Cette tribune a été initialement publiée sur la page Linkedin de Sophie Gourion et a rencontré un grand succès. Sophie Gourion a acceptée que nous la reprenions en intégralité.
Sophie Gourion est est une militante féministe, experte des sujets égalité femmes/hommes et autrice jeunesse : Les filles et les garçons peuvent le faire aussi (éditions Gründ).
« Le syndrome de l’imposteur n’existe pas ». Derrière cette phrase volontairement provocatrice, se cache une réalité plus nuancée.
Presque toutes les clientes que j’ai suivies en coaching ont raconté des expériences similaires :
- Le sentiment d’être la femme « quota » au sein d’un comité de direction largement masculin.
- L’obligation de fournir deux fois plus d’informations techniques en réunion que leurs homologues masculins pour être crédible.
- Un environnement toxique où se succèdent blagues sexistes, dévalorisation et minimisation du travail fourni.
Tout ça n’est pas juste dans leurs têtes. Comme le résume Michelle Obama :
« Les femmes se sont entendu dire pendant si longtemps qu’elles n’étaient pas à leur place dans une salle de classe, dans une salle de conférence, ou dans n’importe quel lieu où l’on prend de véritables décisions, que lorsque nous arrivons enfin à entrer dans la salle, nous avons toujours l’impression de ne pas mériter notre place à la table. Nous mettons en doute notre jugement, nos capacités, et les raisons qui nous ont conduites là où nous en sommes »
Michelle Obama
Une présomption d’incompétence
C’est la société tout entière qui fait planer autour des femmes une présomption d’incompétence :
- Les femmes scientifiques doivent produire 2,5 fois plus de recherches et de publications pour être considérées au même niveau que leurs homologues masculins.
- Les auditions à l’aveugle favorisent les musiciennes, augmentant leurs chances d’avancer dans le processus de recrutement de 50 % et d’être embauchées de 30 %. Un quart de l’augmentation de la féminisation des orchestres américains entre 1970 et 1996 est attribué à cette pratique.
- 57% des femmes ont été témoins de remises en cause des compétences des femmes à des postes managériaux, avec des remarques désobligeantes telles que « Elle a dû coucher pour arriver là ! » ou « Je ne vais pas faire ce qu’elle demande, c’est une femme ! ».
- Les recruteurs se montrent plus exigeants envers les femmes, privilégiant leurs diplômes et compétences linguistiques plutôt que leur motivation. Pour les hommes, c’est l’inverse : la motivation prime.
Ces femmes ne sont pas victimes du syndrome de l’imposteur, mais juste en minorité dans un environnement qui leur fait sentir qu’elles ne sont pas à leur place.
Les roles models et les mentors féminins pourraient jouer un rôle essentiel dans le sentiment de légitimité et de compétence des femmes. Plutôt que payer des coachs, les entreprises auraient tout intérêt à prendre conscience que le problème est bien plus systémique qu’individuel.
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