- Prénom : Précieuse*
- Âge : 31 ans
- Lieu de vie : Paris
- Orientation romantique et/ou sexuelle : hétérosexuelle
Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ?
Je suis célibataire depuis 2015. La seule relation sérieuse était avec un camarade de master en 2014. Il était venu chez moi pour étudier. Il m’a embrassé et puis là a commencé la relation. C’est le premier avec qui j’ai eu des relations sexuelles. Puis je me suis rendu compte que je ne l’aimais pas tant que ça. On était assez différents.
De plus, je m’étais aperçue que je rentrais dans un rôle de « femme » dans cette première relation. Moi qui suis de nature très « je m’en fous » dans ma façon d’être (je mangeais, m’habillais comme je voulais, pétais, était un peu lourde sur les blagues…) parce que ne vivant que pour moi à cette époque (et aussi ne rentrant pas dans les normes de beauté), il fallait devenir plus douce, plus attentionnée, plus « féminine » dans mon comportement. Je n’ai pas aimé qui je devenais, donc je l’ai largué.
Il a fallu attendre 2018 avant que je recouche avec un mec qui était mon premier plan cul rencontré sur application. Pas d’alchimie ni d’orgasme, mais j’étais contente de l’expérience. Ensuite, j’ai eu quelques plans cul tout aussi merdiques et un sex friend avec qui ça a matché sexuellement. Je n’avais pas de complexe avec lui. Il m’a mise à l’aise et j’ai pu expérimenter sexuellement (et jouir). Malheureusement, la distance nous a séparés.
Et il y a un an à peu près, j’ai vu sur sa photo de profil WhatsApp qu’il s’est marié. J’espère qu’il n’a pas trompé sa femme avec moi vu le timing. Là en 2023, j’ai eu encore deux plans cul puis j’ai arrêté pour me consacrer à mon travail parce qu’au final, c’est hyper chronophage et prise de tête.
Comment décririez-vous votre célibat ?
J’apprécie ce personnage de femme au cinéma (et dans la vie) indépendante, épanouie sexuellement avec son ou ses sex friends et qui occupe tellement bien son temps entre vie pro, sociale, sportive, caritative… que ce n’est absolument pas un problème pour elle d’être célibataire.
Si je dois faire un bilan, je pense que je dois m’ennuyer ou ne pas assez remplir ma vie car je finis toujours par penser à ma situation amoureuse et à « idolâtrer » le couple. En ce moment, ça revient régulièrement, surtout après mes règles et quand je suis sexuellement en manque. Et j’ai peur qu’à un moment, je n’apprécie tellement plus ma vie seule que je finisse par penser que c’est parce que je n’ai pas de mec et/ou d’enfant et que par conséquent, je fasse des compromis pour en avoir.
Pour contextualiser, je suis une femme grosse et noire. Et on commence à me dire : « Si tu veux avoir un copain, il faudrait que tu perdes du poids, toujours bien coiffée et apprêtée »… Pour l’instant, ces paroles glissent comme de l’eau sur des plumes d’un canard parce que je suis assez sensibilisée sur la pression qu’on met sur le corps des femmes à être parfait. Mais j’ai peur d’un jour être tellement désespérée que je finisse par céder.
Mais la contradiction aussi, c’est que même si je fantasme sur la relation, je ne sais pas si je suis prête à me mettre en couple, à prendre des positions. Parce qu’il faut décider de qui on a envie d’être en couple, se positionner sur ses valeurs, ses limites, se disputer quand il y a des différences de points de vue et je ne pense pas être prête pour ça. Pour l’instant, j’essaie de me concentrer sur ma carrière et mes amies. Je prends le célibat un jour à la fois.
Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?
La pression commence à arriver de l’entourage. Ma mère m’a dit que si je n’avais pas de copain, c’est parce que j’étais en surpoids. Elle veut créer l’onde de choc je pense, vu qu’en plus je suis sa seule enfant. J’ai aussi un tonton qui me demande à chaque Noël où est mon petit ami. À chaque fois qu’on me parle mise en couple, mariage ou naissance d’enfant, j’ai l’impression qu’on m’envoie un message à moi directement. Avec les amis, ça va, on ne me fait pas trop chier même si je suis la seule célibataire dans beaucoup de cercles sociaux.
Estimez-vous que votre célibat a un impact sur votre moral, au quotidien ?
Comme je le disais tantôt, ça va, ça vient. Oui, ça me déprime parfois mais quand j’arrive à être focus sur mon travail ou à trouver un sens à mes journées, ça passe mieux. Quand je passe une bonne journée avec mes amies, ça finit par passer aussi. Une bonne et longue série aide aussi à détourner l’attention.
