« Pourquoi s’obstinent-ils à porter plainte contre nous ? Pour nous faire taire ? Pourtant, cela ne fonctionne pas. » Dans une tribune publiée dans Libération lundi 11 mars, plusieurs personnalités dont Hélène Devynck et Cécile Delarue (qui ont accusé PPDA de violences sexuelles), mais aussi les élues Laurence Rossignol, Sandrine Rousseau ou encore Alice Coffin, ont dénoncé les procédures-baillons. Procédures qui consistent à porter plainte en diffamation contre les dénonciatrices de violences sexuelles.
Des procédures qui ont « peu de chance de prospérer »
Et pour cause, les procédures-baillons sont très souvent utilisées par les personnes mises en cause. Comme le réalisateur Jacques Doillon, qui, le 22 février dernier, a annoncé porter plainte contre Judith Godrèche, qui l’avait quelques jours plus tôt accusé de viol alors qu’elle était mineure et lancé une procédure judiciare. Comme PPDA, accusé de multiples violences sexuelles, qui a attaqué 17 de ses victimes présumées pour « dénonciation calomnieuse », ainsi que les journaux Libération et Le Parisien pour « diffamation » (la plainte contre ce dernier a été retirée quelques semaines avant la date du procès).
Ou encore comme l’élu de Paris Christophe Girard, qui sera au tribunal les 14 et 15 mars prochain, après avoir porté plainte contre six militantes féministes pour diffamation et injure publique, pour avoir dénoncé publiquement ses liens supposés et son soutien à Gabriel Matzneff.
Dans cette tribune, les signataires affirment pourtant que les procédures baillons n’ont souvent que « peu de chance de prospérer ». Elles rappellent : « Sandra Muller, autrice du #Balancetonporc ? Définitivement relaxée. Ariane Fornia, qui avait mis en cause Pierre Joxe ? Définitivement relaxée. Denis Baupin (qui ne s’était pas déplacé à l’audience) avait non seulement été débouté de sa plainte, mais il avait en plus été condamné à indemniser ses accusatrices pour procédure abusive. »
« Nous ferons bloc »
Elles réitèrent alors leur soutien aux victimes de violences sexuelles et à celles qui souhaiteraient témoigner, saluant la solidarité de plus en plus forte autour de celles et ceux qui prennent publiquement la parole.
« Les victimes présumées et leurs soutiens sont de plus en plus nombreux à braver l’interdit de parler qui pèse sur elles et eux. Pour laver leur réputation ? Avec un échec judiciaire ou une condamnation pour procédure abusive ? Drôle de stratégie. Pour dissuader des victimes qui n’auraient pas encore parlé ? Qu’elles sachent que nous sommes là, et que nous ferons bloc ! »
Le texte appelle aussi à protéger les journalistes et toute personne qui souhaiterait témoigner, et demandent des mesures législatives françaises : « C’est une nécessité alors que la directive européenne nouvellement votée le 27 février visant justement à protéger les journalistes et les militants des procédures-baillons, va devoir être retranscrite en France. C’est aussi une urgence pour remettre le droit au service de la justice, et surtout au service des victimes de violences sexistes et sexuelles », conclut la tribune.
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Les Commentaires
Par contre @Christelle Murhula je pense qu'il y a une erreur dans la 2e citation, on dirait qu'il en manque un bout !!