En pleine polémique sur le port de l’abaya, Emmanuel Macron a défendu bec et ongles les annonces de son ministre de l’Éducation nationale, et présenté devant 60 000 spectateurs les mesures qu’il entend instaurer pour « l’avenir des jeunes » en cette rentrée 2023. Une interview retranscrite en direct sur YouTube et TikTok, aux allures de monologue com’ bien ficelé.
« Un manque de bienveillance dans les systèmes scolaires »
Le président a abordé la question épineuse de la santé mentale des jeunes. Il déplore « un manque de bienveillance dans les systèmes scolaire », auquel s’ajoute l’influence des écrans ayant, selon lui, bouleversé le « rapport de sociabilité » des jeunes.
Sur la question du harcèlement scolaire, et de sa déclinaison dans l’espace numérique, il a d’ailleurs annoncé qu’une loi serait votée en automne pour « permettre d’éloigner en ligne des cyberharceleurs en les interdisant de réseaux sociaux pendant six mois ». L’actualité de ces derniers mois a été émaillée par les suicides de Lucas, Thibault et Lindsay, trois élèves victimes de harcèlement. Elisabeth Borne avait promis le 6 juin dernier que la lutte contre le harcèlement scolaire serait donc « une priorité absolue pour la rentrée 2023 ».
Vers une tenue unique plutôt qu’un uniforme ?
Si le président s’est dit favorable à l’expérimentation de l’uniforme à l’école, il a aussi évoqué l’option de la « tenue unique », jugeant que cette dernière serait, à son avis, « plus acceptable ». Composée par exemple « d’un jean, un t-shirt et une veste », elle pourrait « paraître un peu moins stricte d’un point de vue disciplinaire », a-t-il ajouté. Il n’a pas précisé quand débuteraient ces « expérimentations » qui visent à « faire avancer le débat public ».
Le but ? Renforcer « la laïcité et un peu l’idée qu’on se fait de la décence », éviter toute tenue qui « exclut ou sépare ». Au sujet de l’abaya, le président a martelé : « De la maternelle jusqu’au baccalauréat, l’école est laïque et il n’y a pas de place pour le signe religieux. » Et de poursuivre : « Qui stigmatise ? Les gens qui poussent l’abaya […] C’est un choix qui convie quelque chose, qui dit « moi je suis différent et je viens à l’école comme ça. »
Réorganiser le calendrier scolaire
Selon le chef de l’État, « le sujet des vacances est un sujet qui doit être ouvert ». En effet, ce dernier estime que les grandes vacances constituent « la pire des inégalités », entre les écoliers aisés qui partent en « séjour linguistique » et ceux qui « restent à la maison ».
Mais, c’est peut-être l’intégralité du planning scolaire qu’il faudrait revoir : le président a cité le modèle allemand, où les cours ont lieu le matin, laissant l’après-midi libre pour les activités extrascolaires. Emmanuel Macron ne serait pas contre l’idée de s’en inspirer pour que « chaque élève fasse au moins une demi-heure de sport par jour, voire une heure », et pratique une activité culturelle « quelques heures » par semaine.
Travailler sur l’orientation post-bac
Un « gâchis collectif ». Ce sont ces mots que le président a employés au sujet de la formation des étudiants, estimant que la moitié des jeunes entrant en licence n’allaient pas au bout. Comme le résume le Parisien, tout cela serait « la faute, selon lui, à des problèmes d’orientation des jeunes, qui n’ont pas, ensuite, accès assez facilement à l’emploi ».
Emmanuel Macron a également évoqué la question épineuse de Parcoursup. De nombreux élèves avaient déploré se retrouver sans affectation avant l’été. Selon Emmanuel Macron, ils ne seraient en réalité plus « que » 2 309 candidats sur 917 000. Avant d’affirmer : « Nous ne laisserons tomber personne, tout le monde va avoir une affectation. »
Le pouvoir d’achat des étudiants
L’inflation frappe les jeunes de plein fouet. Selon les derniers chiffres de l’Insee, en 2022, 17,3 % des personnes actives âgées de 15 à 24 ans étaient au chômage.
Néanmoins, Emmanuel Macron a réaffirmé son opposition au versement du RSA pour cette catégorie de la population. Le Chef de l’État préfère « responsabiliser et aider » ces jeunes, en les encourageant à se tourner vers la formation, l’apprentissage, ou vers des dispositifs comme le « contrat d’engagement jeune ».
Comme le synthétise Le Parisien :
Pour l’instant, Emmanuel Macron a dit favoriser une lutte pour une baisse des prix dans l’agroalimentaire, plutôt que d’augmenter les bourses allouées aux étudiants modestes. Il a rappelé que les protections périodiques réutilisables seront remboursées en 2024 en pharmacie et en 2025 « sur une plateforme dédiée », tout comme les préservatifs. Côté transports, le président s’est aussi dit favorable à un ticket de train à petit prix pour les transports régionaux, similaire à celui à 49 euros mensuels mis en place en Allemagne par la Deutsche Bahn.
« Changer de vitesse pour lutter contre le réchauffement climatique »
Sur le climat, le président s’est montré bien ambigu. « Il faut complètement changer de vitesse et la nature de nos efforts pour lutter contre le réchauffement climatique », a-t-il affirmé. Quelques mois plus tôt, il réclamait pourtant à l’Union européenne une « pause » dans les règles environnementales. Une requête ubuesque qui lui avait valu un gentil tacle de la part du vice-président de la Commission Européenne.
Sur le plateau d’HugoDécrypte, le président a donc cette fois affirmé qu’il fallait aller « encore deux fois plus vite » dans la réduction des émissions de gaz à effet de serre pour remplir les objectifs climatiques de la France, tout en martelant qu’arrêter de prendre l’avion ne serait pas une solution pour le climat, selon lui. À la place, il souhaite mettre à contribution les élèves français, qui, dès cette année, planteront chacun un arbre. L’objectif ? Voir éclore « cette génération où chaque collégien aura planté son arbre », pour « aider » à tenir l’objectif d’un milliard d’arbres plantés en dix ans.
Pour le reste, il laisse sa première ministre Elisabeth Borne présenter une stratégie de « planification écologique » dans les jours à venir. En espérant que celle-ci ne comprenne pas que des mesures creuses.
Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
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