir pour tenter de la convaincre d’améliorer un peu une note parce que « vous comprenez madame, ma mère va me tuer ». Non, nos parents n’allaient pas « nous tuer ». Peut-être qu’ils gronderaient un peu si vraiment on n’avait pas fait d’effort pour essayer de comprendre. Car le principal, ce n’était apparemment pas d’avoir réussi le contrôle mais d’avoir compris l’exercice
. Il paraît que c’est même à ça que sert la correction. Elle avait l’air plutôt sûre d’elle, alors j’ai décidé de la croire. Plutôt que de ressasser la note écrite au marqueur rouge il valait mieux s’asseoir calmement et se faire réexpliquer le soir par ses parents si on n’avait toujours pas compris.
En l’occurrence j’avais simplement inversé la signification des mots « croissant » et « décroissant ». Par conséquent j’avais fait tout le contrôle à l’envers (les 2 points venant des nombres qui se trouvaient au milieu et qui donc étaient bien classés malgré l’inversion). Peut-être que c’était cher payé pour avoir simplement inversé deux mots mais je n’ai même pas songé à contester la note.
Après ma première fois…
Je n’ai pas le souvenir d’avoir annoncé « l’horrible chose » à mes parents mais je crois l’avoir fait. J’ai vraisemblablement réutilisé les arguments de la maîtresse pour limiter les dégâts (« J’ai eu une mauvaise note maman MAIS J’AI COMPRIS LA CORRECTION JE LE JURE »). Je crois que j’ai aussi réalisé ce jour-là que mes parents n’attachaient pas une si grande importance à mes résultats scolaires. J’entends par là : leur vie n’en dépendait pas. La Terre ne s’est pas arrêtée de tourner. Étrangement. Peut-être même qu’ils ont juste dit « Bon, ben tu feras mieux la prochaine fois, va te coucher maintenant on veut pas louper le début du film ».
Est-ce que cette mauvaise note m’a pour toujours traumatisée des mathématiques ? Non. Après cet épisode ô combien douloureux j’ai même eu 18 au bac et j’ai continué avec une prépa scientifique où je n’ai eu QUE des notes en dessous de la moyenne TOUS LES JOURS pendant DEUX ANS (Édouard, si tu me lis, sache que je regardais aussi par la fenêtre quand ça devenait trop dur) mais c’est une autre histoire et étrangement j’en garde un souvenir moins net.
Mais même si j’avais compris comment ordonner les nombres, même si tout le monde s’accordait pour dire que je n’avais fait qu’une petite erreur de vocabulaire et que mes copines m’assuraient que la maîtresse notait comme une peau-de-vache, la principale leçon que j’ai retenu de cette anecdote c’est que la note est restée. Sur le bulletin, elle était là. Parce que se planter ça arrive. L’échec ça fait partie de la vie. Et même quand on a voulu bien faire on peut être à côté de la plaque, à cet instant précis, à l’instant T. T comme talon d’Achille, trou de mémoire, tache d’encre, tant pis. T comme tu n’es-pas-parfaite.
Louise m’a littéralement défoncée en mathématiques ce trimestre-là. Pensez donc, un tel accident de parcours ça ne pardonne pas.
Et toi ta première note en dessous de la moyenne ? C’était mérité ou trop inzuste ? Tu l’as joué détaché ou ton cœur s’est arrêté de battre ? Est-ce que tes parents « t’ont tuée » (dans ce cas ton commentaire d’outre-tombe nous intéresse) ? C’était peut-être même… un ZÉRO ?
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Les Commentaires
Et puis un jour, je ne sais pas pourquoi, j'ai fait l'impasse. Pas loupé, c'est sur moi que l'interro est tombée... J'ai même pas chercher à me défendre, je me suis levée et j'ai dit "Désolée, je n'ai pas appris ma leçon". Le résultat a été sans appel : 0/20. Je ne me souviens pas bien, mais je crois que je n'étais même pas vexée, je savais que c'était de ma faute, et la faute avait même un peu le goût de l'interdit, je me sentais presque "rebelle" !
Finalement, mes parents ont juste été très surpris et n'ont pas compris pourquoi je n'ai même pas essayé de broder quelque chose, mais ça a été tout, et j'ai eu de très bonnes notes à coté qui m'ont permis d'avoir une très bonne moyenne quand même !