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J’ai commencé à graffer pour avoir « l’air rebelle », et je n’ai jamais cessé !

Il y a 5 ans, Mathilde a commencé à graffer. Depuis, elle ne sort jamais sans un crayon et ses marqueurs ne la quittent plus. Elle a décidé de partager sa passion avec toi, et de te raconter comment elle y est venue.

Depuis un bon paquet d’années déjà, je pratique (plus ou moins) assidûment le graffiti et le street art. C’est une de mes grandes passions, et j’avais envie de la partager avec toi aujourd’hui.

Tout d’abord pour briser quelques-uns des clichés qui entourent ces pratiques, ensuite pour t’expliquer en quoi elle consiste, mais aussi pour te permettre de te lancer si tu as toujours rêvé de devenir le Banksy de demain (ou la Bansky, rapport qu’on sait pas qui c’est).

À lire aussi : Découvre l’univers du street-art, car il n’y a pas que Banksy dans la vie !

Attention : je tiens à te rappeler que dans de nombreux cas, la pratique du street art est illégale, et tu peux risquer gros à ignorer la loi. Sache si tu veux te lancer qu’il existe dans certaines villes des lieux où il est autorisé, et pense dans tous les cas à te renseigner avant de prendre la bombe ??

Petite introduction au street art

L’univers du street art est très large.

Les raisons sont simples : il s’agit d’une pratique qui a commencé par des initiatives individuelles, non codifiées, et continué longtemps à évoluer ainsi. Son aspect international a aussi causé sa déclinaison en de nombreuses pratiques très diversifiées.

Pour ne pas rentrer dans des détails sur les diverses conceptions de ce qu’est le street art, je vais essayer de t’en donner une définition simple et globale.

Si tu tapes « street art définition » sur Google, ce dernier te répondra :

« Mouvement artistique utilisant l’espace public comme champ d’intervention. »

Alors, en effet, c’est ça. Mais cette description est si large, qu’elle peut finir par… ne plus rien dire. Sans compter sur les débats internes dans les divers mouvements, pour décider de ce qui est ou non du street art.

Ce qu’il se passe quand on demande à deux street artists si le tag fait partie du street art

Ce qu’il faut retenir de cette définition, c’est que oui, le street art est de l’art, et qu’il prend place généralement dans l’espace urbain. Ce qui ne l’empêche pas non plus de s’inviter de plus en plus dans les galeries d’art.

À lire aussi : Rap & graffiti : vendre ses oeuvres, c’est aussi vendre son âme ?

Pour étoffer un peu cette description, je vais te montrer quelques pratiques du street art, probablement déjà aperçues au détour d’une rue.

streetart

Et il existe des dizaines d’autres media : céramiques, sculptures, fresques diverses et variées… Dans la rue, la liberté est totale, tant qu’on fait preuve d’imagination.

Comment je me suis mise au graffiti

La graffiti m’est arrivé un peu par hasard.

Durant la fin du collège et particulièrement au début du lycée, j’ai découvert le rap français. Enfin, quelques artistes en particulier, pour être plus précise. Pour te donner une idée, j’étais à fond sur Keny Arkana, je n’écoutais quasiment que ça.

J’ai découvert le rap underground, les arts urbains engagés, et le monde un peu rebelle qui les entourait.

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Ça m’a beaucoup plu.

Moi qui étais coincée dans un rôle de bonne élève sage et polie, j’ai commencé à avoir un regard critique sur la société, à faire preuve d’impertinence voire de provocation. En voyant que c’était possible – et que je trouvais ça cool – j’ai pris ce que j’y ai trouvé de bon, et j’ai un peu grandi, aussi.

J’aimais écrire, alors j’ai tenté de moi aussi me mettre au rap.

Non, je ne partagerai pas avec toi ces rares essais dont j’ai si honte que je vais filer m’enterrer bien profond.

Et je ne compte pas sortir de sitôt.

