L’interview avait pourtant bien commencé. Interrogé à l’occasion de la sortie de sa série d’espionnage Liaison sur Apple TV+, l’acteur français revenait sur son travail de préparation. Pour se mettre dans la peau de son personnage, le comédien de 56 ans a côtoyé de vrais mercenaires. Ces derniers lui auraient montré une image plus authentique de masculinité, loin des représentations déformées que véhiculent, selon lui, les héros de film d’action hollywoodiens. « Être un homme, ce n’est pas être gonflé à bloc tout le temps, c’est prendre ses responsabilités » déclare-t-il au journaliste du Guardian, avant de poursuivre : « il n’y a qu’à regarder Instagram ou TikTok, où une multitude de personnes donnent leurs avis sur comment les hommes devraient être ou comment les femmes devraient agir […] C’est un fantasme de ce que la sexualité est censée être. Et nous avons tendance à oublier de quoi il s’agit vraiment. Il s’agit d’être soi-même ».
L’exemple d’Andrew Tate
Jusque-là, les mots ambigus de Vincent Cassel laissent presque planer le doute : l’acteur s’apprête-t-il à diffuser un message de bienveillance et d’acceptation de soi ? Cet espoir est tué dans l’œuf quelques lignes plus bas, lorsque le comédien prend l’exemple du masculiniste Andrew Tate, actuellement visé par une enquête en Roumanie pour viol, proxénétisme aggravé et trafic humain :
« Il y a beaucoup de choses qu’il dit qui peuvent être perçues comme très problématiques, surtout lorsque l’on regarde d’où il vient. Mais au milieu de tout ça, je trouve qu’il dit des choses en réalité intéressantes, car il veut défendre la masculinité. Aujourd’hui, c’est presque honteux d’être masculin. Il faut être plus féminin, plus vulnérable. Mais si les hommes deviennent trop vulnérables et féminins, je pense qu’on va avoir un problème. »
À lire aussi : L’influence de masculinistes comme Andrew Tate, source d’inquiétude dans les écoles britanniques
Le culte de la virilité
Les propos de Vincent Cassel n’ont pas tardé à provoquer une pluie de réactions sur les réseaux sociaux. Certains internautes se sont notamment insurgés devant la faible défense de l’acteur qui, interrogé par le journaliste du Guardian sur la misogynie des attitudes qu’il défend, s’est empressé de rappeler qu’il était entouré de femmes « du matin au soir » :
D’autres ont dénoncé sa vision unique du masculin reposant sur des injonctions à être viril, quoi qu’il en coûte :
À l’heure où l’Angleterre s’inquiète d’une montée en puissance du masculinisme, notamment dans les écoles où certains élèves érigent Andrew Tate en véritable modèle, les propos du comédien sont révélateurs du chemin qu’il reste encore à parcourir.
Quelques ressources pour Vincent Cassel (et toutes celleux qui souhaiteraient lire, écouter, réfléchir ou repenser les masculinités) :
- L’excellent podcast Les Couilles sur la Table de Victoire Tuaillon. Un classique qui ne se démode pas.
- Le livre indispensable Patatouille de Tiffany Cooper. Pour les petits et les grands !
- Le bouleversant projet photo Blossom Boys de Dwam sur la représentation des masculinités.
- Cette vidéo passionnante de Daisy Letourneur, autrice de l’essai On ne naît pas mec – Petit traité féministe sur les masculinités.
Image de Une : Capture d’écran Youtube
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
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