À porte de Clignancourt, dimanche matin, je me suis réveillée brutalement, avec la sensation d’avoir oublié quelque chose.
Mes rêves avaient brouillé la frontière entre le réel et l’imaginaire, me laissant un peu vaseuse et perdue dans mon lit trop chaud d’avoir supporté tous mes combats nocturnes…
C’est en retirant une touffe de cheveux du siphon de ma douche que la mémoire m’est revenue.
The OA saison 2 est sortie !
Là, à quatre pattes dans la salle de bain, la vue encore à moitié floue, je me suis rappelée que The OA partie 2 était arrivée sur Netflix.
À peine sortie de ma torpeur, je suis donc retournée explorer la tranchée qui sépare le rêve de la réalité…
The OA, qu’est ce que c’était déjà ?
The OA, ça doit vaguement te dire quelque chose. Un machin un peu conceptuel sorti il y a des millénaires, et qui était sympa mais qu’on ne saurait plus pitcher.
Sauf qu’en réalité, la première saison de The OA est sortie en décembre 2016. Ça ne fait donc que deux ans et demi que la tuerie signée Zal Batmanglij et Brit Marling a vu le jour.
Mais deux ans et des bananes, c’est énorme dans l’univers des séries, qui produit au tractopelle.
De quoi parle la saison 1 de The OA ?
Une jeune femme aveugle prénommée Prairie disparaît pendant sept ans. Lorsqu’elle refait surface, elle a parfaitement recouvré la vue.
Qu’a-t-il bien pu lui arriver ? C’est ce que vont tâcher de découvrir son entourage et le FBI.
Mais tous sont loin de se douter que Prairie a été séquestrée par un scientifique qui s’est servi d’elle et d’autres individus comme de rats de laboratoire…
Le point commun de ces hommes et ces femmes qu’il a enfermés dans une prison aux airs d’aquarium ? Ils ont tous eu une expérience de mort imminente.
Sur le papier, The OA a des airs de séries que tu as déjà vues, quelque part entre Jordskott et Stranger Things.
Sauf que The OA ne ressemble à RIEN D’AUTRE.
The OA, c’est une série brillantissime, hyper bien écrite, chiadée, émouvante et conceptuelle qui mérite d’avoir le plus grand public possible.
The OA, ridicule ou très sérieuse ?
Bien sûr, les créateurs et scénaristes Zal Batmanglij et Brit Marling ne se sont pas contentés de donner dans l’enquête policière basique.
The OA flirte dans la première saison avec le fantastique pour y plonger totalement dans la saison deux.
The OA, c’est l’histoire d’une voyageuse interdimensionelle, qui pour passer d’une dimension à l’autre, doit… effectuer des mouvements de danse (si je simplifie à l’extrême).
Ce qui aurait pu tomber dans le ridicule as fuck est traité avec beaucoup de sérieux. La chorégraphie, répétée minutieusement par Prairie et ses camarades, devient un personnage à part entière de The OA.
Chaque mouvement fait naître une sensation différente, raconte à lui seul un morceau de l’histoire.
Parce que The OA, c’est une série terriblement sensible, qui joue sur les émotions pour adoucir son propos très plutôt complexe.
Que raconte The OA saison 2 ?
Dans la saison 2, sortie vendredi 22 mars sur Netflix, plusieurs timelines sont mélangées.
Karim Washington, un détective privé dont la mission est de retrouver une adolescente disparue, Michelle Vu, croise le chemin de Prairie, qui après avoir changé de dimension se retrouve dans la peau de Nina Azarova.
Nina, c’est son « moi » d’une autre dimension, qui n’a jamais été aveugle et est la petite amie d’un homme très puissant.
Ensemble, ils décident de percer deux mystères : la disparition de Michelle et celui d’une maison à Nob Hill en lien avec la disparition de plusieurs adolescents, qui jouent tous à un jeu très bizarre en réalité augmentée…
The OA se fait analyste des traumatismes humains
Zal Batmanglij et Brit Marling ne se sont pas contentés d’un récit qui survole les sujets abordés. Non, leur série pénètre en profondeur chaque thématique évoquée.
C’est probablement pour cette raison qu’ils ont mis si longtemps à délivrer cette saison 2.
Les personnages construits minutieusement par Brit Marling souffrent tous de l’énorme traumatisme d’avoir été séquestrés pendant une grosse partie de leur vie.
The OA explore alors les relations des victimes entre elles, mais aussi des victimes avec leur bourreau.
Non contente de déjà s’attaquer à un gros morceau avec tout ça, la série aborde aussi le deuil, l’amour déçu, la torture, la perte d’un sens. Et chaque nouveau thème est traité avec la même patience et le même sérieux que le précédent.
