Aux pieds de certaines modeuses, vous êtes peut-être déjà tombées sur d’étranges chaussures marquées par une séparation entre le gros orteil et les autres, comme des tongs inversées. Il s’agit des fameux souliers Tabi de Maison Margiela, qui deviennent ce trimestre les modèles les plus recherchés d’après le classement trimestriel établi par Lyst, plateforme d’e-commerce toujours très bien renseignée.
D’où vient le boom d’intérêt pour les clivantes Tabi de Maison Margiela ?
D’après ce palmarès, Miu Miu vient de dépasser Loewe au top des marques les plus convoitées, suivies par Prada, Bottega Veneta et Versace. Mais c’est du côté des pièces spécifiques que le classement Lyst s’avère le plus fascinant, puisqu’on y trouve à la tête les Tabi de Maison Margiela : + 342 % de recherches depuis la fameuse histoire du « Tabi Swiper » (une New Yorkaise a raconté sur TikTok comment son date Tinder lui a volé ses souliers, devenant la saga mode de la rentrée de septembre). Longtemps une paire de chaussures de connaisseur·es de mode d’auteur, particulièrement clivante et onéreuse, serait-elle en passe de devenir mainstream ? À partir de 350 € la paire de simples tongs, jusqu’à 2 990 € pour les derbies incrustées de cristaux, en passant par 890 € les Mary-Janes, ces chaussures ne risquent clairement pas de se démocratiser. Mais ce soudain intérêt populaire à le mérite de remettre en lumière leur histoire.
L’histoire des chaussures Tabi de Maison Margiela
Leur créateur, Martin Margiela (qui a quitté la direction artistique de la maison qui porte son nom en 2009) s’est inspiré de chaussures de travail japonaises traditionnelles, les tabi, apparues au XVe siècle. Elles doivent leur forme de chaussettes à la séparation entre le gros orteil et les autres en une croyance en réflexologie qui voudrait que cette fente favoriserait l’équilibre et encouragerait la lucidité de l’esprit. D’abord réservées à une élite en raison de la rareté du coton, avant de s’élargir à d’autres classes sociales selon un code couleur bien précis, elles ont fini par se doter de semelles en caoutchouc au début du XXe siècle, devenant les jika-tabi encore portées par des travailleurs d’aujourd’hui. C’est pour donner l’illusion d’un pied nu appuyé sur un talon haut que Martin Margiela les réinterprète pour les podiums parisiens la première fois en 1988. Le final de ce défilé inaugural pour la maison voit les mannequins déambuler avec de la peinture rouge sous leurs souliers, marquants de traces de pas leur passage, rendant aussitôt le modèle encore plus fascinant et déjà culte.
Depuis, Maison Margiela les décline chaque saison, sous toutes les formes (ballerines, bottes, escarpins, et même des sneakers), couleurs et matières (cuir, caoutchouc, cristaux), ce best-seller lui assurant depuis près de quarante ans une relative sérénité financière. Que vous trouviez qu’elles ressemblent à des pieds de porcs ou à une pépite de design, les Tabi n’ont pas fini de cliver et donc de fasciner.
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