Je n’étais pas mauvaise dans l’écriture, j’ai même produit quelques couplets sumpas (quelques 16, comme on dit dans le game). Mais ma voix d’adolescente qui n’avait pas mué, et mon flow ri-di-cule m’ont rapidement dissuadée de persévérer.

Même si je t’avoue que, toujours aujourd’hui, j’aimerais bien m’y remettre. (Tu te rends compte d’à quel point je te fais confiance pour te raconter mes petits secrets comme ça !? ??).

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Mais renoncer au rap n’a pas signifié pour moi renoncer à être une rebelle !

Je ne savais pas dessiner, mais j’ai testé le graffiti, un peu par hasard, un peu par curiosité, un peu par ennui, et surtout par envie d’avoir l’air cool comme quand j’ai commencé à fumer.

Cinq ans plus tard, je n’ai jamais vraiment lâché le crayon et j’ai toujours des marqueurs sur moi.

Comment ça s’apprend, le graffiti ?

La plupart du temps, les graffeurs et graffeuses apprennent avec leurs aîné·es. En observant leurs techniques, en passant du temps à les regarder pratiquer, et en s’entraînant sans relâche.

Pour ma part, je n’avais aucun proche pour m’enseigner quoi que ce soit à ce sujet. Quand j’ai commencé, il n’y avait pas encore de tuto graffiti sur YouTube. Aujourd’hui, on en trouve beaucoup plus facilement.

J’ai donc fait comme font tous les enfants, primates et divers animaux : j’ai appris par imitation.

Soyons clairs : je ne savais pas dessiner, du moins pas plus que n’importe qui. J’étais capable de faire un bonhomme en bâtons, mais ça n’allait pas beaucoup plus loin.

Ma perplexité face à mes « talents » de dessinatrice

Cependant, j’ai compris que le graffiti, c’était avant tout… des lettres. Et écrire, je savais faire.

Alors j’ai commencé en regardant des graffitis « simples » (c’est-à-dire que j’étais capable de lire les lettres qui les composaient), et j’y ai pris ce que je trouvais joli.

Une couronne par-ci, une étoile par-là, quelques tâches de peinture, une association de couleurs ou une courbe qui me plaisait… J’ai commencé à mélanger tout cela, dans la mesure de mes capacités techniques (soit : tenir un crayon).

Je me suis abreuvée d’images, de couleurs, de graffitis de tous types, sur Internet, dans les rues, et j’ai décortiqué chaque œuvre.

Ça a donné mon tout premier graffiti. On y lit « Pardal », mon blaze, le nom sous lequel je signe.

Progresser en graffant, jour après jour

Petit à petit, j’ai réalisé que la lettre n’était pas considérée comme une entité qui devait respecter les normes d’écriture. Un « A » n’est plus un « A », mais deux traits obliques qui se rejoignent, et un trait central qui les relie.

À partir du moment où j’ai pu conceptualiser cela, le monde du graffiti s’ouvrait à moi, avec ses infinies possibilités.

Je n’ai pas non plus progressé sans travail. J’ai appliqué cette locution latine que j’affectionne particulièrement : « Nulla dies sine linea », soit « Pas un jour sans une ligne ». On en a hérité de Pline l’Ancien, et c’est un proverbe qui invoque la rigueur et la régularité dans le travail – quel qu’il soit.

À lire aussi : La procrastination vue par… la psychologie

J’ai aussi été « aidée » par les circonstances : j’ai fait une phobie scolaire en Terminale. Le seul moyen de me concentrer et de ne pas faire de crise d’angoisse en cours était… de dessiner.

Et lorsque je ne pouvais pas aller en cours du tout, il fallait bien m’occuper.

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De fait, pendant plus de six mois, je produisais au moins un graff par jour, parfois plus. Pas toujours de qualité, mais j’ai peu à peu progressé, trouvé mon style, testé des tracés différents. Oui, même en graff on peut sortir de sa zone de confort !