Tous les axes scénaristiques sont exploités avec rigueur, ce qui rend The OA complète, jamais bâclée.
The OA, folie, rêve ou réalité ?
Comme toutes les bonnes fictions, The OA prend un malin plaisir à jouer avec ses téléspectateurs.
En intégrant au sein d’un même produit la notion de voyage interdimensionnel, d’évasion par le rêve, de folie (la saison 2 se passe en partie dans une clinique psychiatrique), de secte et d’amnésie, The OA prend bien soin de questionner notre ésotérisme.
Devant chaque épisode, il est possible de passer d’une certitude à une incertitude en moins de deux minutes.
Ces personnages voyagent-ils vraiment d’une dimension à l’autre en dansant comme s’ils étaient les dernières recrues de Maurice Béjart ? Ou bien sont-ils tous fous et souffrent d’un délire commun ?
Ou alors Prairie est la gourou d’une secte aux préceptes hyper chiadés ? Ou bien encore tous les personnages ont été empoisonnés au mercure ?
Difficile à dire. Voilà en partie ce qui fait la réussite de The OA : on ne sait pas. Le doute est présent et ronge les esprits des binge-watcheurs autant que ceux des personnages principaux.
Tout le monde est sur un pied d’égalité, déstabilisé par la substance même de la série.
Quel pied !
The OA, de la science-fiction de qualité
Si la saison 1 ne fait qu’effleurer ses lèvres, la saison 2 roule de grosses pelles à la science-fiction.
Ce qui est prodigieux, c’est que même dans les moments les plus what the fuck (et il y en a un bon gros paquet dans la partie 2), le sérieux est de mise.
Ainsi, The OA plonge tranquillement dans la science-fiction, proposant sa version à elle de Sliders, les mondes parallèles, mais en mille fois plus pointue, intelligente, et… effrayante.
Oui, vers la moitié de la saison 2, la série sombre dans une très belle horreur. L’horreur que j’aime, celle qui est viscérale et dépourvue de jump scares.
En mélangeant les genres, presque en les transcendant, The OA aborde l’humain dans toute sa complexité.
The OA, meilleure que toutes les autres séries
D’après moi, The OA est la MEILLEURE des séries actuellement disponibles sur le marché.
Intello sans être prétentieuse, complexe sans être incompréhensible, elle a tout des très, très grandes.
Rien n’y est laissé au hasard, chaque question que tu te poses trouve réponse à un moment donné, à condition que tu sois patiente.
The OA, c’est un mélange de Stranger Things (on en parle d’ailleurs des similitudes des bandes-son ?), de l’excellente série allemande Dark, et de la suédoise Jordskott, mais pour adultes.
J’ai trouvé pas mal de similitudes entre ces quatre programmes, sauf que The OA est pour mois mille fois plus aboutie.
The OA mérite ta patience
En 2016, je me souviens avoir eu des conversations étonnantes avec mes potes.
Quelques-uns s’accordaient à dire :
« Le début est trop lent, c’est soûlant. »
Ou encore :
« C’était tellement chiant le premier épisode, j’ai abandonné. »
Ces critiques basées sur le pilote m’ont interloquées…
Un showrunner doit-il tout donner des les premières secondes, en prenant le risque de dégrader don idée pour capter l’attention de ses téléspectateurs ?
Selon moi, c’est un grand NON.
Je pense qu’il faut parfois accepter de s’emmerder quelques minutes, et laisser le temps à un récit de démarrer.
Établissons un parallèle avec le sexe : certains partenaires ont besoin de longs préliminaires pour se chauffer et rentrer dans le feu de l’action. Après, ils sont infatigables !
Pourquoi le divertissement n’aurait-il pas lui aussi droit à notre patience et à de longs prélis ?
D’après moi, c’est une très mauvaise habitude de vouloir tout, tout de suite. Un bon produit, comme n’importe quoi d’autre, ça se mérite…
La lenteur est parfois bénéfique.
Laisse donc sa chance à cette bouffée de mercure qui repense la morale humaine et définit les nouveaux contours d’une science-fiction élégante.
Si The OA avait été un film, il aurait été signé Denis Villeneuve.
Sauf que The OA est une série, peut-être la meilleure, et prouve qu’il est possible de faire presque mieux à la télé qu’au ciné !
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Les Commentaires
Oui, je viens de la finir et je reste sur mon avis précédent. Le rythme est vraiment trop lent et il y énormément de passage inutile et/ou tirés par les cheveux. Quand à l'héroïne principale, elle m'agace, on dirait une Mary-Sue. Je vais commencé la saison 2 mais si c'est sur le même acabit que la saison 1, je ne suis pas sûre de pouvoir finir.