Elles veulent en finir avec la sexualisation constante de leur corps dans les compétitions sportives. Kim Bui, Pauline Schaefer, Sarah Voss et Elisabeth Seitz sont les quatre athlètes qui représentent l’Allemagne dans les Jeux olympiques de Tokyo. Et elles se sont fait remarquer en portant une autre tenue que le traditionnel justaucorps !
Elles ont en effet opté pour le unitard, une combinaison longue et bien plus couvrante, dans laquelle elles sont surtout bien plus à l’aise :
« On veut montrer que toutes les femmes, toutes les personnes, devrait décider de ce qu’elles portent. »
Choisir la tenue dans laquelle on sera le plus à l’aise
Ça n’a l’air de rien, mais le symbole est énorme. Quelques jours après l’amende de 1.500€ imposée à l’équipe norvégienne de beach handball qui avait osé joué un match en short et non en bikini, le geste des Allemandes sonne comme un signal fort en direction des instances sportives et de leur sexisme latent.
Ce qui est d’autant plus chouette, c’est que ces athlètes ont bien conscience que leur geste peut aider à faire bouger les lignes et qu’elles ont été soutenues par leur entourage sportif, comme l’explique :
« Nous, les filles, avons beaucoup de poids. Les entraîneurs étaient aussi à fond. On nous a dit qu’il fallait qu’on soit le plus à l’aise et dans la tenue qui nous donne le plus confiance en nous. Ça nous a juste fait nous sentir encore mieux. »
Elles ont par ailleurs reçu le soutien de la championne américaine Simone Biles. Si elle préfère conserver le traditionnel justaucorps — qui selon elle lui permet de paraître plus grande que son 1,42 mètre — cette dernière est totalement favorable à ce que chacune puisse décider de ce qu’elle porte pour être à son meilleur dans la compétition :
« Je soutiens leur décision, quelque soit ce qui leur plaît et ce qui les met le plus à l’aise. Qu’on veuille porter un unitard ou un justaucorps, le choix nous appartient. »
Heureusement, le choix de l’unitard – aussi porté dans différentes disciplines et sports acrobatiques – est autorisé dans les compétitions internationales et n’expose pas les gymnastes à une amende, comme cela a justement été le cas pour les handballeuses norvégiennes.
Pourquoi cela compte bien au-delà des Jeux olympiques
Imposer des tenues courtes pour que le public présent ou derrière l’écran n’en perde pas une miette, ce n’est pas nouveau, et les sportives tentent régulièrement de protester contre ces décisions qui se font souvent sans elles. Comme si surjouer une certaine idée de la féminité allait créer davantage d’engouement et de soutien que leur talent sur le terrain et leurs performances.
Gymnastique, mais aussi boxe, football… Dans son livre Joue-la comme Megan, la journaliste Assia Hamdi donne de nombreux exemples où les joueuses sont incitées voire forcées de jouer la carte de la féminité pour plaire au regard masculin.
Elle évoque notamment l’ancienne handballeuse française Léa Terzi qui protestait en 2013 contre l’obligation de la jupette pendant les matchs :
« Je trouve cela sexiste, cela nous rabaisse, nous les joueuses, à notre physique. Pendant un match, nous ne sommes pas là pour être sexy, belles ou jolies, mais pour mettre des claques à l’adversaire et gagner la rencontre. »
On exige des sportives de montrer un maximum de peau, et on les vilipende lorsqu’elles ne conforment pas aux attentes : souvenons-nous des réactions outrées quand Serena Williams avait fait son entrée sur le court avec sa combinaison intégrale Nike…
Comme le reste de la société, le sport n’échappe pas aux contradictions et surtout aux deux-poids-deux-mesures sexistes.
Pour l’Allemande Sarah Voss, le choix de participer aux Jeux olympiques en portant le unitard peut d’ailleurs avoir un impact au-delà des compétitions de haut niveau, notamment auprès des filles qui pratiquent très jeunes la gymnastique. Elle avait justement évoqué son expérience lors des Championnats d’Europe où elle avait déjà porté une combinaison longue :
« Quand j’étais petite fille, je ne voyais pas les tenues serrées et échancrées comme un souci. Mais quand la puberté a commencé, quand mes règles sont arrivées, j’ai commencé à me sentir incroyablement mal à l’aise. »
On espère que ce geste de l’équipe allemande est un nouveau pas en avant vers une remise en question des règles et des normes sexistes qui perdurent dans le sport, au niveau amateur comme aux Jeux olympiques.
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Crédit Photo : Martin Rulsch, CC BY-SA 4.0, via Wikimedia Commons
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