Développée par Roberto Aguirre-Sacasa (Riverdale, Les Nouvelles Aventures de Sabrina) et co-écrite avec Lindsay Calhoon Bring, Pretty Little Liars : Original Sin reprend le concept de la série originale (elle-même adaptée des romans Les Menteuses signée Sara Shepard) : cinq adolescentes sont persécutées par une mystérieuse personne qui se fait appeler « A ». Elles vont devoir se serrer les coudes et enquêter pour découvrir les motifs et le vrai visage de « A ». La série débute avec le retour d’Imogen (Bailee Madison) au lycée, une adolescente enceinte et endeuillée par la mort de sa mère. Isolée et devenue la cible de moqueries, elle forme de nouvelles amitiés avec plusieurs camarades, Tabitha, Faran, Minnie et Noa, qui vont l’empouvoirer.
La construction de ces liens amicaux (dans la série originale, la bande était déjà formée) entre ces jeunes femmes aux origines et orientations sexuelles diverses constitue l’un des points forts de la série. Les scénaristes ont eu la bonne idée de passer plus de temps à mettre en scène les bienfaits de la sororité plutôt que de se concentrer sur les rivalités féminines. On assiste à des scènes qui réchauffent le cœur, comme des câlins entre copines, un road trip sororal entre Imogen et Tabby aux vibes très Thelma et Louise, ou la libération de la parole sur leurs traumatismes dans ce cercle safe. A travers ses personnages racisés, plus nombreux que dans PLL, la série aborde des sujets spécifiques, comme le rapport des femmes noires à leurs cheveux, ou les différents visages que prennent le racisme en 2022, à travers les micro-agressions quotidiennes subies par Faran dans le milieu de la danse classique ; ou le programme scolaire blanc et masculin du prof de cinéma de Tabby, hermétique à toute discussion.
Harcèlement scolaire et violences patriarcales
On sent que les mouvements de société Me too et Black Lives Matter sont passés par là. Quand Pretty Little Liars (diffusée entre 2010 et 2017) se concentrait sur ses rebondissements soapesques, Original Sin propose une réflexion plus approfondie sur le harcèlement et la loi du silence. L’histoire des mères des héroïnes (des flashbacks de leurs années lycées reviennent sur le suicide d’Angela Waters, une élève harcelée) est habilement reliée à celle d’Imogen et sa bande. Le poids du secret et les traumatismes des mères retombent sur leurs filles. On mesure la dimension intemporelle et pernicieuse du harcèlement : les victimes d’hier peuvent devenir des harceleuses et vice versa. L’exploration des liens mères-filles, dans toute leur complexité, permet une forme de transmission et de réconciliation entre ces générations de femmes ayant parfois du mal à se comprendre.
PLL: Original Sin aborde plus frontalement que la série originale les violences faites aux femmes. On suit en particulier les parcours de reconstruction d’Imogen et Tabby, survivantes de viols. Peu confiantes en la police (on les comprend), les deux amies font appel à la sororité pour retrouver leur agresseur. Le fait qu’Imogen soit enceinte pose également des questions pertinentes à une époque où les Etats-Unis s’attaquent aux droits des femmes à disposer de leur corps.
Pretty Little Liars : Original Sin, une série façon slasher sororal
Ce reboot corrige également le tir d’une des plus vives critiques faite à l’originale : la relation amoureuse entre Arya et son professeur de littérature, Ezra, âgés respectivement de 15 ans et 22 ans dans le pilote de PLL. Dans Original Sin, Tabby (Chandler Kinney) fait face aux avances de Wes, son patron plus âgé dans le cinéma où elle travaille. Cette fois, il n’y aura pas de romantisation d’un détournement de mineur. Après plusieurs situations inconfortables où elle se sent pressurisée, Tabby remet Wes et son comportement toxique à sa place.
Aspirante réalisatrice, Tabby tourne un remake féministe de Psychose pour un projet scolaire, dans lequel elle inverse les genres des protagonistes. Norman Bates devient une tueuse, et la scène de la douche est tournée avec une victime masculine. La série décortique ainsi le male gaze des films d’horreur, où les personnages féminins sont dénudés et tués de toutes les façons possibles. Au contraire, dans Pretty Little Liars : Original Sin, qui appartient au genre du slasher, les cinq héroïnes sont traquées mais ne sont pas réduites à des victimes passives. Elles prennent leur destin en main, et quand elles se heurtent au système patriarcal, qui prend la forme d’un shérif corrompu, d’un proche agresseur ou de slut-shaming, elles font face ensemble à l’adversité et ripostent. « A » n’a qu’à bien se tenir : la série a été renouvelée pour une saison 2.
Crédit photo de Une : © AmazonPrime
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Les Commentaires
Je ne comptais pas regarder le remake parce que je n'ai plus spécialement le temps et que je ne suis pas fan des remakes en général ou de l'esthétique de Riverdale et compagnie mais je lui donnerais peut-être une chance un de ces quatre, même si j'ai toujours un peu peur que le côté plus actuel et aux faits des enjeux de société soit trop "américain woke de 2023" et devienne un peu cringe à regarder. ça a toujours été un travers de ce type de série pour ado, Glee était pénible dans ce genre-là avec des "thèmes" et des "problématiques" amenées de façon superficielle, un brin clichée ou surjouée, c'était déjà un peu agaçant étant ado, mais avec l'âge je trouve que ça devient vite difficile à regarder