Ce 1er novembre, c’est la journée mondiale du véganisme. L’occasion de (re-)lire l’auto-interview de Clémence Bodoc, pour faire la lumière sur ses convictions à ce sujet !
— Article initialement publié le 29 juillet 2015
« Quand on montre la lune à un imbécile, l’imbécile regarde le doigt. »
C’est exactement ce que m’inspirent la plupart des articles portants sur le végétarisme ou le véganisme publié ces dernières années dans des médias généralistes.
Le véganisme, un mystère pour le commun des mortels ?
Les clichés dont végétarisme et véganisme sont imprégnés ne me surprennent pas : ce sont ceux que l’on entend dans les dîners, quasi-quotidiennement, dès lors que l’on se retrouve confronté•e à une personne ignorant tout des régimes végétariens.
En tant que végane, je ne peux que me réjouir de la place grandissante accordée à ce sujet dans les médias à forte audience. Mais je ne peux m’empêcher d’être atterrée face à la pauvreté des contenus proposés.
J’ai bien essayé, une fois, de proposer mon témoignage à un journaliste qui cherchait différents « types » de véganes. Lorsque je lui ai expliqué que j’étais intolérante au lactose, il a décliné ma participation. « Pas le profil recherché. »
Effectivement, je ne considère pas la viande comme le produit d’un meurtre et le lait comme le produit d’un viol. Ce n’est pas ma conception du véganisme, et ce n’était visiblement pas une conception qu’il était prêt à citer dans son reportage.Qu’à cela ne tienne, j’ai donc décidé de m’auto-interviewer.
Je ne suis pas la porte-parole des véganes, je suis juste une végane qui en a un peu marre qu’on lui prête des propos, des intentions, et qui du coup, voudrait bien remettre deux-trois points sur les « i ».
…Non. On ne va pas faire la police végane dans cet article
Rencontre avec… une végane militante extrémiste ?
Qu’est-ce que tu manges ?
Haha, mais comme ça, sans préambule ? Commençons par un point vocabulaire, si tu le veux bien !
- Régime végétarien : alimentation centrée sur les produits végétaux (céréales, fruits, légumes), et dérivés de l’exploitation animale (lait, oeufs). Refus de consommer des produits issus directement de l’exploitation animale.
- Régime végétalien : même définition, moins les produits dérivés de l’exploitation animale (lait, oeufs). Refus de consommer des produits issus directement et indirectement de l’exploitation animale.
- Végane : personne végétalienne qui choisit également d’appliquer les mêmes préceptes à tous ses actes de consommation, en refusant par exemple l’achat de produits faits à base de cuir, de laine, de soie, etc.
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Et donc toi tu es… ?
J’ai été « flexitarienne » pendant 8 ans, ça veut dire que pendant tout ce temps, j’étais convaincue du bien-fondé du régime végétalien, mais mes choix de consommation n’étaient pas tous guidés par cette philosophie.
Je mangeais aussi de la viande, du poisson, des produits laitiers en fonction des occasions. Je mangeais par pragmatisme, lorsque je sortais au restaurant, ou que j’étais invitée chez des ami•es.
Puis, j’ai été pesco-végétarienne pendant 3 mois : je ne mangeais plus de viande, ni vraiment de poisson, à l’exception des sushis au saumon ! J’ai fini par adopter véritablement un régime végétalien en mai 2012.
J’ai adopté le véganisme en même temps, pour moi, c’est une question de cohérence : je ne fais pas de différence entre tuer un animal pour le manger ou pour porter sa peau.
Après, dans une recherche permanente de cohérence éthique, je privilégie aussi la consommation de produits locaux, et de saison.
Je préfère encore porter du cuir acheté dans une friperie que d’acheter des vêtements 100% textile végétal, importés du Bangladesh, parce que même si, dans l’absolu, je suis contre l’utilisation des animaux pour la production de biens non essentiels, je reste extrêmement sensible à l’impact écologique de mes choix de consommation.
Pour moi, consommer « local » est aussi important, sinon parfois plus, que de laisser les animaux tranquilles !
Suis-moi, je t’embarque au Veggie World 2016 !
« Bien manger, c’est compliqué, véganisme ou non »
C’est pas trop compliqué, au quotidien ?
Quoi donc ?
Je sais pas, interroger tous tes choix de consommation, tout le temps, quotidiennement. Est-ce que ça en vaut vraiment la peine ? Je veux dire, pourquoi t’emmerder ?
La formulation de ta question est symptomatique d’un conditionnement social problématique.
Tu as perdu tout le monde, là !
Pardon, je recommence : en fait, pour répondre à ta question, plutôt que de te donner mes raisons d’être végane, je vais énumérer celles de ne pas l’être.
