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Culture

Pourquoi il faut lire (de toute urgence) La fin des monstres, de Tal Madesta

Alors que la transphobie se fait de plus en plus vocale et décomplexée, nous avons plus que jamais besoin de contre récits lumineux et puissants. La fin des monstres est de ceux-là. Chronique.

Avec La fin des monstres, le journaliste et militant Tal Madesta inaugure le projet éditorial de La Déferlante et poursuit le travail d’écriture « d’une trajectoire trans » amorcé dans les pages de la revue en 2022. De sa plume claire et puissante, Madesta se raconte, loin du récit-type de l’imaginaire collectif cissexiste.

Les neuf chapitres de ce court récit fragmenté abordent la transition, non pas comme un parcours balisé allant d’un point A à un point B, mais comme une expérience intime, unique et singulière, aux multiples facettes – où l’on s’oublie, doute, s’invente. Une expérience intime, mais aussi et surtout politique, la possibilité même d’effectuer une transition médicale et/ou administrative étant conditionnée par les institutions : « il est des lieux plus symboliques ou immatériels, qui ont pourtant un impact terrassant sur nos vies, comme l’Hémicycle ». 

La couverture du livre de Tal Madesta, La fin des monstres, par Léa Djeziri // Source : La couverture du livre de Tal Madesta, La fin des monstres, par Léa Djeziri
La couverture du livre de Tal Madesta, La fin des monstres, par Léa Djeziri // Source : La couverture du livre de Tal Madesta, La fin des monstres, par Léa Djeziri

À lire aussi : Tal Madesta, auteur de La fin des monstres : « La transphobie, c’est la véritable monstruosité »

La réalité d’être trans en France aujourd’hui

Sans jamais tomber dans le piège d’avoir à justifier ni son existence ni son humanité, Madesta montre la réalité d’être trans aujourd’hui en France : la violence des institutions qui humilient et déshumanisent ; la répression qui attend celles et ceux qui dévient des normes de genre – rejeté·es par leurs familles, traqué·es, harcelé·es, agressé·es dans l’espace public. Il y a des jours où Tal et Farrah, son amoureuse « qui comprend tout, puisqu’elle vit la même chose », préfèrent rester enfermé·es dans leurs « chambres-forteresses », derniers remparts contre un monde qui épuise et qui broie.

Alors il faut s’armer, se battre. Aimer aussi, thématique chère au cœur de l’auteur, qui avait exploré les amours non normatifs dans son premier livre (Désirer à tout prix, Binge Audio Éditions, 2022) et qui met ici en lumière « la valeur de l’amour simple » : celui d’une grand-mère qui le soutiendra sans faillir, celui des ami·es qui seront là à chaque injection – lui qui a tant peur des aiguilles. 

La condition trans s’incarne d’abord dans les réalités matérielles des personnes concernées

C’est dans l’inversion du stigmate, annoncée dès les premières pages, que réside la force politique du récit. Refusant de camper le rôle du monstre que de toutes parts on lui assigne, Madesta montre qui sont les monstres véritables : « eux qui nous méprisent, nous humilient, nous frappent […] eux qui nous refusent la dignité qu’on porte chevillée au corps ». Ne s’embarrassant pas de théorisations abstraites, il rappelle que la condition trans s’incarne d’abord et avant tout dans les réalités matérielles des personnes concernées, qui n’aspirent à rien d’autre que « à la paix, à la dignité, à la tranquillité, au sommeil, à l’amour, à la justice ».

Tal Madesta nous offre ici un contre-récit plein de rage et de tendresse qui manquait à la littérature trans.

À lire de toute urgence.

La fin des monstres, récit d’une trajectoire trans, La Déferlante Éditions, 106 pages, 15 euros.


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