– Article initialement publié le 10 juin 2015
Tricher aux exams ? Toi ? Jamais ! Enfin… Si tu es adepte de la triche pour tes contrôles, partiels et autres concours, tu es loin d’être une espèce rare. Les tricheurs et tricheuses sont beaucoup plus nombreux•ses que ce qu’on pourrait croire : pendant la seule session 2014 du baccalauréat, les tentatives de triches étaient de 10% supérieures à celles de la session 2013 !
Le ministère de l’Education nationale prévoit d’ailleurs d’interdire l’utilisation des calculatrices électroniques programmables à partir de 2018, pour limiter la triche au bac. Et la triche se poursuit bien évidemment lors des études supérieures.
Mais au fond, pourquoi tu triches ? Qu’est-ce qui motive ou incite les élèves à frauder ? Est-ce qu’on a vraiment conscience de ce qu’on risque en trichant ? Voici les explications des madmoiZelles (et un madmoiZeau) tricheuses, et le regard de quelques profs sur le phénomène.
Tricher, pour quel type d’exercice ?
Les madmoiZelles qui ont répondu ont triché pour des contrôles de connaissance sur table, mais aussi pour des examens plus officiels. Souvent, cela se fait sur le moment, spontanément, sans préméditation, comme l’explique Coline :
« C’est souvent improvisé, parfois même involontaire : mon regard se pose sur la copie devant moi et je me rends compte que je viens de faire une erreur, ou que je n’avais pas pensé à telle idée… »
Idem pour Barbara, qui a du mal à visualiser son cours même lorsqu’elle l’a appris :
« Je triche parce que j’ai un trou de mémoire, que je n’ai pas la réponse à une question posée et ne l’ai jamais connue. Je ne prévois pas de tricher, mais il y a souvent des questions auxquelles je ne sais pas répondre, alors que j’ai vu et revu la réponse dans mon cours. Alors si elle est présente sur la feuille de mon voisin, je zieute et je demande. »
Cette madmoiZelle anonyme avait réussi à arrêter la triche jusqu’au jour du bac, où elle a re-craqué :
« J’ai triché pour l’oral du bac de français : au moment où l’on doit préparer notre plan, j’ai sorti ma fiche de révision de mon sac et je m’en suis servie comme plan. Rien n’était prémédité, je ne sais pas si le stress de l’examen a joué ou que sais-je… Quelque part, c’était rassurant de savoir qu' »au moins le plan était bon ». »
Plusieurs madmoiZelles racontent comme cette triche improvisée s’est peu à peu transformée en habitude, et comment elles ont déployé des techniques de plus en plus sophistiquées pour tromper les professeurs ou gagner du temps. Auxane, qui n’a pas encore passé son bac, admet qu’elle a triché à toutes les formes d’examens, de manière très méthodique :
« C’était toujours préparé à l’avance, parce qu’il fallait que je change de méthode selon le professeur, selon sa façon de nous surveiller, et selon son occupation lors du contrôle. »
Cette autre madmoiZelle anonyme souffrait de harcèlement, et avait du mal à suivre en cours :
« Les premières fois étaient surtout improvisées : je commençais par essayer d’apprendre mon cours, et quand je me rendais compte que je ne captais rien et que je risquais pas de le retenir, je finissais par me recopier un maximum de choses utiles sur une copie double. Au fil de l’année, c’est devenu un peu plus préparé, je la faisais la veille de mes contrôles pour être sûre d’avoir quelque chose de propre et complet. Vu mon état à l’époque, cela me permettait de garder la face devant mon entourage. Ça me demandait pas mal de temps et d’énergie ! »
Pinceau_, qui trichait pour se rassurer, raconte de son côté :
« Au fur et à mesure, je me suis vraiment mise à aimer l’adrénaline ressentie au moment de sortir l’antisèche, le coeur qui battait à 100 à l’heure, la peur de se faire chopper… Et finalement l’intense satisfaction d’avoir réussi. Je suis passée des petits papiers aux antisèches recherchées, et très vite je me suis aperçue qu’il était bien plus facile de tout écrire sur des feuilles A4 et de les faire passer pour des brouillons. »
Lily, elle aussi, s’est mise à échafauder des techniques alambiquées :
« Je pense que je peux situer à 50% mon taux de contrôles et de DM « trichés » au cours de ma scolarité. La première fois que j’ai commencé, je devais être en sixième. En allemand, c’était plutôt à l’improviste, Dans les autres matières, c’était plus pensé et réfléchi. Je prenais au CDI un livre de la matière enseignée qu’on utilisait pas du tout en cours, et je recopiais les paragraphes entiers qui m’intéressaient, en essayant de temps en temps d’y mettre une touche personnelle. Grâce à ça, j’ai eu la moyenne toute l’année. Pour le bac, j’avais des robes longues, j’écrivais les dates importantes sur mes cuisses et je regardais discrètement sous la table si nécessaire. »
« Ça me prenait moins de temps que réviser »