Être célibataire vous permet-il des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ?
Oui, totalement. Faire les choses seule me force à me confronter à certaines difficultés et ça finit par m’apprendre et à me forger un caractère. Je peux travailler où je veux, me reformer, aller en soirée sans demander l’avis de personne. Je me demande comment j’expliquerai un jour à mon partenaire mon feed YouTube rempli de contenu gauche féministe antiraciste souvent hardcore ! J’ai la liberté de ne devoir rendre compte à personne et être comme je veux et c’est parfois une charge de moins sur le mental.
À l’inverse, être célibataire vous empêche-t-il de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ?
J’ai peur de m’empêcher de faire certaines choses si je suis en couple. Si je prends un exemple, je conduis depuis trois ans mais j’ai toujours une petite appréhension avant de prendre le volant. Je finis par être confortable quinze minutes après, mais il y a toujours une petite résistance à conduire. J’ai peur de « déléguer » ce genre de tâches à mon copain et ne plus me pousser comme je le fais en ce moment. J’ai peur de ne plus être ambitieuse professionnellement, de ne plus avoir de vie sociale…
Le lieu géographique où vous vivez a-t-il un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?
Je suis une femme immigrée en France et je cherche des points culturels communs entre moi et mes partenaires. Je pense que si j’étais chez moi, j’aurais plus de propositions – enfin je pense – parce que comme je l’ai dit, je suis grosse et ça peut être un obstacle. Je vis à Paris et je pense avoir un peu plus de choix que si je vivais en province, même si ce ne sont que des coups d’un soir qui viennent généralement m’aborder sur les applis.
Ressentez-vous une forme de pression à chercher « activement » un·e partenaire amoureux·se ?
Oui. Alors je n’ai pas encore atteint le point de rupture où ce serait impossible à supporter, mais oui j’ai une pression. Avec la famille, quand des amies passent à l’étape suivante avec leur copain ou commencent à parler enfant (même si je ne suis pas prête pour ça).
Estimez-vous que le célibat a un impact sur vos finances ?
Je ne suis allée en date que deux fois et oui, c’est pas donné surtout si c’est plusieurs rencontres dans le mois. Après, je me souviens d’un date que je ne sentais pas trop car le gars avait insisté pour payer bien que j’ai refusé. Je ne me suis sentie vraiment pas à l’aise le reste de la soirée, comme si je lui devais quelque chose. À la fin, il ne s’est rien passé mais je me suis jurée que si je ne le sentais pas, je payerais ma part pour être plus à l’aise.
À part les dates, tout sort de ma poche, les voyages, le restaurant, le mécano…
Avez-vous un budget dating ?
Pas pour l’instant parce que je ne date pas beaucoup mais j’en fixerai probablement un, si je décide de m’y remettre.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Pour l’instant, je mets ma carrière au centre. Je prends des cours du soir pour évoluer dans ma carrière, je lis beaucoup de choses et je me donne à fond. Je fais les sacrifices qu’il faut faire pour ne pas perdre de temps. Et si je suis toujours célibataire, pourquoi ne pas pousser le délire de la carrière à fond et s’installer dans un autre pays, prendre de nouvelles responsabilités et avoir une vie sociale épanouie ? On verra bien.
Avez-vous une anecdote sur le célibat à partager ?
Quand je suis rentrée chez moi en vacances, j’ai revu après dix années à peu près une amie de la famille dont je n’étais pas super proche (j’ai dû la voir cinq fois au total dans ma vie). Elle n’a jamais eu d’enfant. Elle m’a dit directement dix secondes après les salutations d’usage, qu’il fallait que je fasse un enfant au premier venu parce que c’est ce qui importe le plus. On s’en fout d’où il vient, qui il est, de sa situation financière, le plus important c’est d’avoir un enfant. J’ai dit ok pour ne pas rentrer dans un débat inutile et j’ai continué ma vie.
* Le prénom a été modifié.
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Les Commentaires
J'avais oublié la préméditation! Tu as raison.
Moi ce type me ferait peur mais ce que je voulais dire c'est que comme il est beau, certaines femmes fantasment sur lui. S'il avait été vieux et laid personne n'en aurait jamais entendu parler.
@Cerna
Oui, toutefois c'est comme bien étudier à l'école, je crois qu'on fait tous ça avec en tête l'espoir d'avoir un bon métier derrière. Mais tu as raison. C'est juste que quand quelque chose te manque on a tendance à faire une fixette dessus.