J’ai fait du « très » graffiti, et j’ai aussi testé d’autres lettrages, moins associés au mouvement.

Celui-ci par exemple, réalisé en 2014, respecte encore beaucoup les codes du graffiti le plus puriste.

Et puis j’ai commencé à m’intéresser à d’autres média.

La découverte du pochoir

En parallèle du graffiti, j’ai tenté de me mettre à dessiner un peu plus sérieusement – même si selon moi, ce n’est toujours pas grandiose.

J’ai aussi eu la chance, par un heureux concours de circonstances, de rencontrer un pochoiriste (qui pratique la technique du pochoir, donc) reconnu internationalement.

Ce type, en plus d’être super sympa, a eu la gentillesse de me faire visiter son atelier, de me montrer comment il travaillait. Il m’a aussi expliqué les bases de ses techniques, et m’a filé un peu de matos pour que je puisse essayer.

J’ai adoré le principe.

Le plus : pas besoin (non plus) de savoir dessiner pour concevoir et utiliser des pochoirs, même si selon le résultat voulu, la technique peut être un peu dure à maîtriser. Mais comme tout, ça s’apprend !

Et maintenant ?

Aujourd’hui, je mène de front des études, et tout un tas d’autres projets qui me tiennent à cœur. J’ai été très engagée dans l’associatif durant mes premières années à l’université, et j’ai même eu un boulot en parallèle.

Je n’avais plus, ou du moins je ne prenais plus le temps de dessiner.

À lire aussi : Prendre du temps pour moi n’en enlève pas aux autres #62jours

Des longs séjours à l’hôpital m’ont permis de m’y remettre sporadiquement, mais j’ai beaucoup perdu en régularité.

Je me suis cependant rendu compte du bien que ça me faisait, et je choisis à présent de prendre plus le temps de pratiquer cette activité, j’essaie de ne plus rester des mois sans dessiner ou graffer.

Le graffiti, c’est ma respiration ; je prends garde à me rappeler de respirer avant de me noyer.

À lire aussi : Comment j’ai appris à respirer #62jours

Je ne t’ai pas parlé du graffiti sur mur, car je le pratique peu (et que cet article est déjà très long), mais c’est une tout autre dimension. Avoir une bombe à la main a un côté addictif. D’ailleurs, les rares fois où je graffe sur un mur, je rentre complètement en transe.

C’est une sensation assez peu descriptible, mais extrêmement agréable, bien que troublante.

Si ce que je t’ai raconté t’intéresse, sache que j’ai une page Facebook sur laquelle je publie régulièrement (non) mes derniers gribouillis, et que j’ai aussi lancé récemment un compte Instagram.

Je publie pour l’instant sur ce dernier uniquement d’anciennes productions, mais une fois celles-ci épuisées, je le mettrai à jour (au moins autant que la page Facebook).

On se dit rendez-vous là-bas ?

Et d’ici-là, viens me raconter tes passions dans les commentaires ! D’ailleurs, si l’univers du street art t’intéresse, n’hésite pas à me le dire pour que je publie d’autres articles à ce sujet !

À lire aussi : Sobre, il essaie de voler une oeuvre de street art au marteau piqueur

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Les Commentaires

9
Avatar de Mathilde Trg
12 février 2018 à 23h02
Mathilde Trg
Mais encore une fois je comprend bien qu'un site comme madmoizelle ne puisse pas crier "go tagger tous les murs des villes et à bas les lois !".
Tu as bien compris l'esprit ! Et d'autant plus que le lectorat est très large, je ne veux pas prendre le risque d'encourager des personnes à graffer sans qu'elles ne soient prévenues un minimum des sanctions qu'elles encourent, c'est une question de responsabilité de ma part .
Pour ce qui est de mon avis et de ma pratique perso... Justement, dans des cas comme celui-ci, je les garde pour le perso !
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