C’est l’une des discussions importantes qui traversent régulièrement la communauté LGBTI+. La nouvelle qui relance le sujet concerne aujourd’hui les États-Unis : les organisateurs et organisatrices de la pride new-yorkaise ont décidé d’exclure la police de leur marche. Cela signifie que la Gay Officers Action League de New York, l’association des agents de police LGBTI+ de la ville, ne pourra plus défiler parmi les associations lors de la célèbre parade qui se tient traditionnellement fin juin.
Dans les faits, l’interdiction ne sera effective qu’à partir de 2022 et jusqu’en 2025, puisque la marche de cette année doit se tenir virtuellement, comme cela avait été le cas l’an dernier en raison de la pandémie. Notez que les forces de l’ordre seront toujours présentes pour encadrer la marche, comme pour tout évènement publique : c’est leur présence dans les cortèges qui n’est pas souhaitée.
Les raisons du côté de l’organisation sont claires : il s’agit avant tout de penser aux participants et participantes de la marche, et plus spécifiquement aux personnes LGBTI+ racisées et aux personnes trans, à leur sécurité et à leur bien-être dans cet espace.
« Le sentiment de sécurité que le maintien de l’ordre public est censé assurer peut au contraire être menaçant, et à certains moments dangereux, pour celles et ceux qui dans notre communauté ont le plus souvent pris pour cible avec un usage de la force excessif avec ou non justifié. La pride de New York City ne souhaite en aucune façon créer une atmosphère de peur ou de préjudice pour les membres de la communauté. »
Un peu d’histoire de la communauté LGBTI+
Pour comprendre la cohérence de cette décision radicale, il faut aussi revenir aux origines de la pride, à l’événement fondateur qui a fait émerger ces marches.
En juin 1969, à New York justement, un bar, le Stonewall Inn, est un lieu de nuit où se retrouve la communauté LGBTI+ locale
. Un soir, l’établissement subit une nouvelle fois une descente de police, qui vient souvent dans ces lieux pour harceler, arrêter ses habitués et habituées. En toute impunité bien sûr.
C’est la fois de trop. La clientèle contre-attaque et repousse la police. Pendant plusieurs nuits, des affrontements vont avoir lieu. C’est ce que l’histoire nommera les émeutes de Stonewall.
Un an plus tard, des activistes décident de commémorer ce moment. C’est ainsi que les premières marches sont organisées, d’abord aux États-Unis ; en France, c’est en 1971 que le premier défilé a lieu, un 1er mai, aux côtés des syndicats.
C’est donc une riposte contre le harcèlement policier qui a provoqué l’émergence des marches des fiertés. Alors que l’enjeu de la lutte contre les violences racistes commises par des policiers est incontournable aux États-Unis, la décision de la pride de New York sonne aussi comme une volonté de s’inscrire dans ce combat.
Avant la Grosse Pomme, d’autres grandes villes avaient décidé d’exclure la police de ses défilés, c’est le cas de Toronto en 2019 qui a interdit aux agents de participer en uniforme.
Du côté des organisations de policiers LGBTI+, la nouvelle n’est évidemment pas bien accueillie. Elle estime qu’il s’agit d’un changement soudain de position et d’une décision « honteuse ».
Interdire la présence des forces de police à l’intérieur des prides : l’exemple pourrait-il être suivi en France, notamment lors de la Marche des fiertés de Paris ? L’idée est loin de faire l’unanimité dans le milieu associatif, alors l’avenir le dira.
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