Le cancer de la peau fait partie des maladies dont on entend beaucoup parler. La Skin Cancer Fondation estime d’ailleurs que le nombre de nouveaux cas de mélanomes diagnostiqués va augmenter de près de 6% en 2021.
Et si le sujet est largement abordé, par le gouvernement ou dans les médias, il existe encore des difficultés de diagnostic, notamment sur les personnes noires… Mais quel est le problème exactement ? Eh bien, une étude de 2018, disponible dans le livre Social Science & Medecine, a révélé que seulement 4,5% des images disponibles dans les manuels dédiés à la profession montrent des peaux plus foncées.
Plus tôt, en 2011, une autre étude dans le livre Dermatologic health disparities a révélé que près de la moitié des étudiants en dermatologies estimaient que leur formation n’était pas adéquate pour diagnostiquer et traiter un mélanome sur peau noire.
Un constat que la dermatologue Dr. Natalie Moulton-Lévy, interrogée pour The Cut, a fait elle aussi de son côté :
« Dans la formation en dermatologie ou la formation en résidence, nous ne voyons tout simplement pas assez d’exemples de manuels sur la couleur de la peau. »
De son côté la dermatologue Jenna Lester, qui dirige la Skin of Color Clinique de l’Université de Californie, à San Francisco, s’est fait le même constat :
Je ne voyais pas très souvent de peau noire dans ces livres, sauf dans certaines circonstances, mais je me demandais si c’était simplement mon impression. Finalement, j’ai mené une étude formelle et j’ai découvert qu’environ 20% des photos générales présentaient une peau foncée.
Les peaux noires sont-elles moins susceptibles de développer un cancer de la peau pour autant ?
De nombreuses personnes pensent que les
peaux noires (ou foncées) ont moins de risques de developper des cancers de la peau que les personnes blanches. Mais est-ce vraiment le cas ? La réponse est bien moins tranchée qu’elle n’y paraît.
Selon le docteur Christian Derancourt, interviewé par Pourquoi Docteur :
« Les cancers cutanés sur peau blanche représentent environ 40% de l’ensemble des cancers alors que sur peau noire ils équivalent à environ 2%. »
En revanche, même s’ils sont moins nombreux, les cancers sur peaux noires à foncées sont soignés plus tardivement et peuvent donc être dangereux, comme l’explique la docteure Suzanne Oumou Niang de l’Institut du cancer du CHU Le Dantec, à Dakar (Sénégal) :
« Le mélanome sur peau noire est rare du fait de la photoprotection induite par la mélanine. En revanche, la sémiologie particulière des mélanomes sur peau noire retarde le diagnostic et aggrave le pronostic qui est d’emblée péjoratif.»
Pourquoi détecter le cancer est si difficile sur les peaux noires ?
En dehors du manque de représentation dans les manuels de médecine, les peaux noires à foncées (mais aussi les peaux asiatiques) sont plus susceptibles de developper des mélanomes acro-lentigineux.
Ces derniers se forment dans des endroits qui ne sont généralement pas exposés au soleil comme entre les doigts, sur la plante des pieds, dans la paume des mains, sous les ongles, etc. Alors forcément, ils sont plus difficiles à trouver. La solution selon le Docteur Lester ? L’auto-inspection :
« Il faut que les personnes à la peau foncée essaient de vérifier leur peau à la maison pour détecter les grains de beauté qui peuvent sembler différents. »
Alors oui, s’auto-inspecter sous tous les angles, ça peut aider, mais ça ne remplace pas un bon rendez-vous chez un dermatologue spécialisé. Aujourd’hui, de nombreux praticiens commencent à se consacrer aux peaux noires. Mais d’après le docteur Lester, ce n’est pas encore assez :
« Nous avons besoin d’une formation continue et d’une recherche continue afin que nous puissions vraiment analyser ce qui se passe et comprendre quels sont les risques, pour qui et pourquoi. »
Vous l’aurez compris, il y a encore du boulot…
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