Écarter les jambes devant un·e inconnu·e pour qu’il ou elle jette un œil à ma chatte et y mette des outils n’est pas une idée qui me séduit de prime abord.
Mais les choses sont souvent bien plus horribles dans notre imagination que dans la réalité.
Quelle que soit la fréquence à laquelle tu choisis de visiter le GYGY (arrêtez avec cette expression svp), un petit point s’impose pour rassurer les foules et faire tomber la barrière de l’inconnu.
Voici donc la liste exacte de ce qui peut se passer pendant un examen gynécologique.
C’est l’occasion pour moi de te présenter Laura Berlingo, la gynécologue qui présentera avec moi Coucou le Q, le tout nouveau podcast sexo de madmoiZelle (bientôt dans tes oreilles !)
Gynéco ou sage-femme ?
Il est possible de choisir de consulter une sage-femme plutôt qu’un·e gynéco. La profession est habilitée à réaliser des consultations de contraception et de suivi gynécologique de prévention.
Une sage-femme peut ainsi :
- Réaliser des échographies gynécologiques de dépistage et de surveillance
- Pratiquer des frottis cervico-vaginaux de dépistage
- Prescrire et administrer/poser des contraceptifs locaux ou hormonaux, y compris d’urgence, des DIU, des diaphragmes et des capes cervicales
- Réaliser des interruptions volontaires de grossesse par voie médicamenteuse
- Prendre en charge des affections bénignes comme une infection urinaire basse
- Prescrire des examens complémentaires
En gros, les compétences des sages-femmes s’arrêtent là où il y a pathologie. C’est alors à un·e gynéco de prendre le relai.
Les Centres de Planification peuvent aussi délivrer une prescription de contraception, un test de grossesse ou une contraception d’urgence. Ces actes sont la plupart du temps gratuits pour les patientes de moins de 18 ans ou en l’absence de couverture sociale.
À toi de choisir où prendre rendez-vous, selon tes possibilités et tes besoins.
Quelles questions peut poser un·e gynéco ?
Savoir ce que la ou le gynéco a besoin de connaître permet de bien préparer ton rendez‑vous.
Dr Berlingo raconte :
« La première question que je pose c’est « Bonjour, pourquoi venez‑vous aujourd’hui ? » C’est le principe de la médecine narrative. Je me présente toujours d’abord, puis je laisse la patiente me parler d’elle et de ce qui l’amène. »
Ensuite, les questions peuvent déborder du cadre strictement gynécologique et porter sur :
- Le poids et la taille de la patiente
- Les pathologies en cours ou passées (asthme, diabète…)
- Les antécédents chirurgicaux (notamment abdomino‑pelviens type appendicite)
- Les antécédents familiaux (notamment phlébites, embolie pulmonaire, cancer utérus/ovaire/sein/colon, génétique…)
- Les traitements en cours et les allergies (notamment aux médicaments)
- Le tabac/l’alcool/la drogue
- Les antécédents gynécologiques (kyste ovarien, IST…)
- La contraception
- Les cycles menstruels (régularité, abondance, durée, douleurs)
- Les rapports sexuels, s’il y en a, s’ils se passent bien ou pas,
- Les éventuelles violences subies (sexuelles ou non) et si elles sont encore en cours
L’objectif de cette discussion est de connaitre la patiente et de rechercher des facteurs de risques ou des contre‑indications aux traitements éventuellement prescrits (dont la pilule).
En pratique, en France, tu es seule avec la ou le gynéco pendant la consultation.
Une personne mineure peut consulter seule. Elle n’a pas besoin d’être accompagnée par ses parents ou une autre personne, mais il est possible qu’elle le soit.
Dans tous les cas, toute la consultation est confidentielle et le praticien est tenu au secret médical.
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Que se passe‑t‑il pendant un examen gynécologique ?
L’examen en lui‑même dépend des besoins de la patiente.
Un examen invasif n’est jamais pratiqué sur une patiente vierge (pas de toucher vaginal, pas de spéculum).
En principe, ton ou ta praticienne va t’expliquer ce qu’il va faire avant de te toucher. Mais si tu as besoin de plus d’explications ou d’être rassurée, tu peux lui poser des questions à tout moment pendant l’examen.
