Le mariage comme célébration d’une belle relation
Le 16 juin 2018, j’aurais dû me marier. Plus d’un an plus tard, ça me fait drôle de me dire ça… et pourtant, je n’ai aucun regret. Pour t’expliquer pourquoi je le vis bien, laisse-moi t’emmener quelques temps en arrière.
Il y a quelques années, j’ai rencontré un mec dont je suis tombée profondément amoureuse. Notre relation, c’était une évidence. On se tirait vers le haut, on faisait de chouettes projets ensemble et on profitait d’une vie simple et confortable. J’avais déjà eu plusieurs relations avant lui et lui aussi. J’avais au fond de moi une certitude : les prochaines années seraient sûrement douces avec ce gars.
À l’époque, je n’imaginais pas que je ferais toute ma vie avec lui, je ne projetais pas de faire des enfants mais je m’étais dit : la vie est cool, notre relation est cool, et si on célébrait ça avec les personnes qui comptent le plus pour nous ?
Alors un soir et après des mois de réflexion, je l’ai demandé en mariage. Aidée par une pote qui a une chaîne YouTube, j’ai tourné une vidéo qui se terminait sur la fameuse question : veux-tu m’épouser ?
Pour qu’il la regarde avec moi, j’ai prétexté que je voulais son avis avant de la poster publiquement.
Signe #1 : sa réaction à ma demande en mariage
La réaction qu’il a eu à la fin de la vidéo n’a pas été celle que j’attendais. Alors qu’il était d’ordinaire si enthousiaste et excité à l’idée de vivre de nouvelles aventures, quand la question est arrivée, il n’a pas réagi. Il est resté bloqué pendant plusieurs secondes et il m’a demandé :
« Oh mais ! Attends, tu veux qu’on se marie ? Wow ! Mais, genre, on ferait une fête avec nos potes ? Et euh, quand ? Mais ça serait un gros mariage ? »
Ses questions – d’un rare pragmatisme pour le rêveur qu’il était – m’ont un peu perturbée, mais j’ai quand même demandé « Alors, t’en penses quoi ? » avant qu’il ne réponde, un peu sonné : « Oh ben ouais ! Ouais, OK ! ».
J’avais déjà tâté le terrain, avec des « si un jour on se marie ». J’ai compris plus tard que les « si » étaient les pires ennemis dans ma communication de couple. Que si je n’avais pas posé frontalement la question « est-ce qu’un jour, tu voudrais te marier (avec moi) ? », c’est sans doute parce que j’avais peur de la réponse. Et rien que ça, ça aurait dû être un signal d’alarme. Au fond de moi, je pense que si notre relation avait été plus solide, je n’aurais pas craint que la réponse à cette question puisse déboucher sur une rupture.
Signe #2 : l’esquive des questions essentielles
Les gens qui me fréquentent au quotidien le savent, je suis une véritable locomotive et une fois lancée, je suis presque inarrêtable.
Mais là a été ma deuxième erreur : j’aurais dû ralentir et poser les bonnes questions. Et non, ces questions ce n’était pas « est-ce qu’on invite mes cousins ? Tu crois que ton frère voudra bien animer la soirée ? Est-ce qu’on met du fromage au repas ? »
Ces questions, ça aurait dû être : « qu’est-ce que tu attends du mariage, toi ? Comment tu nous imagines, une fois mariés ? Est-ce que ça change quelque chose pour toi ? Où nous vois-tu dans 5 ans, 10 ans ? Comment as-tu envie de t’investir dans notre relation ? Qu’est-ce qui ne te plait pas dans notre relation ? Et surtout, est-ce améliorable ? »
Aujourd’hui, toutes ces interrogations me semblent d’une banalité confondante et pourtant, je les ai soigneusement évitées à l’époque.
J’en ai payé les conséquences et j’en ai tiré une multitude de leçons qui enrichissent aujourd’hui mes relations amoureuses. Mais quand j’y pense, wow, quel chemin. Personne ne m’a appris à poser ces questions, à aller confronter ce mal de bide d’appréhension qui est le signe d’une discussion profonde et difficile. Et le résultat, c’est que j’ai perdu un temps monstre à me faire des films dans ma tête parce que je ne savais pas bien communiquer.
Tu comprends maintenant, pourquoi le jeu « 50 Questions pour mieux pécho » me tient particulièrement à cœur ?
Signe #3 : son implication dans l’organisation du mariage
Quand je m’ennuyais, j’errais sur des forums en ligne de mariage. Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai lu des témoignages de futures mariées qui se demandaient comment faire pour que leur mec mette la main à la pâte.
« Dis, le gâteau tu le préfères au chocolat ou à la framboise ? Le traiteur a appelé, il demande si on met du Riesling ou du Sauvignon ? Est-ce que ta tante allergique au gluten peut manger du couscous ? »
Sans surprise, quand il s’agit de mariage, la charge mentale repose encore souvent sur les meufs.
