C’est la première fois que six musées français présentent en même temps le travail d’un même grand nom de la mode. Signe de l’importance patrimoniale du grand couturier qu’était Monsieur Yves Mathieu-Saint-Laurent.
Le 29 janvier 1962, au 30 bis rue Spontini, à Paris, se pressent artistes, aristocrates et professionnels de la mode pour assister au tout premier défilé d’Yves Saint Laurent en son nom propre. Le premier passage, un caban de marin qui couvre les hanches, porté sur un pantalon de shantung blanc et des mules, marque d’emblée une forme de révolution.
Pile soixante ans plus tard, cinq musées français s’accordent pour illustrer la dimension patrimoniale du travail de ce grand couturier : le Louvre, le musée d’Orsay, le Centre Pompidou, le Musée d’Art Moderne de Paris et le musée Picasso Paris. Et même un sixième, si l’on compte également le musée Yves Saint Laurent.
Pourquoi Yves Saint Laurent a droit à 6 expos en même temps en 2022 ?
Si Pierre Bergé, l’homme de sa vie, aimait à rappeler que la mode n’est pas un art, mais qu’Yves Saint Laurent était bel et bien un artiste, ces six expos simultanées comptent bien le confirmer. Yves Mathieu-Saint-Laurent de son vrai nom avait d’ailleurs déjà été le premier créateur de mode a se voir consacrer une rétrospective de son vivant (en 1983, par le Costume Institute du Metropolitan Museum of Art à New York, sous la direction de Diana Vreeland, puis aux Arts Décoratifs à Paris en 1986, soit assez tôt dans sa carrière, ce qui mérite d’être souligné). Mais pourquoi lui plus que d’autres aujourd’hui ?
Sans doute parce qu’Yves Saint Laurent a tenu à brouiller les frontières entre la mode et l’art dès ses débuts, comme l’explique Mouna Mekouar, co-commissaire de cet événement majeur « Yves Saint Laurent aux musées » et spécialiste de l’art contemporain au New York Times :
« Je ne pense pas qu’on puisse comprendre un créateur de mode, quel qu’il soit, sans tenir compte de la création contemporaine qui l’entoure. De même, je ne pense pas qu’on puisse comprendre un artiste contemporain sans regarder aussi ce qui se passe dans la mode.
[…] Yves Saint Laurent regardait diverses civilisations et formes d’art et réagissait à l’art de son temps. Il annonçait l’arrivée du XXIe siècle. Son regard était pluraliste : il n’y a pas de hiérarchie, juste de multiples centres d’intérêts.
Il a complètement assimilé le travail d’un artiste pour le réinventer. Même lorsque la référence est directe, il y a toujours une touche qui lui est propre. Et son travail a toujours un sens partout dans le monde aujourd’hui parce qu’il l’a fait avant tout le monde. »
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Dialogues entre oeuvres d’art reconnues et créations haute couture
Ainsi, dans les différents musées, tableaux séculaires, photos et créations haute couture se tutoient d’égal à égal (ce qui est rare puisque la mode est à peine considérée comme un art appliqué aujourd’hui). Les célèbres robes Mondrian d’Yves Saint Laurent pour l’automne-hiver 1965 vont par exemple être exposées à Pompidou pour la première fois au côté des Compositions en rouge, bleu et blanc du peintre néerlandais.
Au musée d’Orsay, c’est l’influence littéraire de Marcel Proust sur le travail de Monsieur Saint Laurent qui sera notamment mis en avant. Dont en particulier des tenues conçues pour une soirée déguisée de 1971, le Bal Proust (qui célébrait le centième anniversaire de la naissance de l’écrivain) pour lequel Yves Saint Laurent a créées les smokings de Jane Birkin et Marie-Hélène de Rothschild. Le tout exposé devant le déjeuner sur l’herbe de Manet qui a également beaucoup inspiré le créateur.
Au Louvre, c’est dans la galerie d’orée d’Apollon qui abrite les joyaux de la couronne française, que des vestes richement brodées resplendissent comme des bijoux de savoir-faire.
De ces jeunes années chez Christian Dior (de 1958 à 1960) à l’ouverture de sa maison de couture, en 1962, jusqu’à son arrêt, en 2002 (par un défilé spectacle au Centre Pompidou, justement), Yves Saint Laurent n’a eu de cesse de citer d’autres artistes par ses propres créations, des ballets russes aux poèmes d’Apollinaire, en passant par des peintres modernes comme Tom Wesselmann ou Georges Braque.
Même si l’on peut s’interroger et regretter le peu d’artistes féminines citées dans son œuvre, l’événement « Yves Saint Laurent aux musées » illustre à merveille ce dialogue perpétuel entre oeuvres d’art reconnues et les robes d’éternité de ce collectionneur-créateur.
« Yves Saint Laurent aux musées », du 29 janvier au 15 mai 2022, au Centre Pompidou, le Musée d’Art Moderne de Paris, le Musée du Louvre, le Musée d’Orsay, le Musée national Picasso-Paris et le Musée Yves Saint Laurent Paris.
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