Il y aura bien une place Claude Goasguen à Paris. L’homme politique, décédé en mai 2020 des suites du coronavirus, aura bien les honneurs de voir son nom dans le 16e arrondissement de la capitale, arrondissement dont il a été maire. 82 voix se sont prononcées en faveur du projet, contre 34 lors du Conseil de Paris qui s’est tenu ce mercredi 10 mars, tandis que 44 élus avaient décidé qu’ils avaient autre chose à faire cet après-midi là.
Pourquoi la place Claude Goasguen a tant déchaîné les passions
Claude Goasguen, c’est un savant mélange d’homophobie et de racisme, ce sont des attaques incessantes contre des populations vulnérables comme les personnes précaires et les sans-papiers. Il était un farouche opposant au Pacs en 1999, et s’est opposé avec la même ferveur au mariage pour tous en 2013 alors qu’il était député. Il avait affirmé sur Twitter qu’il y avait un « problème avec les Maghrébins ». Lors d’un échange avec Rachida Dati, il avait en outre déclaré qu’elle ne devait pas « ramener dans la capitale » ses « mœurs du 9-3 »
. Et c’est sans oublier tout le mépris dont il avait faire preuve à l’égard des travailleuses du sexe du bois de Boulogne qu’il qualifiait de « travelos »….
Alors forcément, pour une partie de la gauche, mais aussi pour beaucoup d’activistes féministes, LGBTI+, anti-racistes, cet hommage dans la capitale parisienne semble particulièrement déplacé.
C’est tout le propos de la prise de parole de l’élue EELV Alice Coffin hier après-midi, propos pour lesquels elle a par la suite été insultée par le maire du 16e arrondissement :
« Cette place serait une insulte à tant de Parisiennes et Parisiens et bien au-delà. Elle enverrait le message que ceux qui déjà de leur vivant ont tant méprisé les vies de certaines et certains d’entre nous auront toute la place de les toiser jusque dans leur mort et pour l’éternité, parisienne, du moins. »
https://twitter.com/ismmns/status/1369704247923781638?s=20
Une majorité étonnamment favorable à la place Claude Goasguen
C’est par tradition qu’une partie de la gauche et la maire de Paris Anne Hidalgo se sont positionnées en faveur d’une place au nom d’un homophobe et raciste notoire. « Il a été élu et réélu à Paris pendant trente-sept ans, il n’a pas été condamné et mérite notre respect », a ainsi argumenté le Premier adjoint Emmanuel Grégoire.
Un signe qui peut paraître aussi contradictoire avec la volonté fièrement affichée de la ville de Paris de faire de la féminisation des noms des rues une priorité. En 2019, la proportion des voies parisiennes portant des noms de femmes atteignait seulement les 12%.
On pourrait dire que la féminisation des rues n’est finalement qu’une affaire d’apparence, que c’est une façon commode de montrer qu’une municipalité accorde de l’importance à la place des femmes dans l’espace public…
Cependant, décider que des propos comme ceux que Claude Goasguen a tenu tout au long de sa vie ne vous disqualifie pas pour avoir une place en votre nom, cela a de quoi laisser songeuse. Cela envoie aussi un signal : que cela n’est finalement pas si grave. Et que pendant ce temps, d’autres noms restent dans l’ombre au risque d’être oubliés.
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