Comme tu l’as dit : c’est relou de faire attention à tout ce qu’on achète, tout le temps, de prendre du temps pour réfléchir à ce qu’on va manger, pour équilibrer ses repas, d’accepter des invitations à dîner chez quelqu’un ou à sortir sans savoir si on va pouvoir y manger quelque chose qu’on a véritablement envie de manger, se renseigner en permanence sur la composition et l’origine des produits qu’on consomme, oui, on ne va pas se mentir, c’est re-lou.
Mais ce n’est pas propre au fait d’être végane.
Si tu veux avoir une alimentation équilibrée, si tu veux te faire plaisir, dans ces cas aussi, véganisme ou non, tu dois prendre le temps de réfléchir à ce que tu manges.
Si tu veux du bon chorizo d’Espagne ou du saucisson corse, t’as intérêt à bien lire les étiquettes et pas te fier à un logo espagnol ou à un dessin de sanglier sur l’emballage. Si tu n’as pas envie de manger des lasagnes au cheval, se renseigner sur l’origine des produits qu’on achète est une nécessité – et je suis la première à le regretter.
J’ai commencé à lire les étiquettes et me documenter sur les modes de production et de commercialisation des produits bien avant de devenir végane, c’était pas le but, mais c’est devenu une conséquence, oui.
Quand tu réalises tous les ingrédients qui entrent dans la composition de « trucs » que tu manges au quotidien, tu repenses ton équilibre alimentaire. Je me suis rendu compte que je mangeais, finalement, beaucoup plus gras et sucré que je ne l’imaginais…
Avant, ça m’arrivait de décliner des invitations à dîner chez/avec des ami•es, les soirs où je n’avais pas envie de manger « un menu contraint ». Là, on pouvait dire que je m’excluais, que je m’isolais.
Depuis que j’assume de ne plus vouloir manger par pure politesse ou pragmatisme, mais selon mes envies et mes convictions, on peut dire que je vis bien mieux qu’avant. Je privilégie la dimension sociale du repas, finalement, depuis que je ne m’en prive pas juste à cause du contenu de l’assiette !
Ça implique parfois de se retrouver au resto avec juste une assiette de frites et une bière (qui ne sont pas toujours véganes…), mais je préfère passer un bon moment entre ami•es avec un repas pas forcément ouf, mais que j’aime manger, plutôt que de me forcer à avaler un truc dont je n’ai pas du tout du tout envie, juste par convention sociale.
« Ça a l’air très étrange et très sain. Je n’aime pas ça. »
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Véganisme : ce n’est pas un « coming out »
Comment a réagi ton entourage lorsque tu es devenue végane ? On peut parler de « coming out » ?
Si ça ne te fait rien, on va éviter cette expression. J’ai pu l’utiliser par le passé, en blaguant, jusqu’à ce que je réalise qu’un vrai « coming out » n’a rien de drôle.
Je préfère donc qu’on laisse cette expression à toutes les personnes transgenres et/ou non hétérosexuelles qui vivent une véritable oppression.
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Moi, j’ai eu le droit à des jugements, à des commentaires désobligeants, mais on ne m’a jamais insultée ni agressée en pleine rue, on ne m’a pas refusé l’entrée dans un restaurant ou un bar au prétexte de mon véganisme.
De manière générale, je n’aime pas qu’on mette sur le même plan la haine de l’autre, avec l’intolérance ou la bêtise. Les conséquences ne sont pas les mêmes, et n’ont pas la même gravité.
Donc selon toi, les végétariens ne sont pas « oppressés » dans la société française ?
Selon moi, non. Toutes les formes d’intolérances ne sont pas la conséquence d’une oppression systémique. Parfois, les gens sont intolérants parce qu’ils s’arrêtent à leurs préjugés, sans qu’un système de valeurs profondément enraciné dans leur culture, leur société, ne les conditionne à penser d’une certaine façon.
Parfois, l’intolérance face à la différence de l’autre a une explication beaucoup plus simple : les gens renoncent à user de leur esprit critique lorsqu’ils sont confrontés à une nouveauté ; et ça arrive assez souvent d’ailleurs. Je veux dire, quand je fais face à de l’ignorance, j’explique mon régime avec plaisir.
D’autres fois, il y aura des réactions de surprise ou d’incompréhension, dues à une espèce de peur de l’inconnu, ou du jugement : là aussi, je sais être patiente et pédagogue, même avec la millième personne qui me demande « quel goût ça a, le tofu ». C’est pas méchant, bien sûr, mais à la longue, c’est lourd. Au pire, les gens peuvent goûter, ils ne vont pas s’empoisonner…
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Mais quand une personne engage la discussion avec moi, et finit par me balancer qu’elle me trouve « quand même hyper extrême » et que « mais quand même, c’est pas très équilibré » et que je mets « ma santé en danger », j’évite alors de perdre mon temps et je coupe court aux échanges.
