La bamboche, c’est terminé pour le shopping en ligne aussi. En effet, les retours de commandes sont de moins en moins souvent gratuits, comme le rapporte une enquête de la société de logistique Narvar, basée sur 200 entreprises, et relayée par le média The Atlantic. C’est plutôt logique que l’inflation concerne également les frais de ports, le packaging, mais aussi le reconditionnement des vêtements renvoyés afin qu’ils puissent être remis en vente. Contre cela, les marques peuvent faciliter les retours en boutiques physiques de commandes passées en ligne, ce qui évite aux personnes clientes d’avoir à payer (mais cela leur coûtera quand même un peu de temps, qui lui-même vaut de l’argent).
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Les retours payants, une meilleure nouvelle qu’il n’y paraît ?
Même si l’on peut regretter que cela complique la vie des personnes les plus reculées et/ou ayant des difficultés à se déplacer, celles-ci ont bien souvent l’habitude d’y réfléchir à deux fois avant de commander des vêtements. Cette tendance aux frais de retours payants risque en revanche de contribuer à ce que le reste du grand public ait une approche plus intentionnelle dans son shopping en ligne (ce qu’adoptent déjà les budgets modestes, généralement).
En effet, pour beaucoup de personnes, s’acheter des vêtements tient moins d’une nécessité occasionnelle, que d’un divertissement trop fréquent pour le bien de la planète et des petites mains qui les fabriquent dans des conditions souvent médiocres, voire délétères. Il arrive même pour les personnes acheteuses les plus compulsives de commander des choses pour se prendre en photo avec, avant de les renvoyer, afin de nourrir leur présence sur les réseaux sociaux. Même s’il s’agit d’une minorité, cela contribue à cultiver une culture du vêtement jetable, alors que l’on pourrait acheter moins, mais mieux, prendre soin de ce que l’on possède déjà pour que cela nous dure le plus longtemps possible, et voir cela comme un investissement.
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Seulement, on peut déjà redouter une autre dérive possible face aux retours payants : que les gens préfèrent se tourner vers des marques d’ultra fast fashion aux prix si bas que cela ne grèvera pas trop leur budget de ne pas renvoyer des vêtements qui ne leur conviendraient pas.
Par exemple, sur Shein France, les retours sont gratuits, mais les pièces coûtent si peu cher qu’il ne serait pas étonnant que peu de personnes se donnent la peine de renvoyer ce qui ne leur convient pas. À noter que pour ce genre de marque, il revient moins cher de détruire les articles retournés plutôt que de les reconditionner afin d’être remis en vente. Soit un triple désastre en terme d’empreinte carbone entre la production, la livraison et le retour de ces vêtements considérés comme jetables…
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