Précédemment dans #62jours : Je voudrais pouvoir arrêter le temps
Je déteste la routine, et je crois que ce que je déteste le plus dans la routine, c’est sa capacité à éliminer les premières fois. Quand tu déroules chaque journée comme celle d’hier, tu oublies qu’il y a un milliard de possibilités en dehors du chemin que tu suis telle une zombie, ou un train lancé sur ses rails.
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L’euphorie des premières fois : un saut dans l’inconnu
J’adore les premières fois, au moins autant que je déteste l’angoisse qu’elles me procurent parfois, lorsqu’elles me donnent l’impression de sauter dans le vide, d’avancer les yeux bandées.
Je dis « parfois », parce toutes les premières fois n’ont pas un potentiel d’intimidation semblable. La première fois que j’ai goûté un mojito était beaucoup moins bouleversante que la première fois que j’ai fait du parapente.
Une allégorie.
Pourtant, si j’y réfléchis, toutes les premières fois sont toujours un saut dans l’inconnu. C’est juste que parfois tu passes une marche de quelques centimètres, et parfois, tu t’élances du sommet d’une montagne.
Parfois tu ne sens même pas l’obstacle que tu viens de dépasser ou le seuil que tu viens de franchir en vivant une première fois, parfois tu peux rester des heures, des jours, des semaines au bord de l’inconnu, paralysée par le précipice que tu devines sous tes pieds.
Ça fout le vertige, la première fois. Mais c’est grisant, kiffant, enivrant. Et parfois, j’oublie qu’il n’y a pas que les premières fois « grandioses » qui méritent mon respect et mon enthousiasme.
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Toutes ces premières fois que je ne célèbre pas
J’en reviens à cette bienveillance envers moi-même, cette patience et cette indulgence qui me font encore défaut.
Beaucoup de mes premières fois passent sous le radar de l’habitude : j’ai déjà « sauté de plus haut », alors pas de quoi fouetter un chat.
Sauf que ça me fait toujours peur, ça m’intimide toujours, de commencer quelque chose de nouveau. De m’aventurer dans un territoire sur lequel je n’ai aucune connaissance, aucune expérience.
Et pour toutes ces premières fois, aussi insignifiantes puissent-elles être, j’oublie de me féliciter, j’oublie surtout de les apprécier pour ce qu’elles sont : des petites victoires, des pas en dehors de ma zone de confort, qui s’élargit à chaque première fois que je passe.
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L’ivresse des premières fois qui comptent plus que les autres
J’ai commencé à m’entraîner pour le trail, et c’est nouveau pour moi. C’est une montagne.
C’est littéralement une montagne qu’il faut grimper au pas de course ! Aucune chance pour que j’y arrive, si je prends le défi sous cet angle. Mais une montagne à gravir, c’est mettre un pied devant l’autre, et ça je sais faire.
L’entraînement aussi, c’est une suite de première fois. Ce matin, j’ai fait ma première séance « micro-circuit » : j’entraîne mon corps à varier les surfaces, courir en côte, sur le plat, en pente, tout en poussant la machine.
J’te jure, la première fois que je me suis lancée, c’était un tel kif que j’en ai rigolé, à voix haute, comme ça, sur les quais de Seine, à la faveur de l’aube d’une journée d’été.
J’avais oublié ce que ça fait, une première fois que tu vas chercher à la force de l’envie et de la volonté de te dépasser.
Si c’est à ce point un kif la première fois que je m’élance au pas de course dans une côte, imagine un peu le kif que ce sera… la première fois que je passerai une ligne d’arrivée.
Parfois, j’oublie l’ivresse et la jouissance des premières fois, et le moteur qu’elles sont pour continuer à avancer… vers les sommets.
La réponse était donc : les notes de ma séance micro-circuit pour l’entraînement #TrailXpérience !
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