Il y a bien un « système carniste », qui légitime la consommation de produits animaux comme étant « normale, naturelle et nécessaire », mais les victimes de ce système oppressif carniste ne sont pas les végétarien•nes : ce sont les animaux. Enfin, c’est juste mon avis.
Je crois que tu m’as encore perdue… « système carniste » ? Tu parles des carnivores ? Mais l’homme est omnivore !
Le carnisme est un concept inventé par Mélanie Joy, une psychologue-écrivain diplômée d’Harvard, qui a écrit un best seller intitulé Pourquoi nous aimons les chiens, mangeons des cochons, et nous portons des vaches. (Why we love dogs, eat pigs and wear cows.)
Elle y explique les ressorts psychologiques qui nous amènent à développer énormément d’empathie pour certains animaux, et absolument aucune pour d’autres, qu’on considère alors uniquement comme « des produits de consommation » et pas des êtres vivants dotés de sensibilité.
Le carnisme et le végétarisme, deux idéologies concurrentes
Quand j’ai découvert ses thèses, ça a été une véritable révélation pour moi. J’ai compris pourquoi un raisonnement qui m’apparaissait logique pouvait sembler aussi extrême et insupportable à d’autres.
Pourquoi refuser de manger certains produits pouvait mettre en colère mes interlocuteurs, pourquoi, tout en étant végane, je n’ai aucune compassion spécifique vis-à-vis des animaux « mignons », ni aucun animal d’ailleurs.
Je ne comprends pas la fascination qu’on peut avoir pour les bébé-animaux, et je suis totalement indifférente aux chiens, par exemple. Et pourtant, je ne pourrais sans doute plus manger un steak sans grimacer ou avoir la nausée. Ce double standard à l’intérieur de mon cerveau, ça me rendait folle !
Et puis, j’avais toujours mangé de la viande en sachant pertinemment que c’était un animal, et qu’on les tuait pour ça, évidemment, alors pourquoi tout d’un coup, je ne pouvais plus ?
En présentant « le carnisme » comme une idéologie construite, et pas comme « un état de fait » duquel le végétarisme se détacherait, Mélanie Joy permet de concevoir ces deux systèmes comme des idéologies concurrentes. On sort de l’idée que l’une est la norme (le carnisme) et l’autre une exception, construite par rapport à la première.
Du coup, le végétarisme est bien une idéologie ? Et ça fait de toi… une militante ?
Oui c’est une idéologie, comme le fait de manger de la viande est aussi un choix, qui repose également sur une idéologie. Ce n’est pas parce qu’ « on a toujours fait comme ça » qu’on ne peut pas remettre en question les principes qui nous ont conduit à « toujours faire comme ça ! »
À ce compte-là, pourquoi remettre en question le sexisme dans la société ? Les femmes ont toujours été dans une position dominée, pourquoi changer maintenant ?! On accepte beaucoup de moins cet état de fait, quand on s’en trouve soi-même victime !
Mais les liens entre féminisme et végétarisme nous emmèneraient dans une toute autre discussion, éloignée de l’alimentation (mais néanmoins passionnante ! On s’en reparlera j’espère !)
Et non, ça ne fait pas de moi une militante par défaut, même s’il faut arrêter de considérer le militantisme comme un gros mot !
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Je mange trois à quatre fois par jour, comme tout le monde, et je fais des choix, parfois contraints ; comme tout le monde… Mon repas n’est pas une revendication politique.
Je mange parce que j’ai faim, pas pour défendre une idéologie. Ce que je mange ou non porte effectivement un sens politique, mais mes choix alimentaires sont d’abord motivés par le plaisir.
J’aime manger comme ça. Si j’avais envie de me taper un steak et du frometon, je le ferais, mais je n’aime plus ça. Alors pourquoi se forcer ? Juste pour « rester dans la norme » ? Ne serait-il pas temps que « cette norme » évolue ?
Je voudrais pouvoir manger mon tofu sauté au sésame sans avoir à défendre le bien-fondé du végétarisme et du véganisme à chaque dîner en société. On ne vous demande pas de vanter les bienfaits nutritionnels du poisson à chaque fois que vous commandez un pavé de saumon. Tu vois le deal ?
Dans l’absolu, un repas est juste ça : un repas. Manger un steak n’est pas être complice d’un génocide, manger du tofu n’est pas une menace à l’équilibre socio-économique du pays. On pourrait tou•tes descendre de nos grands chevaux et se recentrer sur les deux piliers de nos choix alimentaires : plaisir et nécessité.