Mais qu’est-ce qui a poussé ces madmoiZelles à plonger dans le bain de la triche ? Marie-Camille Coudert, professeur de physique en lycée et collège, estime :
« Il y a deux raisons pour lesquelles les élèves trichent, et elles sont liées. Soit parce que le travail leur paraît trop gros, et ils le font par découragement. Soit parce qu’ils veulent obtenir le même résultat qu’en travaillant mais en faisant moins d’effort. »
Ces deux points sont effectivement ceux qui ressortent des témoignages. Quelques madmoiZelles ont voulu économiser leurs efforts en trichant. Julie explique que cela lui a permis de gagner du temps sur ses révisions :
« Les formules dans la calculatrice, c’était l’affaire de quelques minutes pour faire un garde-fou, et enregistrer les cours sur MP3 me prenait moins de temps que d’essayer en vain de retenir un cours. De même pour la phonétique, faire une fiche à mettre sous le brouillon du partiel me prenait moins de temps que réviser un semestre. »
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Cette madmoiZelle anonyme évoque quant à elle un manque d’intérêt pour les notions à apprendre, qui lui semblaient inutiles pour son projet professionnel :
« J’ai su très tôt que j’avais envie de faire un métier artistique, et donc complètement à l’opposé des matières générales enseignées au collège ou lycée. J’avais toujours eu des bonnes notes, mais l’ennui et le manque d’intérêt grandissant pour ces matières, j’ai commencé à avoir vraiment la flemme de travailler mes cours à fond. Surtout au lycée, en terminale. Pas dans toutes les matières, juste en Histoire ou en physique et maths. »
Lily, qui suit des études de droit, commente :
« J’ai fait des études où l’important était surtout l’analyse (dissertations, commentaires d’arrêt, etc.), du coup, je n’étais pas dérangée moralement par le fait d’avoir une antisèche. Ça ne m’empêchait pas de réviser et de réfléchir le jour de l’exam, je le faisais même mieux en n’étant pas stressée par l’idée de retenir des petits détails. »
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Tricher pour « limiter la casse »
Mais d’autres madmoiZelles, et elles sont nombreuses, évoquent surtout le manque de confiance en soi et en ses capacités, qui poussent à la triche pour se rassurer. Cette madmoiZelle anonyme s’en est servie comme d’un moyen de réduire la pression liée aux examens :
« Je suis une personne peu sûre de moi, j’ai été traumatisée par plusieurs profs. Les examens, c’est une période de grand stress, où même si tu essayes de te changer les idées, ça ne marche pas. Tu te dis que tu ne vas pas y arriver. Tu te focalises sur quelque chose, tu te dis que ça va forcément tomber, que tu ne le connais pas assez bien, tu paniques, vraiment. Tu perds toute logique, c’est comme si tes trois années de licence et ton futur étaient concentré sur une putain de déclinaison d’ancien français. »
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Une autre madmoiZelle anonyme raconte qu’elle était convaincue d’être nulle :
« J’ai triché au collège en cours de sciences et mathématiques, parce que je ne comprenais rien aux cours. J’avais toujours entendu que j’étais nulle en maths, que c’était normal car mes parents l’étaient aussi. Tricher me semblait une évidence pour éviter la casse. En seconde, ça me semblait presque normal. Et les rares fois où je ne le faisais pas, je n’obtenais pas la moyenne, donc il me semblait plus simple de tricher. Ce n’était qu’une « connerie d’ados » parmi d’autres. »
Auxane, qui a subi du harcèlement scolaire, n’arrivait tout simplement pas à se concentrer :
« J’étais sidérée de la capacité de mes profs à ne rien voir et à ne rien entendre, alors que les scènes les plus horribles se passaient surtout sous leurs yeux. J’étais incapable d’apprendre, d’écouter et de vivre. C’est en quelque sorte la triche qui m’a appris les bases, parce qu’en écrivant, en faisant des bilans pour ne pas avoir une trentaine d’antisèche sur la chaise, j’ai fini par comprendre les cours. »
Adélaïde, elle, réussissait bien, mais cela ne lui suffisait pas pour arriver à se passer des antisèches :
« Avant de tricher, j’essayais quand même d’apprendre et de comprendre mon cours. Mais à chaque fois, j’avais cette inquiétude tenace quant à mon futur échec dans ces matières. Tricher me servait à me débarrasser de mon stress parce que je savais que j’avais toutes les cartes en main pour réussir. »
Plusieurs madmoiZelles racontent aussi la peur de décevoir leurs parents, et la pression de devoir être la meilleure, comme cette madmoiZelle anonyme, qui a suivi un cursus scientifique au lycée, conformément aux souhaits de sa famille :
« J’ai toujours été une élève très douée. Nous sommes un peu tous « des têtes » dans ma famille, et il y a toujours eu cette pression de la réussite. Une note en dessous de 15, c’était un contrôle raté.
