?Fin d’octobre sous la pluie et la barre acceptable des températures tolérées par mon organisme frileux. J’organise tranquillement ma transition en résistant vaillamment face aux Pères Noël en chocolat qui ont déjà envahi l’espace marchand. C’est quoi cette tendance à vouloir tout précipiter ? Il me semble que bien avant l’ère des épicéas précocement dégarnis il y a une autre période festive toute bariolée d’orange et de noir.
Il existe des personnes qui se disent « fortement influencées par la culture américaine » parce que « tu comprends, toute la pop culture contemporaine vient de là ». Moi, je suis plutôt chauvine sur le sujet – c’est peut-être parce que je n’avais jamais bu un seul verre de Coca Cola avant mes dix-huit ans; je n’ai pas baigné dedans depuis toute petite, ça a dû préserver mon âme de l’hégémonie américaine.
Chez moi on célébrait plutôt la Toussaint en allant visiter nos morts au cimetière, c’était donc un peu moins amusant. Alors Halloween, je ne l’ai jamais vraiment fêté — je taperai le premier schtroumpf à lunettes qui viendra m’expliquer qu’Halloween est une fête d’origine celte et non pas américaine et je lui répondrai d’aller paraphraser des notices wikipédia ailleurs.
Pourtant j’ai toujours rêvé de vivre le mythe américain qui entoure Halloween, celui d’un lotissement où chaque maison serait décorée, où chaque famille aurait armé ses placards de bonbons indigestes. J’aurais adoré me déguiser en monstre et faire le tour du quartier avec des copains avant de rentrer à la maison pour m’empiffrer devant le cinquième visionnage de Hocus Pocus suivi d’une nuit d’horreurs cinématographiques.
Mais qu’est ce qui m’en a réellement empêché ?
Et bien, je suis une trouillarde. Voilà l’entière vérité. Lorsque j’étais gamine, je remontais mes draps au-dessus de ma tête au moment de me coucher pour qu’un vampire ne vienne pas me mordre. Je disposais des animaux en peluche tout autour de mon oreiller pour protéger ma cervelle d’une invasion de zombies.
Je sautais dans mon lit d’un bond léger et rapide, sans trop m’approcher du rebord (des fois qu’une créature m’attrape les pieds) et je m’allongeais sans faire remuer le matelas de crainte que les mouvements diurnes éveillent l’intrus assurément planqué sous le plumard.
Longtemps je me suis couchée de bonne heure mais c’est toujours tardivement que je m’endormais.
Je suis dans l’incapacité la plus formelle de regarder un film d’horreur, qu’il s’agisse de violence physique ou psychologique, l’ambiance inquiétante et le sang qui gicle me tétanisent pour plusieurs raisons :
- Pourquoi les personnages vont au devant du danger lorsqu’il y a matière à se faire arracher les entrailles ? C’est quoi cette attitude de bravitude exagérée exempte de tout bon sens ? Un mec te poursuit avec une hache et qu’est ce que tu fais ? Tu te barricades ?dans ton grenier sans moyen de t’échapper ou tu lui sautes dessus avec pour seule arme un rouleau à pâtisserie ? Ceci n’a AUCUN SENS.
- Un ami se fait mordre par un zombie et, alors que tu sais pertinemment qu’il va ensuite se transformer en zombie, tu décides de l’embarquer avec toi pour le mettre en sécurité – risquant par là-même ta propre sécurité. C’est quoi ce sentimentalisme niais ? Où est l’instinct de survie qui hurle en toi « à la guerre comme à la guerre, les femmes et les enfants d’abord mais moi avant eux » ?
- Est ce que tu partirais en vacances dans un état en pleine guerre civile ? Moi, bof non, ça me dirait pas trop, peut être parce que ça me semblerait un poil dangereux. Hé bien c’est la même raison qui me pousse à ne pas partir en week-end dans un chalet isolé au milieu des bois en plein mois de décembre. Shining évoque donc une grande incompréhension pour moi : comment une famille peut décider de s’enterrer dans un hôtel perdu au fond du Colorado sans se douter qu’un problème va forcément surgir ?
Si j’étais en situation de danger imminent, je serais un extrêmement mauvais personnage de film d’horreur. Déjà, j’ai pu remarquer que les acteurs se faisaient toujours surprendre par un monstre caché dans un recoin de leur maison. Moi, j’ai meublé tous les angles de mon trois pièces et j’ai collé mon canapé contre un mur afin que personne ne vienne m’égorger à mon insu (en plus, il paraît que c’est feng-shui)
Ensuite, je ne réponds jamais au téléphone, alors on peut bien essayer de me menacer de mort imminente en prenant une voix rauque effrayante, si je ne décroche pas lorsque ma mère m’appelle en pleine après-midi, je ne vais sûrement pas décrocher à 10h du soir pour un inconnu.
Troisièmement, je sais de source sûre qu’un psychopathe affamé de sang et de vengeance ne meurt jamais (du moins, pas dans les 90 minutes réglementaires). Mes chances de survie étant maigres je préfèrerais couper court en mettant au point un suicide rapide et efficace qui plomberait l’intrigue du film en moins de temps qu’il en faut pour achever le générique d’intro.
Dernier point : je ne côtoie pas d’enfants. Est-ce que j’ai vraiment besoin d’expliciter à quel point les enfants sont effrayants ? Surtout les enfants japonais, ceux-là, même pas je les regarde quand j’en croise un.
Et puis aussi, quel besoin a-t-on de chercher à se faire peur alors que le monde est déjà suffisamment inquiétant comme ça ? La Zombie Walk toulousaine organisée ce samedi 27 octobre ne sera jamais aussi terrifiante que le rassemblement d’Alliance Vita qui a eu lieu quelques jours plus tôt.
Les zombies lobotomisés ne sont pas forcément les plus déguisés, c’est là tout le macabre de cette perpétuelle foire aux monstres, alors Halloween, cette année, ce sera sans moi, j’ai pas besoin d’occasion particulière pour me faire des frayeurs.
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Les Commentaires
En temps normal, les enfants du quartier ne prennent même pas la peine de vous tenir la porte ou de vous saluer poliment. Un soir par an, ils sonnent chez vous, vous menacent de vous jeter un sort, ne disent ni "merci", ni "s'il vous plait" et s'attendent à être remerciés pour leur comportement! Et le pire, c'est qu'ils crient à l'injustice quand on refuse de leur donner des bonbons qu'ils n'ont pas mérités!
Mes parents m'ont bien élevée. Quand j'étais enfant, il fallait dire "s'il vous plait" pour demander un bonbon et ne jamais accepter quoi que ce soit de la part d'inconnus. Je sais que je passe sûrement pour une vieille grincheuse mais pour moi, cette "tradition" est limite, limite.