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Véganisme : de « l’extrémisme » par rapport à « la norme » ?
Tu es bien sévère avec le traitement des régimes végéta*iens dans la presse ; aucun article sur le sujet ne trouve grâce à te yeux ?
Si, un billet de blog que j’ai particulièrement aimé : Et si ces enfoirés de véganes avaient raison ?
J’ai beaucoup aimé la démarche de l’auteur, qui reconnaissait implicitement que « la haine des végéta*iens » venait d’une forme de culpabilité et de mauvaise foi parmi ceux qui préfèrent nier les réalités écologiques…
Je ne fais la morale à personne, j’aime bien résumer notre situation à cette phrase : on n’est pas responsable de l’état du monde, mais on a une part de responsabilité dans la direction que ce monde va prendre.
Je suis convaincue que chacun d’entre nous peut agir à son échelle, non pas parce qu’on aurait une forme d’obligation morale, mais juste parce qu’on est mieux éduqués et plus conscients de notre environnement que les générations précédentes (peut-être aussi moins égoïstes, moins matérialistes, je ne sais pas.)
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Pour moi, ne pas consommer d’animaux n’est pas un sacrifice, et moins en consommer, pendant huit ans, ça n’était pas une privation. Pour moi, ce n’est pas un effort, donc je le fais, parce que ça me paraît naturel.
Mais je comprends tout à fait ceux qui disent « ne pas pouvoir s’en passer ». Au rythme où l’on consomme la viande, il faudra sans doute s’en passer un jour, et plus on modère notre consommation actuelle, plus on repoussera cette échéance. Je ne demande à personne de virer végane à la lecture de cet article.
Je vous demande juste de ne pas me reprocher mon véganisme, parce que fondamentalement, il est cohérent avec l’état de nos ressources naturelles.
« Être végane te rend simplement meilleur que la plupart des gens » (non) (enfin c’est mon avis)
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Si je suis parfois considérée comme « extrémiste », c’est parce que mon véganisme remet en cause des habitudes qu’on a élevées au rang de norme.
Il y a dix ans, c’était sans doute encore extrême, mais personnellement, je considère aujourd’hui que c’est plutôt défendre la consommation quotidienne de viande qui est une position extrémiste. Elle n’est plus supportée, ni par des raisons sanitaires, ni par des raisons économiques (l’élevage est un gouffre à subventions publiques), ni écologiques…
Non, j’ai plutôt le sentiment de défendre une position raisonnable, en fait : celle d’interroger la logique et la pertinence de nos modes de consommation, et de repenser mes habitudes en cohérence avec mes convictions personnelles et éthiques.
Ouais. T’es vraiment pas très extrémiste ni agressive, au final.
Ben non. Mais bien sûr que certain•es véganes peuvent avoir des mots durs, et je les comprends, parce que quand on se fait traiter de fous et d’extrémistes à chaque repas, on finit parfois par perdre patience… !
Il reste quand même une question à laquelle tu n’as pas répondu.
Laquelle ?
Concrètement, qu’est-ce que tu manges ?
Pour une première approche du véganisme, j’ai jugé qu’il était plus intéressant de s’attarder sur pourquoi on mange, nous, tout le monde, et pas seulement les végétaliens.
Mange. Tu te sentiras mieux.
Quant à savoir plus concrètement ce que l’on mange, les possibilités sont si nombreuses que ça ne tiendrait pas dans cet article. J’en avais déjà parlé un peu dans les idées reçues sur le véganisme, mais si ça te fascine à ce point, promis, je reviendrai dédier un article aux aliments stars des régimes végéta*iens.
Vendu.
Ça fait du bien de pouvoir prendre la parole sans être accablée de préjugés négatifs à chaque question ! Merci Clémence Bodoc !
Mais de rien, Clémence Bodoc. « On n’est jamais si bien servi que par soi-même ! »
Pas mieux.
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Si tu as des questions, je serais ravie de les lire et d’y répondre dans les commentaires ! Promis, je ne vais pas te manger… (haha) (pardon, elle était facile).
Et si le film que vous alliez voir ce soir était une bouse ? Chaque semaine, Kalindi Ramphul vous offre son avis sur LE film à voir (ou pas) dans l’émission Le seul avis qui compte.
Les Commentaires
@-Loreleï- alors la tu vois quand tu dis ça c'est comme si un omni te dit "non mais les vegan ils font ça juste parce que se sont des bouffeur de salade" j'ai était végétariennes pendant des années et c'est bien une réflexion de 6ans sur la vie, la mort, la souffrance et des théorie scientifique comme le principe de la chaîne alimentaire qui m'ont fait revenir à un régime omnivores ...