Je ne suis pas quelqu’un de très bien dans ma peau, et à l’adolescence, j’ai commencé les crises d’angoisse. Au moment de ma terminale S, je suivais un traitement lourd qui m’empêchait de suivre correctement les cours, et je suis aussi tombée dans la drogue dure. J’ai vite été larguée dans les matières scientifiques. C’était nouveau, et c’était insupportable ! C’était une telle panique pour moi de décevoir mes parents, de vivre leur engueulades si mes notes baissaient, que par désespoir plus qu’autre chose, j’ai commencé à tricher. C’était la solution de secours, la corniche à laquelle m’accrocher »
Adélaïde, elle aussi, a triché en section scientifique, un cursus qu’elle avait intégré non par choix mais parce que ses parents lui avaient imposé :
« J’avais des cours particuliers de mathématiques. J’essayais vraiment de travailler au maximum, mais au final, je me retrouvais toujours frustrée face à mes notes, qui n’évoluaient pas ni n’atteignaient la moyenne. Pour continuer dans la section internationale, je n’avais pas le droit au redoublement, pas le droit à l’échec, sinon je me retrouvais encore en S, mais sans les langues qui, elles, me passionnaient. J’ai donc décidé de tricher. »
Lily faisait partie d’une classe composée uniquement de bon•n•es élève :
« J’étais dans une classe dite européenne d’un collège privé, où nous étions supposés représenter une certaine élite. Je pense que je trichais à la fois pour garder la face par rapport aux autres, et à mes parents qui payaient très cher pour mon frère et moi, et pour ne pas avoir à travailler plus que ça. »
Les enseignant•e•s sont d’ailleurs bien conscient•e•s que la triche n’est pas l’apanage des dits « mauvais•es élèves » : Elodie, Aurélie et Marie-Camille Coubert évoquent le manque de confiance en soi, la pression de la note, le manque de compréhension du pourquoi de l’apprentissage.
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Courir le risque
Pour plusieurs madmoiZelles tricheuses, c’est sûr, le jeu en vaut la chandelle. La menace de la sanction paraît lointaine, ou moins importante que la nécessité de réussir à tout prix, comme en témoigne cette madmoiZelle anonyme :
« Au lycée, je pense que ça en valait la peine, parce que tout ce que je risquais finalement, c’était un beau zéro et un sermon, et c’est ce qui m’attendait aussi si je ne trichais pas. Je crois surtout qu’à ce moment-là, je ne m’en rendais pas vraiment compte. Ce qui me faisait peur, c’était de ne pas avoir mon bac, de ne pas rentrer dans les normes et de décevoir ceux qui attendaient des choses de moi. »
Une autre madmoiZelle anonyme ajoute :
« Maintenant, je me rends compte des risques que j’ai courus toutes ces années. Jusqu’au lycée, je m’en moquais totalement. En Belgique, en études supérieures, j’ai eu beaucoup plus peur de me faire prendre, parce que je fais enfin ce que je veux, je ne voulais pas perdre cela bêtement. Le risque que j’ai couru en trichant pour la matière mentionnée dans la première question valait totalement le coup selon moi, trop de choses étaient en jeu. »
Pour Barbara, le risque est minimum :
« Je ne prends pas tellement de risques en trichant comme je le fais, si je vois que c’est trop dangereux de tenter un contact auditif, visuel ou autre avec mon voisin ou sa feuille, je ne le fais pas, et ça s’arrête là. En tous cas, c’est sûr, je ne m’arrêterai pas de tricher ! »
De meilleures notes et de la confiance en soi
Dans certains cas, la triche a effectivement joué son rôle rassurant. Pour ses épreuves de BTS, Régis n’avait pas révisé ses cours d’économie :
« Cela m’a permis d’avoir une bonne note dans cette matière sans connaissances sur le sujet, avec une très petite prise de risque. Ça m’a rassuré dans l’attente des résultats de mon examen. Même si l’économie était à faible coefficient, je savais que si je loupais mon BTS, c’était vraiment parce que je le méritais pas, pas à cause de quelques petits points. »
La triche a eu un rôle encore plus important pour Auxane :
« La triche m’a grandement aidée à dormir la vieille de contrôle, et à me détacher de la pression gigantesque que le système de note représentait, et représente toujours pour moi. On me répétait tous les jours que mon avenir se jouait maintenant. La triche m’a aidée à comprendre le cours et à l’apprendre, mais elle m’a aussi permis d’avoir du temps libre pour me changer les idées, et ça, c’était de l’or à l’époque où j’étais harcelée. »
Barbara, de son côté, considère qu’il s’agit juste d’un « plus » apporté à la copie :
« Pour les disserts de français ou les commentaires de texte, parfois c’est juste une info à placer dans l’intro qu’il nous manque, et ça évite de contrarier le correcteur quand il voit une énorme connerie dès le début du truc ! Mais tricher ne m’a jamais permis de ne pas apprendre mon cours, juste d’améliorer mes connaissances et surtout ma note. »
Cette madmoiZelle anonyme affirme que la triche lui a permis de mesurer ses capacités :
