« Je pense qu’il faut arrêter de véhiculer cette image de l’immigration qui ne représente qu’une menace. L’immigration, c’est une richesse pour la France. Qui a fait fonctionner les hôpitaux, les maisons de retraite pendant le Covid ? Beaucoup d’immigrés. Qui sont les personnalités préférées des Français ? C’est Kylian Mbappé, c’est Yannick Noah, c’est Omar Sy. »
Malaise en direct
Cette sortie, Carole Delga s’en souviendra longtemps. Invitée mercredi 7 juin sur la matinale de Franceinfo, la présidente socialiste de la région Occitanie a été interrogée par les journalistes Salhia Brakhlia et Marc Fauvelle sur la future loi immigration préparée par le gouvernement.
Mais alors qu’elle voulait défendre la richesse qu’apporte la population immigrée à la France, Carole Delga s’est plantée dans les grandes largeurs, et s’est par la même occasion attirée (à juste titre) les foudres d’une partie de la gauche.
« Mais ce sont des Français, attention, il y a une différence », lui font alors remarquer les journalistes. « Oui, tout à fait, mais ils sont originaires d’autres pays, ce sont des fruits d’autres pays », poursuit la socialiste. Malaise.
Car comme le souligne immédiatement Salhia Brakhlia, Kylian Mbappé ou Yannick Noah sont tous les deux Français, nés en France, le premier en 1998 à Paris, le second à Sedan, dans les Ardennes, en 1960. Leurs mères aussi sont Françaises, comme l’ont d’ailleurs rappelé des internautes sur Twitter.
« Confondre couleur de peau et nationalité, ça ne ressemblerait pas à du racisme ? »
Sur les réseaux sociaux, les réactions à cette sortie plus que maladroite n’ont pas tardé. Pour Jean-Luc Mélenchon, la présidente de la région Occitanie « affiche ses préjugés sur la nationalité de Français d’après leur couleur de peau », ce qui relève d’une « consternante contamination par les clichés de l’extrême droite ».
« Confondre couleur de peau et nationalité, ça ne ressemblerait pas à du racisme ? », s’interroge quant à elle la députée EELV du Bas-Rhin Sandra Regol.
« Au bout de combien de générations Mme Delga nous autorise-t-elle, nous qui sommes noirs, à être considérés comme Français ? Lutter contre la stigmatisation, dit-elle !
Non merci, pour lutter, on se passera des biais racistes de ceux qui disent ‘j’ai un ami noir’ ou ‘j’aime Noah’ », juge sur Twitter la députée LFI Nadège Abomangoli.
« Des représentations qui font qu’être blanc est la référence et être racisé·e la différence. »
De son côté, la sénatrice écologiste des Français•es de l’étranger Mélanie Vogel s’est fendue d’un long thread Twitter, dans lequel elle n’excuse ni n’accable Carole Delga mais pose une question concernant toute personne non-racisée en France : quels sont nos biais racistes et comment nous en défaire ?
Carole Delga « ne cherche pas à stigmatiser, mais le fait malgré tout. Cela révèle donc qu’il y a là un impensé, un imaginaire qui est là, tapis, au fond, en dessous même des idées défendues – je ne conteste pas que Carole Delga porte des valeurs, un projet de lutte contre le racisme et les discriminations. Mais en deçà de ces valeurs, du projet politique, il existe des représentations du monde autour desquelles nous nous sommes construit·es quand on blanc. Des représentations qui font qu’être blanc est la référence et être racisé·e la différence. »
Face à l’avalanche de réactions qu’a suscité sa sortie, Carole Delga a fini par s’exprimer elle aussi. Sur Twitter, elle a assuré que l’immigration était « une richesse, une contribution au génie et aux succès de notre pays » et a dit « regretter s’est mal exprimée ».
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Les Commentaires
Mais concernant les réactions je trouve que celle de Mélanie Vogel est bien plus intéressante que les autres.
Un peu HS mais Mélanchon j'ai envie de lui dire que ces dernières déclarations sur les VSS prouvent une "consternante contamination" par les idées du patriarcat. Et la gauche mérite mieux.