Mais oui, tu sais, c’est parce qu’on a ce fameux gène de l’organisation ! Celui que les mecs n’ont pas, le même qui nous permet de voir les saletés dans l’appart !
Plus sérieusement, alors que j’étais consciente de cette tendance et alors que j’essayais de ne pas surinvestir ce projet, j’ai l’impression que je passais quand même bien plus de temps à y penser que mon ex. En prenant les devants sur beaucoup de choses, je ne lui ai pas laissé sa place et je sentais qu’il y allait à reculons et qu’il acceptait d’en discuter pour me faire plaisir.
Si j’avais suivi mes convictions et mes exigences, ça aurait dû me faire tiquer.
Unpopular opinion : annuler son mariage, ce n’est pas grave
En me lisant, tu dois me trouver bien détachée de tout ça. Et tu as raison, aujourd’hui, toute cette histoire est derrière moi et je ne regrette rien.
Mais honnêtement, les premiers mois, j’en ai chié et j’ai bien bien touché le fond.
Il a fallu annoncer à la centaine d’invités qui avaient déjà réservé leur week-end du 16 juin que le mariage n’aurait pas lieu. J’appréhendais leur réaction, mais c’est l’empathie qui a dominé : ils nous ont envoyé beaucoup d’amour et de courage. Voilà un des avantages d’avoir uniquement les gens qu’on a envie de voir à son mariage. Même à travers les épreuves, ils sont là et compatissent.
Annuler son mariage : les conséquences financières et émotionnelles
Côté traiteur et salle, nous avons eu la chance de tomber sur des gens trèèèès arrangeants et nous n’y avons pas laissé trop de plumes, même si l’argent perdu reste toujours en travers de la gorge… C’est un beau gâchis.
De mon côté, je venais de trouver la robe idéale et j’étais prête à l’acheter quand l’annulation a été décidée. J’ai eu la chance de ne quasiment rien y perdre financièrement, en partie parce qu’en bonne organisatrice d’événements, j’avais bien négocié le planning.
Finalement, le plus dur, ça n’a pas été d’annuler le mariage. J’ai appris à m’en battre les ovaires du regard des autres, de leur jugement, de leur pitié, de ce que la société juge « bien » / « pas bien ».
J’en avais rien à foutre qu’on dise qu’annuler son mariage « ça ne se fait pas », de la même façon que j’en avais rien à foutre des gens qui nous jugeaient parce qu’on ne voulait pas faire de plan de table ni imposer de dress code ou prendre le nom de l’un ou de l’autre.
Non, le plus dur, ça a été de faire le deuil de la relation que je fantasmais et de l’avenir que je projetais.
En annulant le mariage et en décidant quelques semaines plus tard de me séparer de mon ex qui n’était pas prêt à reconstruire notre relation, j’ai eu la sensation de repartir à zéro.
J’ai dû réapprendre à croire en mes instincts, j’ai dû travailler sur mes skills de communication et mes peurs et surtout j’ai dû réapprendre à avoir confiance en les autres.
Si je ne regrette rien, c’est parce que j’ai la certitude que tous ces signes n’étaient que de mauvais présages, des indicateurs que notre relation n’était pas viable sur le long terme. Et ce n’est pas grave, c’est juste… ainsi. C’était écrit.
Que projetons-nous dans le mariage ? LA question à se poser à 2 pour éviter d’annuler son mariage
C’est fou ce qu’on projette inconsciemment dans le mariage. Moi, j’y voyais un projet de couple, une célébration, une occasion de passer un super moment et une reconnaissance de cette chose impalpable qu’on appelle l’amour. Lui, je l’ai compris bien plus tard, il y a vu la fin de sa liberté et de son individualité.
Pourquoi a-t-il dit « oui » alors qu’il n’était pas sûr de lui ? Ça, j’ai mis du temps à le comprendre. Lui-même s’était perdu en chemin et était bien incapable de répondre à cette question et nous avons mis du temps à en rediscuter sereinement.
Avec le recul, je sais maintenant que ma demande en mariage a précipité une lente prise de conscience chez lui : en fait, il n’était pas heureux en couple. Ce n’est pas qu’il n’était pas heureux avec moi, simplement, il avait trop besoin de vivre pour lui, pas pour nous. Il a cru un temps qu’il pourrait nier ses aspirations profondes et continuer dans un modèle de couple exclusif.
Et puis, dire « non » à ma proposition en mariage, c’était mettre en péril tout son confort de vie et son quotidien, c’était devoir prendre des décisions et me faire du mal, ce qu’il ne souhaitait pas. Alors comme beaucoup de mecs un peu paumés… Il a suivi.
Je ne lui en veux plus et bientôt, je lui en serais reconnaissante. Sans ces erreurs, sans cette épreuve, je ne serais pas devenue celle que je suis fière d’être aujourd’hui. Émotionnellement, j’ai grandi et j’ai réussi à transformer ce petit cataclysme en une anecdote rigolote à raconter en déjeuner.
C’est peut-être la preuve que ce qui ne nous tue pas nous rend plus fortes.
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