« Ca m’a permis de me rendre compte dans quels cas je pouvais réussir avec ou sans, quelles notes j’avais en trichant, quelles notes j’avais en ne trichant pas, et donc d’arriver à la conclusion que je pouvais tout à fait y arriver sans dans certaines matières, et que dans les autres, je n’avais qu’à travailler plus. »
Lily, elle, a gagné en confiance :
« La fraude m’a permis d’accéder aux classes supérieures sans avoir à cravacher comme les autres élèves. D’une certaine façon, elle m’a donné un peu plus confiance en moi et m’a rendue plus indépendante. Mais elle a aussi des mauvais côtés. Une fois arrivée à la fac, je n’avais aucune méthode de travail, et j’ai dû vraiment m’y mettre du jour au lendemain. »
De même pour Adélaïde, qui décrit cependant les effets de la triche sur le long terme :
« Honnêtement, ça ne m’a pas apporté grand-chose. J’ai continué à la fac, j’étais comme hypnotisée par l’idée de tricher. Ça m’a sans doute enlevé un peu de culpabilité dans la vie. Je suis devenue une très bonne menteuse par défaut, et j’ai gagné un contrôle de moi-même à toute épreuve en examen. »
Illustration : Jenkins
« Finalement, je n’en avais pas besoin »
Mais la triche est-elle aussi nécessaire qu’on en a l’impression lorsqu’on est coincée dans le tourbillon des exams ? Plusieurs madmoiZelles reconnaissent avoir réalisé sur le moment ou après coup qu’elles n’avaient pas véritablement besoin de frauder pour réussir leurs examens, comme cette anonyme :
« Souvent, en recopiant mon antisèche, je retenais la plupart du cours. C’était rassurant sur mes capacités et je n’en avais finalement pas besoin. Ça ne m’a jamais évité d’apprendre, au contraire. Si j’étais attentive pendant le cours, et si je comprenais la notion, généralement j’avais tout retenu le soir même. Le problème n’était pas dans l’apprentissage : impossible de retenir et d’appliquer une notion ou une formule si je ne l’avais pas comprise. »
Une autre madmoiZelle anonyme a réalisé qu’elle possédait les connaissances demandées :
« J’étais curieuse, même dans les matières où j’ai triché. Sans mes antisèches, j’étais complètement capable de parler des sujets, je n’avais juste pas la patience, le temps ou l’envie d’apprendre par coeur 30 dates pour les oublier le lendemain. Que je prévoie de tricher ou pas, j’écrivais mon cours sur des feuilles, puis les dates et autres détails importants sur une autre feuille plus petite. Des fois, préparer l’antisèche m’a permis d’apprendre mon cours, et finalement je ne m’en suis pas servie.»
Cette madmoiZelle anonyme émet l’idée que la triche ne sert à rien dans certains formats d’examen :
« Pour tous les examens qui demandent de la rédaction, je pense qu’il est inutile de chercher à tricher, parce que ce n’est pas en piochant une idée au hasard chez le voisin ou sur son téléphone qu’on va arriver à fonder tout son raisonnement dessus. Ça risque de perturber plus qu’autre chose. »
Adélaïde suggère qu’il s’agit finalement d’une habitude, plus que d’une nécessité :
« C’est un peu cercle vicieux : tu commences pour te rassurer, et par la suite tu as des lacunes, donc tu continues de tricher pour les « combler », même si, au final tu n’apprends absolument rien en trichant. »
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La triche, une illusion du savoir
Avec le recul, plusieurs madmoiZelles considèrent que la triche ne leur a pas véritablement apporté sur le long terme. Comme Julie, qui a finalement planté son bac après avoir fraudé toute l’année :
« Sur le moment, la triche m’a apporté des bonnes notes, c’est certain. Sauf le jour du bac… Je suis allée au rattrapage, et je me suis rendue compte que je ne savais absolument rien. J’ai fondu en larmes. J’ai eu 6 à mon écrit, et 4 au rattrapage. La triche ne m’a absolument rien apporté, si ce n’est un échec au bac, et un redoublement que je ne souhaitais pour rien au monde. Je n’ai pas triché aux examens, mais la triche que j’ai commise durant mon année de terminale m’a conduite à subir cet échec. »
Quant à Lily-Rosa, elle a fini par abandonner la triche le temps passant :
« Le premier effet, ç’a été de me sentir un peu plus forte que d’habitude. Puis il y a l’effet rebond, qui m’a renvoyé de la culpabilité et l’idée de fausseté sur mes capacités, qui m’a rendue amère quand j’ai reçu mes notes. Maintenant quand j’y repense ça me fait rigoler. Pour moi la tricherie ne vaut rien. Ça n’apporte qu’une illusion de savoir quelque chose. Je suis en licence, et depuis ma dernière tricherie, je me suis convaincue de ne plus jamais le faire. »
Charlotte en vient à regretter d’avoir fait l’impasse sur certaines disciplines :
« Je détestais les matières scientifiques, et je sais aujourd’hui que je suis passée a côté de quelque chose, même si je n’ai pas raté mes études pour autant par la suite. Mea culpa, aujourd’hui je préfère bosser et être fière de moi que de me ramener avec poids en antisèches. »
Harya se rappelle :
« Juste la peur de se faire chopper, et la satisfaction de ne pas s’être fait prendre une fois sortie de la classe. »
Tricher au bac… Jamais ?