La ou le gynéco peut procéder à :
- Une prise de tension artérielle si tu as besoin d’une prescription de pilule œstro‑progestative
- Un toucher vaginal si tu signales des douleurs ou des écoulements suspects. Le praticien utilise un doigt ou deux pour palper le col de l’utérus, l’utérus, les ovaires, les culs de sac vaginaux, la cloison recto‑vaginale. Il peut poser l’autre main sur le ventre pour vérifier la taille et la position de l’utérus et du col, des trompes de Fallope et des ovaires. Cela peut permettre de détecter une tumeur bénigne ou un kyste ovarien par exemple.
- Un examen au spéculum (un outil qui écarte les parois du vagin, le plus souvent en plastique) pour voir le col et examiner l’intérieur du vagin et le col de l’utérus, si tu signales des douleurs ou des écoulements suspects ou pertes de sang)
- Un frottis avec une sorte de petite brosse que l’on passe sur le col de l’utérus. Ce n’est pas agréable mais cela ne doit pas être douloureux. Le premier frottis est pratiqué à 25 ans, puis l’année suivante si tout va bien, et tous les trois ans ensuite.
- Une palpation des seins si tu signales une douleur aux seins, des écoulements ou une masse suspecte. La ou le gynéco palpe les seins et les aisselles à la recherche de ganglions pathologiques.
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Si la patiente a des signes gynécologiques particuliers, il n’est pas rare de procéder à une échographie après l’examen.
C’est un examen rapide qui permet de visualiser l’utérus, les ovaires, éventuellement les trompes. On commence le plus souvent sur le ventre, puis on peut passer par le vagin.
Un·e gynéco utilise pour ça une sonde spéciale, sur laquelle on met une sorte de préservatif. Ça peut être impressionnant mais ce n’est pas plus douloureux qu’un spéculum.
Nul besoin de se mettre entièrement nue si tu n’es pas à l’aise. Dr Berlingo explique :
« En général, je fais d’abord l’examen du bas et la patiente est habillée en haut, puis l’examen du haut si les deux sont nécessaires, histoire que la personne ne soit pas complètement nue pendant l’examen. »
Quand est‑ce qu’un·e gynéco doit pratiquer un toucher vaginal ?
Le toucher vaginal n’est pas systématique.
Il doit être pratiqué si la patiente évoque des douleurs abdominales ou vaginales (tout le temps, pendant les rapports sexuels, les règles ou autre) ou des saignements et/ou des écoulements suspects, ou encore si la patiente le demande pour être rassurée.
Pour la Dr Berlingo, les examens dits invasifs ne sont donc pas obligatoires.
« En pratique, si une fille de 17 ans vient pour une demande de première contraception,une prescription de pilule par exemple, le seul examen clinique à faire est une prise de tension artérielle (car l’hypertension est une contre‑indication à la pilule).
Il n’y a pas d’indication à faire un examen gynéco, sauf si la patiente le demande, ce qui n’est pas rare car certaines filles ont besoin d’être « rassurées » sur leur anatomie, sur leur « normalité ». »
Ce genre d’acte doit être réalisé avec des doigts gantés et ne devrait pas durer plus de cinq minutes.
Voilà mon chamois d’or, tu sais maintenant dans les moindres détails ce qui t’attend lors d’un rendez-vous chez le docteur des chattes !
Et toi, tu es détendue du gynéco ou ça te stresse l’utérus de prendre rendez-vous ?
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Les Commentaires
C'était un généraliste qui m'a fait mon frottis ! Un vieux docteur, offert par la secu lors d'une journée check up complet. Et Putain je m'attendais pas à ce qu'il me fasse un toucher pelvien/vaginal/du col/du fin fond de mon utérus et de celui de mes ancêtres.
après l'examen au spéculum, je pensais que c'était fini, il avait déjà commenté sur la normalité de mon col (merci merci) et il m'a foutu deux doigts (ou + ?) et appuyé sur mon ventre de partout. Ça faisait mal, je me suis sentie mal. J'ai détesté ne pas être prévenue sur l'insertion de ses doigts (alors que pour le spéculum il avait été clair). Après il m'a passé du papier 'essuie tout' pour que je m'essuie, devant lui, c'était super gênant.