Le phénomène Heartstopper est de retour sur Netflix ! On replonge dans un univers doux et inclusif, ce qui n’empêche pas la série ado queer d’aborder des sujets sensibles avec une grande justesse.
Adaptation fidèle du roman graphique éponyme par son autrice surdouée, Alice Oseman, Heartstopper avait fait fondre nos petits cœurs en 2022.
On y découvrait une galerie de personnages LGBTQI+ plus attachants les uns que les autres. Parmi eux, le timide Charlie Spring (Joe Locke) avait un coup de cœur pour Nick Nelson (Kit Connor), joueur populaire de l’équipe de rugby du lycée. Et tandis que le premier se dégageait d’une relation toxique, le deuxième vivait un éveil bisexuel. Avec son ton bienveillant, son esthétique pastel et sa mise en scène créative (les petits coeurs, feuilles d’automne ou éclairs qui viennent animer l’écran pour souligner les émotions des personnages), la première saison de Heartstopper avait conquis la critique, les fans de la première heure du travail d’Alice Oseman, et un nouveau public.
Mise en ligne le 3 août dernier, la saison 2 poursuit l’idylle entre Nick et Charlie, désormais en couple, et prend le temps d’approfondir ses personnages secondaires, comme Tao (William Gao) et Elle Argent (Yasmin Finney), deux meilleurs amis qui développent des sentiments romantiques ; mais aussi le couple lesbien formé par Darcy (Kizzy Edgell) et Tara (Corinna Brown), la première ayant du mal à exprimer ses émotions ; ou encore Isaac Anderson (Tobie Donovan), dévoreur de livres et fan favorite.
Coming-out bi, transidentité et asexualité
Cette deuxième saison creuse avec la même délicatesse et fluidité que la première des thématiques LGBTQI+ rarement abordées sur les écrans, comme la bisexualité masculine. Nick veut effectuer son coming-out auprès de tout son entourage et vivre son histoire d’amour avec Charlie au grand jour. La série rappelle que les personnes LGBTQI+ n’effectuent pas un coming-out mais plusieurs et que cela peut être très stressant et durer longtemps. Elle traite de la biphobie à laquelle fait face Nick. On lui somme de “choisir son camp”, d’assumer qu’il est gay… L’adolescent passe son temps à rectifier les propos de ses proches, ce qui donne lieu à la réplique “I am bisexual, actually” (“Je suis bi, en fait”), qui devient son mantra personnel. Ce fil narratif du coming-out fait écho avec celui de Kit Connor dans la vraie vie. L’acteur a effectué le sien sous la pression fin 2022, car il était accusé de queerbaiting par certains fans toxiques.
Cette réjouissante deuxième saison explore aussi l’épanouissement de Elle. Ado trans et racisée, elle possède une vie amoureuse (son histoire beaucoup trop chou avec Tao), sociale (elle développe de nouvelles amitiés dont une avec Naomi, une ado trans) et des aspirations artistiques. Cette représentation trans positive est saluée par les personnes concernées. Il y a aussi le calme Isaac, qui interroge son absence de désir après avoir rencontré un garçon qu’il apprécie, et commence à se renseigner sur l’asexualité.
À lire aussi : Cindy, 29 ans : « Être asexuelle est encore très mal perçu dans la société »
Le safe space de l’amitié
Cette saison 2 de Heartstopper consolide les liens amicaux entre Charlie, Nick, Elle, Tao, Darcy, Tara et Isaac. La bande partage des moments inoubliables lors d’un voyage scolaire dans un Paris de carte postale : visite du Sacré Coeur, baisers au Louvre, selfies sur La Tour Eiffel ou au Musée Montmartre… Ces ados là sont si cute et émerveillés par leur première escapade loin de chez eux que ces épisodes fonctionnent.
Le groupe amical partage aussi des moments plus durs. Ayant remarqué que Charlie mange très peu, Nick discute avec Tao de ses inquiétudes. Ce dernier l’encourage à avoir une discussion à cœur ouvert avec son petit-ami. Charlie explique finalement à Nick qu’il souffre de troubles alimentaires et d’une faible estime de lui-même. Si de nombreuses séries adolescentes ont évoqué le harcèlement scolaire, rares sont celles qui explorent ses conséquences psychologiques sur la victime. L’histoire fictive de Charlie, harcelé car homosexuel, résonne en France avec celle, bien réelle, du jeune Lucas, 13 ans, qui mit fin à ses jours après avoir subi un harcèlement homophobe à son collège.
De son côté, Tara (qui mériterait un peu plus de développement) tente de comprendre le comportement distant de Darcy. Elle peut compter sur le soutien de Nick, avant de comprendre que sa petite-amie vit avec une mère lesbophobe. C’est Elle qui résume le mieux la notion de safe space que représente un groupe d’ami·e·s soudé·e·s, particulièrement pour des personnes LGBTQI+. L’adolescente a peint un portrait où elle figure avec ses ami·e·s dans un café et l’a intitulé “Safe Space”. L’air de rien, ces sept personnages sont en train de se constituer leur famille choisie et on a qu’une envie, les protéger à tout prix. La série en elle-même est un safe space géant, où chacun·e peut exprimer ce qu’il ou elle ressent, sans peur d’être jugé·e.
Heartstopper n’est pas une série pour les grand·e·s cyniques. Douce, enveloppante, portée par une bande originale solaire composée par Adiescar Chase et par une playlist pop à base de Taylor Swift et Baby Queen, plutôt chaste (les scènes intimes toutes mimis restent à l’opposé d’un Euphoria), elle se fait le reflet de l’état émotionnel de ses jeunes personnages. Cette deuxième saison est une bulle de joie queer dans un monde qui en a bien besoin !
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires