On connaît tous la « Pick Me Girl ». Tantôt simplement épinglée, tantôt gentiment moquée, tantôt violemment critiquée sur les réseaux sociaux, elle n’a pas fini de faire parler et d’indigner les féministes ces derniers temps. Pour rappel : la Pick Me est une femme qui contribue activement à valider les stéréotypes de genre sur la gent féminine, préjudiciables pour ces dernières, en affirmant leur véracité, en les perpétuant, et en les dénigrant.
Dans le même temps, elle contribue à valoriser les normes qu’on prête à la gent masculine en les adoptant – ou du moins, en s’en rapprochant le plus possible – avec des comportements tels que faire des sports extrêmes, ne pas être obnubilé par son apparence extérieure, ne pas faire de “maquillage outrancier” ou encore, ne pas s’habiller dans des couleurs pastel douces et clichées. Son but ? Se faire accepter par le sexe opposé, en descendant sans vergogne ses consoeurs pour briller à côté. Fières d’être des alliées de leurs consoeurs, les féministes lui ont donc opposé la figure de la « Girl’s girl ». Mais il semblerait qu’elle puisse être aussi problématique que la première… Définition et implications.
Qu’est-ce qu’une « Girl’s girl » ?
Sur le papier, une Girl’s girl a tout pour faire avancer la cause des femmes sans jamais l’égratigner. En effet, la Girl’s girl est une femme qui a la volonté de soutenir et d’encourager les autres femmes, de respecter le « code des filles », et de considérer ses homologues comme des alliées plutôt que comme des rivales. Contrairement à la Pick Me girl, elle n’a pas besoin de dénigrer les autres pour se mettre en valeur.
Mais derrière cette définition idéaliste, généraliste et plutôt vague, les dérives sont nombreuses et elles se font parfois pernicieuses pour le féminisme…
Un motif pour harceler celles qui ne “rentrent pas dans le rang”
La première dérive de la Girl’s girl, c’est de critiquer et fustiger celles qui ne le sont pas : effectivement, la philosophie est souvent instrumentalisée par certains pour juger les femmes qui sortent du rang et ne respectent pas le code de la Girl’s girl. En ce sens, les célébrités féminines sont les premières à subir cette vague de haine lorsqu’elles adoptent des comportements soi-disant contraires à ceux d’une « alliée digne de ce nom ». Ariana Grande en fait d’ailleurs les frais : en raison des triangles amoureux dans lesquels elle est impliquée, elle se voit souvent étiquetée de « briseuse de ménage » par certaines personnes, qui se prétendent garantes de la mentalité Girl’s girl.
Sa dernière relation amoureuse et tout le bad buzz qu’elle a engendré peut d’ailleurs en témoigner ! Bref rappel du contexte : elle est aujourd’hui en couple avec l’acteur Ethan Slater, et aurait commencé à le fréquenter alors qu’il était encore marié… Bien évidemment, cela n’a pas manqué de déclencher les foudres de certaines Girls’ girl indignées. Parce que, vous comprenez, « par solidarité féminine, une vraie Girl’s girl n’aurait jamais fricoté avec un homme marié. » Est-il utile de préciser que l’acteur, qui lui était engagé et devait fidélité à son épouse, n’a pas été aussi violemment critiqué ?
Le problème majeur soulevé par la mentalité Girl’s girl, c’est donc que certaines personnes zélées en font une interprétation et une mise en application strictes, qui ne laissent plus aucun droit à l’erreur pour les femmes… Plutôt que de soutenir, libérer, émanciper la gent féminine, la philosophie Girl’s girl peut alors se muer en véritable outil de contrôle de leur comportement :
Une pression implicite à soutenir une femme même si l’on n’est pas d’accord avec elle
Enfin, un autre problème causé par la mentalité Girl’s girl, c’est que, effrayées à l’idée d’être de « mauvaises alliées », certaines filles et jeunes femmes pourraient ressentir une pression à soutenir les autres femmes quoi qu’il en arrive. Ainsi, même si elles ne sont pas en accord et/ou alignées avec le comportement, les paroles et/ou les valeurs prônées par une consoeur, elles pourraient se sentir pressurisées pour l’encourager quand même, afin de ne pas faillir à leur devoir de Girl’s girl. C’est en particulier les jeunes filles et adolescentes, très sensibles à l’opinion des autres et encore en pleine construction de leur identité, qui sont les plus susceptibles d’être concernées.
Cette pression peut aussi venir de la volonté de se faire accepter par ses pairs : en effet, comme mentionné plus tôt, nombreuses sont celles qui sont critiquées lorsqu’elles adoptent des comportements qui font d’elles de « mauvaises alliées » aux yeux des Girl’s girls… Alors, pourquoi s’infliger cet « ostracisme »quand on peut l’éviter ?
Une représentation stricte et unique de la « bonne féministe »
Des femmes discriminées si elles dévient un tantinet des valeurs prônées par la Girl’s girl ? Des consoeurs étiquetées de mauvaises alliées au féminisme si elles n’ont pas le comportement adapté ? Cela vous donne une idée d’un autre problème causé par la mentalité Girl’s girl… Si l’on pousse l’interprétation encore plus loin, il y aurait quelque part, des bons féminismes et des mauvais féminismes dans l’esprit des Girl’s girls zélées. Une hiérarchisation problématique du féminisme qui divise les militantes plus qu’elle ne les unit…
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Les Commentaires
Je suis bavarde désolée, d'ailleurs le seul truc que je retiens de l'opposition entre Girl's girl et Pick Me est que c'est plus facile d'être féministe Girl's girl quand on est lesbienne.
Pk je dis cette bêtise, les régles féministes sont sans doute plus faciles à appliquer si on ne cherche pas à plaire aux hommes ^^.
Souvent pour qu'un homme soit accessible il nous oblige de sortir de notre zone de confort Girl's girl pour aller faire la Pick me de base ^^ à moins de tomber sur une perle rare.
Bon je sais c'est un beau raccourci, j'aime bien enfoncer les portes ouvertes.