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Grossesse

Fille ou garçon ? On s’en fiche : on a décidé d’ignorer le sexe de notre bébé jusqu’à sa naissance

Fille ou garçon ? Clémence Boyer raconte pourquoi elle a décidé avec son mari de ne pas connaître le sexe de leur bébé avant la naissance.

Article initialement publié le 16 janvier 2020

Quand on annonce sa grossesse (ou qu’on débarque avec son gros ventre de femme enceinte de six mois), on nous pose presque systématiquement deux questions :

  1. C’est pour quand ?
  2. C’est une fille ou un garçon ?

Si je n’ai aucun problème à répondre à la première question (« fin avril ! »), j’ai toujours un moment de flottement pour répondre à la deuxième, parce qu’on a décidé avec le futur père de ne pas demander le sexe de notre futur enfant.

Un choix a priori un peu à contre-courant, puisque 85% des parents français souhaitent obtenir cette information avant la naissance.

Du coup, je me suis dit qu’il pouvait être intéressant de vous expliquer dans un article pourquoi on a pris cette décision-là, sachant bien sûr qu’il s’agit de motivations toutes personnelles et en aucun cas d’une remise en cause du choix des autres.

Refuser de connaître le sexe de son bébé pendant la grossesse : les raisons

Je crois que le premier truc qui a joué, c’est que ce n’est pas une info particulièrement importante pour nous. Cela nous est complètement égal d’avoir un enfant de sexe masculin ou féminin, nous n’avions pas de préférence du tout.

Je pense personnellement que le sexe de notre bébé ne déterminera en rien son caractère, sa personnalité, ou son comportement. Et justement, ne pas connaître son sexe nous semble un moyen d’éviter certaines projections genrées de notre part ou de celle de notre entourage pendant la grossesse. Même si elles sont souvent bienveillantes, du style : « il bouge bien, c’est normal, c’est un petit gars ».

Bien sûr, nous avons conscience que nous vivons dans une société genrée qui va très vite coller plein de stéréotypes et d’injonctions à notre enfant en fonction de son sexe d’abord, puis de son identité de genre ensuite. Et quand je dis « société », je m’inclus dedans hein, être féministe ne m’offre pas un totem d’immunité.

Quand je vois à quel point je commence déjà à me projeter sur des micro-trucs pendant la grossesse — « Ce fœtus a mon nez c’est sûr », « Il a souvent le hoquet comme son papa » — je suis contente de ne pas avoir nourri ma machine à faire des projections avec le sexe de notre enfant.

C’est très important pour nous de « rencontrer » notre enfant à la naissance, la personne qu’il ou elle est. Découvrir les traits de son visage, sa voix (OK, ses cris plutôt), son odeur, et donc, ses organes génitaux.

La deuxième échographie de grossesse : « Non merci, on ne veut pas savoir »

Depuis le début de la grossesse, je n’ai pas regretté cette décision, mais j’ai vécu un moment un peu bizarre lors de la deuxième échographie. On a précisé à la sage-femme avant de commencer l’examen qu’on ne voulait pas connaître le sexe de Bidule (c’est son nom de code).

Elle a commencé par mesurer le fœtus et checker tous ses organes (tout va bien, ouf) avant de nous demander de fermer les yeux pour qu’elle puisse vérifier que du côté de l’appareil reproducteur et génital tout allait bien aussi.

Au moment de fermer les yeux, j’ai eu la micro-tentation de les garder ouverts quand même, comme un fond de curiosité qui traînait, mais je me suis dit que ce n’était pas très cool pour mon mari de ne pas respecter notre pacte, alors j’ai résisté.

Je crois que ça me faisait un peu bizarre que la sage-femme obtienne cette information sur notre enfant… mais pas nous.

Ne pas savoir le sexe : un choix qui surprend

En tout cas, nos proches ont tous compris notre décision et je pense même qu’elle ne les a pas trop surpris. Avec le premier quidam venu par contre, c’est un peu plus compliqué…

Lorsque Jean-Mi le serveur du bar où nous sommes allés le weekend dernier est venu m’apporter mon jus d’abricot, il m’a posé la question classique : « fille ou garçon ? ». Et quand je lui ai dit qu’on ne voulait pas savoir, il a eu l’air paniqué : « Hein ?! Mais vous DEVEZ savoir pour vous préparer ».