Plusieurs madmoiZelles établissement une sorte d’échelle de la triche : si elles la tolèrent dans le cadre des contrôles de connaissances classiques, frauder à un examen officiel ne leur paraît pas envisageable. Cette madmoiZelle anonyme avait triché toute l’année, mais s’est abstenue pour le bac :
« J’ai pas mal triché aux différents contrôles d’Histoire-Géo sur toute l’année de terminale. Jamais au bac ou à des examens officiels par contre, c’était l’étape finale, après ça j’ai pu entrer en école d’art et faire enfin ce que je voulais faire, il ne fallait pas risquer de bousiller mes chances. Et quelques années de triche ne m’ont jamais empêché de réussir : j’ai bossé pour le bac, et j’ai eu une jolie mention très bien (avec un 15 en histoire). J’avais appris tous mes cours par coeur, je passais mon temps à les répéter en boucle, mes parents en devenaient fous. »
Une autre madmoiZelle anonyme explique :
« Je suis une grosse stressée. J’ai toujours été extrêmement prudente, et je pense que ma prof n’a jamais remarqué. Tricher en cours, pourquoi pas, au pire c’est juste une mauvaise note, un peu la honte et un petit appel aux parents si ça se reproduit. Mais tricher à un exam, c’est quand même pas malin et ça ne vaut pas la peine de prendre des risques. »
Quant à Léa, elle redoute la sanction qui pourrait découler d’une tricherie « officielle » :
« J’ai déjà triché pour des devoirs sur table et des petits exams au lycée. Mais jamais aux examens officiels. Le challenge est trop important, tout comme les sanctions ! J’avoue que je suis un peu trouillarde à ce sujet. Je ne sais pas si c’est réellement appliqué, ou comment ça se passe, mais je n’ai pas envie de le savoir ! C’est pareil pour le plagiat, pour les mémoires ou les rapports de stage dans les études supérieures. C’est important de respecter le travail d’autrui, et en plus, avec les logiciels d’aujourd’hui, on peut se faire griller super facilement… trop de risques ! »
Quand les tricheuses ne supportent plus la triche
Les tricheuses et tricheurs de demain ne seront pas forcément celles d’hier et inversement. Et les tricheuses repenties en arrivent même à en vouloir à leurs camarades qui appliquent les astuces qu’elles ont elles-mêmes employées. Cette madmoiZelle anonyme, par exemple, est intraitable sur le fait que la triche mérite sanction :
« Je ne cautionne pas la triche, et ce que j’ai fait était très risqué. Pour moi, si on se fait prendre, nous méritons ce qu’il va nous arriver. Peut-être que la sanction de 5 ans sans aucune permission de passer un examen est un peu sévère, il faudrait peut-être réduire la « peine » à 2 ans par exemple. »
Marie a arrêté de tricher à partir des études supérieures, et raconte sa frustration :
« J’ai triché au bac de maths, pour un exercice. Et j’ai flippé ma race. Ma table devait être couverte de sueur tellement mon niveau de stress était élevé. J’ai même pas compris ce que je faisais. À la fac, les gens qui trichaient à répétition, le portable greffé à la main, le plagiat au bout du clic, les profs ou surveillants qui ne voyaient rien : ça m’énervait. J’avais l’impression de bosser pour rien et d’être sous-notée, tout ça car le niveau été complètement faussé. »
Idem pour Bruna_Chocolat, elle-même ex-tricheuse :
« J’ai été dans une classe de tricheurs, et je dois admettre que ça fait extrêmement mal de les voir réussir, qu’ils soient traités comme des personnes intelligentes et toi comme une abrutie qui se donne pas la peine de travailler. »
Lily-Rosa se rappelle que lors d’un examen où les portables devaient être éteints, le surveillant avait simplement fait une remarque à une personne qui utilisait son téléphone :
« À cette époque, je me souviens avoir ressenti de l’injustice. Il y en a qui se battent pour avoir leur bac et d’autres qui négocient avec la triche pour obtenir le ticket de sortie du lycée. »
Des sanctions peu appliquées ?
Difficile de s’arrêter lorsqu’on a le sentiment que la triche demeure impunie. Pourtant, les sanctions existent bel et bien. En cas de fraude au bac, tu risques, du cas le moins grave au plus grave :
- un blâme
- la privation de toute mention au diplôme,
- l’interdiction de participer à tout examen de l’Éducation nationale pendant 5 ans au maximum
- l’interdiction temporaire ou définitive de s’inscrire dans un établissement public du supérieur
- l’interdiction définitive de passer tout examen de titre ou diplôme délivré par un établissement public du supérieur et de s’y inscrire.
- l’annulation de l’épreuve pendant laquelle s’est déroulé la fraude, avec la note de 0
- une amende
- 3 ans d’emprisonnement
Pour les études supérieures, le risque est grand aussi : la punition peut aller jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 45 000 euros d’amende.
