En partenariat avec Rezo Films (notre Manifeste).
TOUTE PREMIÈRE FOIS ! TOUTE TOUTE, PREMIERE FOIS !
Ça fait une semaine que Jeanne Mas chante en boucle dans ma tête (cette chanson est si vieille).
Pourquoi ? À cause de (ou grâce à ?) cet appel à témoins que j’ai lancé il y a plusieurs jours pour que tu me parles de tes premières fois hors pénétration vaginale et anale.
Au moment où j’écris ces lignes, plus de 2 400 réponses ont été enregistrées sur le formulaire dédié.
À l’occasion de la sortie d’À genoux les gars, le 20 juin prochain et dont madmoiZelle est la fière partenaire, j’ai décidé de me pencher sur un des sujets principaux de ce film : la première fellation.
Co-écrit par Antoine Desrosières, Anne-Sophie Nanki, Inas Chanti et Souad Arsane, À Genoux les gars aborde une multitude de thèmes liés à l’adolescence, à la découverte de la sexualité, mais aussi aux rapport hommes/femmes pas très égalitaires.
Premières analyses du questionnaire sur les premières fois
Pour commencer, quelques chiffres : sur les 2 437 réponses à la question « quel est ton genre », 97% déclarent être des femmes, et 57% d’entre elles ont fait leur première fellation entre 15 et 18 ans.
Les premières fellations entre 19 ans et 25 ans représentent 27% des réponses.
Notre panel est constitué surtout de femmes, et pour les besoins de ce premier article, c’était l’échantillon recherché. Pour la suite, pour nous permettre d’élargir nos analyses, n’hésite pas à faire tourner ce questionnaire aux mecs de ton entourage !
Parmi les femmes qui ont répondu, plus de la moitié ont sucé pour la première fois pendant leur adolescence, à l’âge du lycée, et un peu plus d’une sondée sur quatre avait entre 18 ans et 25 ans lors de sa première fellation.
Je le rappelle : chaque expérience sexuelle diffère selon les individus et les situations. La norme n’existe pas.
Les réponses ci-dessous sont des exemples, piochés parmi les témoignages les plus représentatifs des tendances observées lors de la première analyse des réponses au questionnaire.
« Parce que c’est comme ça… non ? »
Sucer, c’est mieux de le faire avec plaisir, sinon il n’y a pas trop d’intérêt.
Pourtant certaines des sondées ne s’y sont pas adonnées pour cette raison, mais plutôt parce qu’elles ressentaient la fellation comme étant un passage obligé dans la sexualité. Exemple de premières fois « parce que c’est comme ça » :
« C’était avec mon petit ami de 4 ans de plus que moi, chez lui après le collège, parce qu’il me l’a demandé, et parce que j’avais lu dans Cosmopolitain des conseils genre « comment réussir une fellation » et que je voulais voir si c’était efficace.
Et ça l’était.
Et depuis, même si avec le recul je me dis que je n’avais pas vraiment envie de le faire à l’époque, j’en ai gagné une espèce de fierté. Aujourd’hui, j’aime beaucoup la fellation quand j’en ai vraiment envie. »
Et quand ce ne sont pas les magazines féminins qui éduquent les jeunes femmes, ce sont les films pornos, comme l’illustre ce témoignage :
« Ma première fellation, c’était avec mon plan cul de l’époque, chez lui.
C’était aussi ma première fois, et je l’ai davantage fait parce que je pensais que c’était une étape obligatoire que parce que j’en avais réellement envie.
Finalement tout ce que je connaissais du sexe, c’était les films porno où la meuf suce presque toujours le mec avant la pénétration. »
Peut-être que si une véritable éducation sexuelle basée sur des notions de respect, de plaisir et de consentement était proposée aux adolescents, la fellation ne serait pas vu comme une « épreuve » à passer par biens des jeunes gens.
« Parce que je ne voulais plus être vierge »
N’avoir aucune expérience sexuelle passée un certain âge est quelque chose qui semble beaucoup préoccuper les femmes de notre panel.
« C’était lors mon premier rapport sexuel dans une fête à la campagne. J’étais chez des amis qui avaient organisé une grosse soirée dans un champs avec bien sur beaucoup d’alcool.
À l’époque j’avais donc 20 ans et j’en avais marre d’être vierge.
J’ai donc trouvé un mec qui me plaisait et à qui je plaisais (enfin j’espère) et on a fini la soirée dans la voiture des parents de mes potes à essayer de faire des galipettes. »
Passé un certain âge (lequel ? Ça dépend des gens !), la virginité peut être ressentie comme un poids.
Pourtant, ce n’est pas une honte de n’avoir jamais eu d’expériences sexuelles à plus de 20 ans, ni d’ailleurs d’en avoir à 15 ans ou moins.
À lire aussi : « J’ai perdu ma virginité à 29 ans » — Témoignage
Autre ressenti exprimé dans les réponses au sujet de la première fellation : la crainte de mal faire qui peut mettre beaucoup de pression et donner l’envie d’en finir le plus rapidement possible.