Au début, j’ai cru qu’il pensait au matériel de puériculture. C’est vrai ça, comment choisir entre le rose ou le bleu si on ne connaît pas le sexe du futur bébé ?! Un problème qui n’en est pas un pour nous, puisqu’on aime toutes les couleurs, et qu’on a zéro souci à habiller un garçon en rose ou une fille en bleu.

Le fait de ne pas savoir le sexe du futur bébé est peut-être même une bonne stratégie pour éviter de se faire offrir la totale panoplie bleue ou l’avalanche de rose. Pour l’instant d’ailleurs, personne n’a osé nous offrir de vêtements roses, mais j’espère que cela arrivera bientôt…

Le choix du prénom quand on ne connaît pas le sexe

Sauf qu’en fait, Jean-Mi le serveur ne parlait pas du matos de puériculture : « les bébés filles c’est plus facile que les bébés garçons au début. Du coup, c’est bien de savoir pour se préparer psychologiquement ».

D’où Jean-Mi tenait-il ce grand savoir ? Nous ne le saurons jamais, puisqu’on était bien trop polis pour lui rentrer dans le lard. Mais ça a conforté ma motivation à ne pas projeter un trait de caractère ou un comportement sur mon enfant même pas né. La société patriarcale s’en chargera bien assez vite…

Bon, en termes de préparation, il y a quand même un truc un peu plus compliqué quand on ne connaît pas le sexe de son bébé : choisir son futur prénom. Soit on doit en trouver deux qui nous plaisent et pour lesquels on est d’accord (bonne chance), soit on choisit un prénom mixte.

La deuxième option est notre piste privilégiée pour l’instant, car l’idée de lui offrir la possibilité d’être gender fluid et de conserver son prénom de naissance me plaît bien.

Il ou elle ? Le casse-tête de la langue française

En fait, pour nous, le truc le plus compliqué quand on ne connaît pas le sexe de son futur enfant, c’est qu’on ne sait plus comment parler de lui/elle. On s’est rendu compte récemment qu’on parlait exclusivement de Bidule au masculin : « est-ce que tu le sens bouger ? », « j’espère pour le bien de mon périnée qu’il ne sera pas trop gros », etc.

Inconsciemment, on projette cet enfant comme un IL (merci la langue française pour qui le neutre est le masculin).

On a tenté de dire systématiquement « il ou elle », d’utiliser le pronom « iel » ou de l’appeler « Bidule » à chaque fois, mais cela ne résout pas la question des adjectifs, et c’est laborieux.

Notre dernière tentative, c’est de faire un jour « IL » et un jour « ELLE ». Bidule est tantôt « le bébé/le fœtus », et tantôt « la petite personne » qu’on a hâte de rencontrer…

Mise à jour du 14 septembre 2021 :

Cette petite personne a fini par voir le jour en avril pendant le premier confinement. On lui avait choisi depuis quelques semaines un très beau prénom mixte et quand on me l’a posée sur le ventre, on n’a pas du tout pensé à regarder ses organes génitaux, trop captivés par ses grands yeux gris et son petit nez retroussé.

C’est l’auxiliaire de puériculture qui a fini par nous dire : « bon alors, c’est une fille ou c’est un garçon ?! Je dois savoir moi pour lui préparer son bracelet ! ». Notre fille n’avait que quelques minutes de vie, et il fallait déjà la ranger dans une case : bracelet rose ou bracelet bleu.

À lire aussi : Pourquoi j’ai décidé de garder mon nom après mon mariage (et de le transmettre à ma fille)

Crédit photo : Wes Hicks / Unsplash


Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.

Les Commentaires

1
Avatar de Mathilde_0404
14 septembre 2021 à 13h09
Mathilde_0404
Punaise la couleur du bracelet c'est vrai, ça commence tellement tôt... Qui pour lancer une pétition et avoir le choix d'un bracelet blanc ?
0
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