Mais si de nombreuses madmoiZelles ont connaissance de ces sanctions, ces dernières restent souvent du domaine de l’abstrait dans leur esprit. Et lorsque le ou la fraudeur•se est finalement repéré•e, la punition appliquée est jugée inexistante ou trop faible. Coline justifie :
« Je n’ai jamais vu de cas de réelle triche pendant des examens nationaux, je sais juste que les professeurs sont assez indulgents quand un portable sonne ou toute autre chose accidentelle considérée normalement comme une fraude. »
Lily témoigne de son expérience de tricheuse prise la main dans le sac :
« Je pense qu’on insiste pas assez au lycée sur les risques de la fraude. Pour m’être faite choper quelques fois, le maximum que j’ai récolté a dû être une heure de colle. »
Cette madmoiZelle anonyme raconte que même pris•e sur le fait, il est facile pour les étudiants de se dédouaner :
« Je suis sidérée de voir le nombre d’élèves qui trichent. Mais c’est tellement facile. Il y a trop peu de contrôles, et c’est souvent facile de trouver une excuse ou de convaincre le prof de notre innocence. Même si les sanctions sont dissuasives, elles n’empêchent pas la triche puisque celle-ci est repérée dans très peu de cas. »
Cette madmoiZelle anonyme, si elle trouve normales les sanctions, doute aussi de la sévérité du corps enseignant :
« Je me dis qu’on doit être plutôt ingénieux et eux un peu naïfs, parce qu’il y a une bonne paire de gens qui passent à travers les mailles du filet…»
Régis en vient même à douter que la triche soit vraiment punie :
« Je n’ai jamais vu quelqu’un se faire prendre, et je n’en ai jamais entendu parler, donc je doute que les sanctions soient appliquées. Il faudrait savoir combien d’élèves trichent, combien se font prendre et combien se font sanctionner pour avoir un avis correct sur le sujet. »
Marie, étudiante en fac, tranche :
« On sait tous les risques que l’on encourt. On en entend parler, tout le temps, et ces sanctions sont définitivement justifiées. Mais jamais rien n’est mis en œuvre pour que cela change, malheureusement, donc les gens s’en foutent complètement. »
Les profs et surveillants sont divisés sur la triche
Du côté des professeurs et surveillants, les avis et les réactions face à la triche divergent. Elodie, professeure d’anglais en collège et lycée, est plutôt pour intervenir :
« J’ai du mal à tolérer la triche. Je tolère la difficulté, je tolère l’accident de parcours, mais pas le manque d’efforts face à un travail. En tant que professeur, c’est aussi mon devoir de pousser les élèves à l’effort et à se donner à fond dans ce qu’ils entreprennent. »
Aurélie Gascon, professeure d’allemand, explique :
« En cas de triche au cours de l’année, c’est au professeur concerné de réagir et sanctionner. Sauf récidives systématiques, il me semble qu’il n’y a pas de raison de charger la direction de l’établissement de la sanction. Comme l’ensemble de mes collègues, je sanctionne les cas de triche avérés. Mais sanctionner n’est pas suffisant: il faut aussi comprendre les raisons de la triche pour éviter que l’élève ne persiste dans cette stratégie d’évitement. Dans tous les cas, je pense qu’il n’existe aucune sanction qui permette d’éliminer totalement la triche, parce que la dissuasion ne suffit pas.»
Cette madmoiZelle anonyme, qui travaille en collège, avoue faire preuve d’une certaine tolérance envers les tricheurs•euses :
« Je ne reste jamais immobile et je marche en permanence entre les tables. Je sais trop bien, d’expérience, qu’un surveillant ou professeur qui reste immobile, assis à son bureau, ne voit jamais tout. Pour autant, je ne suis pas implacable non plus, si je vois un élève qui triche, je lui signale d’arrêter, et s’il arrête, j’en reste là. Chacun a le droit à une erreur, un moment de doute. »
Anaïs, doctorante, surveille les examens de licence et de master. Si elle explique qu‘on entend très bien quand des élèves tentent de communiquer en examen, elle avoue n’avoir jamais réussi à prendre quelqu’un sur le fait avec des notes sur lui. Quant aux sanctions :
« Certains étudiants partent du principe que même si l’on se rend compte qu’ils trichent, on ne les dénoncera pas. Parce qu’on est jeunes aussi ? Parce qu’on n’osera pas être responsable d’une sanction qui va les poursuivre sur plusieurs années ? Le pire, c’est qu’ils ont raison. Je n’ai jamais emmené un étudiant à la direction de mon université pour triche. Pour deux raisons : du haut de mes 27 ans, je peux pas dire que je sois fière de tout ce que j’ai fait à 18 ou 20 ans. Est-ce que je ferais bien de détruire le parcours universitaire d’un étudiant parce qu’il fait une bêtise « de son âge » ? Ce serait quand même un cas de conscience… Et c’est une procédure très lourde de déclarer une tricherie. »
Elle et ses collègues ont discuté du problème pour tenter d’y apporter une solution sans compromettre tout le cursus des étudiant•e•s :
« Nous avons unanimement décidé de prendre à part les quelques étudiants que nous repérons et qui s’obstineraient à tricher sous nos yeux l’air de dire « et alors ? », de les faire sortir de la salle d’examen, leur expliquer qu’ils ne peuvent pas faire ceci en toute impunité… Et que non, on ne souhaite pas détruire leur cursus universitaire.