Mais aussi, la peur d’être jugée :
« Ma première fellation, c’était avec mon dernier plan-d’un-soir, pendant un date. J’en avais assez d’avoir peur du fait que je n’ai jamais sucé, et je craignais d’être jugée pour mon éventuel manque de technique.
Je me suis dit « merde », et je me suis lancée lors des préliminaires.
J’avais tellement conscience de ma maladresse et peur d’un jugement de la part du gars, avec qui ont partageait un cercle d’amis communs, que je suis rapidement remontée et passée à autre chose. »
Plutôt que juger ton ou ta partenaire, si ça t’arrive, essaie la communication pour améliorer vos relations sexuelles !
Rappelons qu’il n’existe pas d‘âge idéal pour commencer sa sexualité, tant que c’est consenti et que tout le monde se sente à l’aise.
« Parce que j’en ai envie, tout simplement »
Il y a bien sûr aussi celles qui ont fait leur première fellation parce qu’elles le voulaient ! Pour se découvrir, donner du plaisir, explorer une nouvelle pratique sexuelle… Dans ces conditions-là, ça se passe généralement bien.
« J’étais avec mon copain de l’époque, dans son lit un matin, on commençait à se découvrir et je lui ai dit que j’avais envie de faire un truc (la fellation) mais que je savais pas comment faire.
Alors il m’a dit qu’il pouvait me guider et me parler de ce qu’il ressentait et c’est ce qu’il a fait. »
Mais plusieurs répondantes ne s’y sont pas essayé sans appréhension :
« Ça faisait un mois que j’avais des rapports sexuels réguliers avec mon copain, il me faisait des cunnis tandis que moi, je n’osais pas lui faire de fellation.
J’étais trop anxieuse à l’idée de mal faire et puis je commençais à culpabiliser de ne pas lui accorder ce plaisir.
Un soir où j’ai eu plus confiance en moi que d’habitude j’ai passé le cap un peu tremblante certes. Depuis, je regrette de ne pas avoir essayé plus tôt. »
Parfois, l’envie de sucer peut aussi résulter d’une curiosité purement adolescente :
« En classe de troisième, j’étais très pote avec un mec de ma classe et on se demandait un midi, quelle sensation pouvait procurer une fellation (le fait de se faire sucer, non de sucer quelqu’un).
Et de ce fait, ce garçon habitant près du collège, j’ai été chez lui après les cours et ça s’est fini en 69 sur le clic-clac. »
« Parce qu’on m’a mis la pression »
La première fellation a parfois été exécutée sous pression psychologique, qu’elle vienne de la part de sa bande d’amis du lycée ou du petit copain de l’époque.
Voici un échantillon de ce que j’ai pu lire dans les réponses :
« C’était avec mon copain de l’époque, en soirée. Je voulais absolument le faire car mes amies se moquaient de moi et je ne voulais pas passer pour une prude.
Résultat des courses, j’étais tellement stressée que je l’ai éraflé avec mes dents.
Il a eu super mal, et on a mis un moment avant de réessayer. »
Si cela ne vient pas des ami·es, la famille peut aussi être une source de pression :
« Ma famille et ma soeur m’ont mis beaucoup de pression à ce sujet en disant qu‘une femme qui ne le fait pas, ça va inciter son copain à aller voir ailleurs.
Alors que mon copain s’en moquait royalement ! J’ai essayé mais je ne savais pas quoi faire de mes dents et me sentais vachement gênée. »
Puis il y a les cas où c’est le partenaire qui insiste plus ou moins fort pour recevoir une fellation.
« C’était avec un garçon que j’ai rencontré en vacances pour qui je n’avais pas vraiment de sentiments, mais avec qui c’était sympa de passer le temps.
Je n’avais pas vraiment envie de faire cette fellation, je me suis un peu forcée parce qu’il insistait. »
Enfin, il y a la fameuse histoire du « donnant-donnant » que ce témoignage illustre très bien :
« J’étais chez mon « copain » de l’époque. Nous étions ensemble depuis quelques jours. On était chez ses parents nous regardions un film.
Il a commencé à me caresser, puis à me faire un cunni, puis deux, puis trois. Je jouissais à chaque fois.
Après un moment, voyant que je ne comptais pas lui rendre la pareil il me dit en me parlant de son pénis : « Tu sais, c’est comme une glace. ».
Je me suis sentie obligée, et donc je l’ai sucé à contre cœur.
Le goût m’a paru affreux. Je me suis lavé les dents 10 fois au moins après. »
Sur madmoiZelle, tu pourras trouver énormément d’articles au sujet de la fellation, du consentement, de la première fois mais aussi de la culpabilité sexuelle et d’éducation sur la sexualité.
Je t’invite aussi à te rendre sur la chaîne de Queen Camille pour y visionner les vidéos de la Boîte à Q. Queen Camille y répond à des questions des internautes tout en déconstruisant les mythes autour de la sexualité.
Si toi aussi, tu souhaites partager ton ou tes expériences, viens répondre à notre grand sondage (ce n’est pas que sur la fellation !).
Sinon, je t’invite à en discuter dans les commentaires, et tu peux m’écrire à jaifaitca [at] madmoizelle.com.
À lire aussi : À quand une véritable éducation sexuelle pour les jeunes en France ?
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