Jusqu’ici, cela a fonctionné. Presque. Il est arrivé à une amie à moi que l’étudiant perde son sang froid et se soit comporté de manière insolente envers la doctorante. J’étais choquée, car elle était bouleversée de cette confrontation pendant plusieurs jours ensuite. Mais ce qui me perturbe, c’est qu‘à sa place, je n’aurais certainement pas su réagir mieux. »
La honte et l’humiliation
Plus que les punitions appliquées par le corps enseignant, la véritable sanction, aux yeux des madmoiZelles, est celle qui touche à l’estime de soi. La culpabilité a un effet décharge électrique, qui dissuade la triche. MC a vécu un conseil disciplinaire et un conseil de jugement à l’université :
« J’ai eu assez honte à ce moment là pour toute une vie. Je me suis dégoûtée de moi-même, j’ai pleuré et je l’ai caché à mes proches. J’ai reçu la lettre de convocation à un conseil disciplinaire chez mes parents. La honte intense m’a plongé dans le mutisme pendant bien une semaine. Je me suis tournée vers les associations étudiantes, puis je suis allée voir un avocat spécialisé en administration pour un conseil judiciaire. Il m’a conseillé de ne pas engager d’avocat, car je n’ai jamais nié ma faute et je plaidais coupable. J’ai préparé une sorte de discours dans le cas où j’avais un temps de parole, dont je n’ai finalement pas eu besoin. Mais le support écrit m’a bien aidé vu mon état de stress. C’est un horrible moment à passer, mais se repentir fait du bien. Croyez moi, ne trichez pas, vous risquez bien trop. »
Coline raconte ce qui se jouait dans son esprit :
« Je ne pense pas aux sanctions sur le coup. Les fois où je me suis fait prendre, je n’ai jamais eu de punition. Mais mes sanctions étaient la honte et l’humiliation. Je me disais : « Plus jamais, ça ne vaut pas la peine, pour quelques points, de subir une telle sensation d’inconfort.» Ca m’a culpabilisée sur le coup, puis après j’ai oublié. »
Zgu se souvient d’un moment douloureux :
« Ce jour où je me suis fait gauler, je me souviens de la sueur froide qui a parcouru mon corps lorsque le pion s’est arrêté net à côté de moi et s’est penché sur ma trousse. Tous les yeux braqués sur moi. Certains me jugeant, d’autres peinés pour moi, d’autres effrayés. Il m’a pris le devoir en me disant « toi, tu as fini », et c’était fini pour moi. J’ai eu honte, surtout le lendemain, face à ma prof que j’adorais et qui semblait très déçue. Je crois que c’est le meilleur vaccin : la honte qu’on ressent et la déception qu’on provoque. »
Changer les examens, le remède à la triche ?
Mais sans en arriver à l’humiliation, y a-t-il un moyen d’empêcher la triche, ou du moins, de faire en sorte que les élèves aient moins besoin ou envie de l’utiliser ? Pinceau_ semble un peu désabusée :
« Je pense qu’il y aura toujours de la triche. C’est une façon de braver l’autorité et les interdits, je crois que ce serait impossible de l’éradiquer réellement. »
Plusieurs madmoiZelles considèrent cependant que le format des examens est à revoir. Lily Rosa termine sa licence de sciences de l’éducation, et voici son avis :
« Je pense qu’on ne devrait pas être jugé•e•s sur nos capacités à répondre à telle ou telle question à un moment donné de notre vie. Surtout quand on est soumis au stress. Je pense que ça ne révèle pas la vraie valeur de nos compétences à réaliser la tâche. Personnellement, je trouve que le système éducatif français est un peu trop rude, stressant , avec énormément de pression, et pousse de plus en plus les jeunes à tricher. »
Julie considère que les notions à assimiler pour les « gros » examens sont trop nombreuses :
« Pour que les élèves n’aient pas envie de tricher, il faudrait alléger les programmes des cours. Quand on voit ceux d’Histoire-Géographie, c’est à s’arracher les cheveux… Il y a tellement de choses à savoir, que n’importe qui peut se sentir stressé et apeuré devant. Et cela n’est bénéfique pour personne. »
Une madmoiZelle anonyme confirme :
« Je pense que le plus gros problème, c’est cette tendance à vouloir nous faire cracher des dates à n’en plus finir. Devoir apprendre par coeur une montagne de détails franchement inutiles ne motive personne. Il faudrait sans doute revoir les attentes : pourquoi pas, par exemple, donner des fiches aux élèves avec quelques dates importantes et quelque noms/lieux pendant les contrôles ? Ça leur permettrait de se focaliser sur les actions et non pas d’apprendre bêtement un cours dans l’ordre. »
Pinceau_ elle aussi, est pour privilégier les épreuves qui font appel à la réflexion plutôt qu’aux connaissances :
« Il faudrait peut-être laisser les élèves amener toute la documentation qu’ils veulent. C’est à double tranchant : ça peut facilement devenir casse-gueule car on est vite perdu. Les examens pourraient ainsi être plus orientés sur la réflexion. J’ai toujours trouvé ça débile de nous demander de connaître des notions par coeur : l’essentiel est de savoir les appliquer ! D’autant qu’une fois dans le milieu professionnel, on a accès à toute la documentation qu’on veut. »
Cette madmoiZelle anonyme déplore aussi la charge de travail :
« Pour moi, ce ne sont pas les examens qui sont fautifs, mais les professeurs. Un professeur qui impose une matière énorme, je ne vais absolument pas le prendre au sérieux. Les professeurs « intègres » selon moi, j’ai toujours fait en sorte de donner le meilleur de moi-même à leurs examens, parce qu’ils m’ont passionnée toute l’année. »
Adélaïde préférerait des évaluations moins ponctuelles :
« Pour moi, tout devrait être basé sur le contrôle continu, car en soi, ce n’est pas au dernier moment de l’année scolaire qu’il faut évaluer les connaissances des élèves pour savoir s’ils sont aptes à passer au niveau supérieur ! »
Et cette madmoiZelle anonyme suggère :
« Je pense qu’il devrait y avoir plus d’oraux. Dans ces épreuves, c’est généralement l’étudiant qui, avec ses réponses, emmène la conversation dans la direction où il veut. Il peut ainsi cacher ses lacunes et mettre en valeur ce qu’il sait. Il n’a donc pas besoin de tricher. »
Apprendre pour s’épanouir
Pour cette madmoiZelle anonyme, c’est plutôt le travail tout au long de l’année qui doit prendre une autre forme, et notamment la relation avec les professeurs :
« Je pense qu’on accorde pas assez d’importance à l’humain qu’il y a derrière l’élève. Un suivi plus personnalisé serait peut être nécessaire. Si un prof avait pris le temps de revoir avec moi les notions que je n’avais pas intégrées, les cours que j’avais loupé, je n’aurais jamais eu besoin de tricher pour assurer. Je sais que la plupart des enseignants ont déjà bien assez à se préoccuper de leurs classes entières pour faire du cas par cas. Mais tous les bons professeurs qui ont pris le temps de m’aider sans me juger se sont vite rendus compte que je n’étais ni flemmarde ni de mauvaise foi. »
Coline pense qu’il est important de rappeler pourquoi on apprend :
« Pour moi, ce n’est pas la faute des examens. C’est plus un travail de fond, sur notre relation à l’école et à l’apprentissage, qu’il faudrait mettre en œuvre. Il faudrait qu’on comprenne que les examens ne sont faits que pour attester de nos connaissances, et qu’il est donc totalement inutile, pour notre développement personnel, de faire semblant d’avoir des connaissances qu’on n’a pas. »
Une madmoiZelle anonyme aussi veut replacer la confiance en soi au centre des notions à acquérir à l’école :
« À mon sens, ce n’est pas les examens ou les sanctions qu’il faut modifier, mais le système scolaire entièrement. On cherche la perfection, la note, avoir une bonne note, emmagasiner des connaissances… Si on s’attachait plus à l’épanouissement et au développement de l’enfant et de l’adolescent, on aurait peut-être des futurs adultes qui auraient plus confiance en eux, qui sauraient qu’ils ont le droit à l’erreur et qui ne verraient aucun intérêt à tricher… »
Elodie, professeure, fait partie, de ses propres mots, des enseignants qui remettent en question l’usage traditionnel des notes :
« Je pense, peut-être de manière utopique, qu’en changeant les méthodes et les attentes pédagogiques, on peut tendre vers un système d’évaluation non chiffré, moins compétitif, qui ne se centrerait que sur la progression personnelle de l’élève et non plus sur un système de classement. Les élèves ne seraient peut-être plus tentés de grappiller des points non mérités par des stratagèmes fallacieux, et les parents moins en attente de classement et de résultats chiffrés. »
Pour une autre madmoiZelle anonyme, les élèves arrêtent de tricher lorsqu’ils et elles trouvent la voie qui les motive vraiment :
« Dès qu’un examen est « pratique », alors on est obligé de se poser, de réfléchir, et si on a suffisamment étudié pour rassembler ses idées, l’écriture vient toute seule. Ce qui m’a enfin donné envie de renoncer à l’envie de tricher, c’est d’arriver à faire ce que je veux : la traduction. Cela ne me sert à rien de tricher, j’ai tout ce dont j’ai besoin. Je puise dans mes connaissances et je réfléchis. »
Cette madmoiZelle anonyme confirme, et suggère de travailler l’orientation pour permettre l’épanouissement de chacun•e et ainsi éviter la triche :
« Pour moi, il n’y a aucun problème dans la conception des examens. Je pense que c’est plus profond : il y a un gros souci avec l’orientation des élèves en France à l’heure actuelle. On met les bons élèves en S, les mauvais en maths en L, les grandes gueules en ES et ceux qui ont le plus de problèmes en STT. En quoi est-ce une façon de conseiller correctement un•e adolescent•e ?
Il faut vraiment que les mentalités évoluent à ce niveau là, que l’Éducation nationale mette en place des activités qui permettraient à tout le monde de découvrir ses forces, les portes qu’elles lui ouvrent et la place que cela lui donne au sein de la société actuelle pour être utile et heureux•se. Je n’ai personnellement pas triché durant mes 3 années de licence en infographie : ma passion n’avait pas besoin d’être trichée puisqu’elle était vraie. »
Ces témoignages montrent bien qu’on est loin des clichés sur la triche et les « mauvais élèves », puisqu’une grande part des madmoiZelles reconnaissent finalement l’inutilité du procédé. Au-delà des sanctions, peut-être que s’interroger sur les motivations de la triche aiderait à la combattre ?
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